Filiale de Comores Telecom, l’opérateur comorien de téléphonie, Huri Money a justifié ces licenciements par les problèmes de trésorerie qui frappe l’entreprise, dont la masse salariale avoisinait déjà les 22.363 euros pour un effectif de 64 agents.
Après les employés des aéroports des Comores (ADC), vient le tour des agents de Huri Money de se voir notifier leurs licenciements. Si les premiers attendent d’un moment à un autre la confirmation de la décision de radiation, ceux de la société nationale de paiements mobiles n’ont malheureusement pas eu d’échappatoire. En tout, près d’une trentaine d’employés ont été remerciés par la nouvelle direction de la filiale de Comores Telecom, soit la moitié du personnel. Dirigée depuis juillet dernier par Simoh Souef, fils de l’ancien ministre des Télécommunications, Kamalidini Souef, la société a lancé pour la première fois son service de paiement par smartphone en juillet 2021. Trois ans plus tard, elle se retrouve coincée dans des difficultés au point de devoir se séparer d’une partie de ses effectifs. C’est du moins ce qu’avance l’équipe qui dirige actuellement la boîte, laquelle avait bénéficié au départ d’un fonds d’épargne de 300 millions de francs, soit 609.900 euros, versés par la maison mère. Aux Comores, le secteur de paiements mobiles est disputé par Mvola et Huri Money, deux filiales de Telma Comores et par Comores Telecom, les seules entreprises de téléphonie opérant au sein de l’Union. A ce jour, la santé financière semble préoccupante chez la deuxième, dont la masse salariale de ses 64 agents avoisinait les onze millions de francs (22.363 euros). Pour redresser l’entreprise, seule une trentaine d’emplois été gardée. Les autres, dont la plupart étaient en fait en affectation, devraient retourner à Comores Telecom.
Des indemnisations
Mais avant de les licencier, la nouvelle direction assure avoir pris toutes les mesures nécessaires en termes d’indemnisations, conformément aux textes en vigueur, disent-ils. A en croire le directeur commercial, Souef El-Haidar, ces vagues de licenciements étaient un passage obligé dans la mesure où l’entreprise croule sous les dettes. « Depuis sa création, la société accumule les dettes, dont près de 400 millions de francs de Comores Telecom. Il y a également celles des autres prestataires. Pendant que les recrutements parfois pour des raisons politiques continuaient à croître, sans que le besoin ne fasse pas sentir », a déploré le directeur commercial. Il est reproché à l’ancienne équipe dirigeante de s’être adonnée aussi à des dépenses excessives, notamment dans l’achat de matériel roulant, de mobiliers entres autres. Certains véhicules ont dû être revendus pour renflouer les caisses. Même les loyers des locaux sont jugés trop coûteux. La direction a également changé de siège social pour des raisons économiques.
En dépit des arguments avancés pour justifier ces radiations, les dirigeants de Huri Money assurent vouloir mettre l’entreprise sur les rails, le tout en favorisant les compétences. « On a remarqué qu’il n’y avait pas le même traitement salarial entre les employés. Certains étaient payés gracieusement que d’autres alors qu’ils accomplissaient presque le même travail. Nous voulons lutter contre cela. Notre vision est de donner la chance à ceux qui le méritent. Avoir les bras longs ne sera pas un critère de recrutement », a promis le directeur commercial. D’après la direction, même la productivité est en baisse. L’on a en effet appris ce mardi, qu’entre 2023 et 2024, l’activité de l’entreprise a décru de 33%.
Comptant sur un vaste réseau de concessionnaires éparpillés sur le territoire, la filiale de Telma Comores a pu s’emparer d’une grande partie du marché en nouant des partenariats avec par exemple des agences de transfert d’argent à l’instar d’Orange Money ou Ria. Des solutions très prisées par la diaspora comorienne qui envoie chaque mois des devises aux proches restés dans le pays. Au niveau du pays, peu de gens optent pour le paiement par téléphone une fois au marché ou au restaurant. La recharge d’électricité, de crédit téléphonique et le dépôt de cash restent en revanche les principaux services sollicités par les utilisateurs.
Faut-il attendre un décollage du côté de Huri Money avec l’arrivée de nouveaux dirigeants qui se disent ambitieux ? Seul l’avenir nous le dira. En tout cas, le gouvernement aurait approuvé la politique de licenciements déjà rodée dans d’autres sociétés publiques.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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