Excepté, la télévision nationale, aucun média n’a été autorisé à franchir le portail du palais présidentiel. Le service de communication du secrétariat général du gouvernement se chargeait de fournir les images à la presse, une méthode qui n’a pas pour autant suffi pour cacher la gravité des blessures du président.
C’était un moment très attendu. Presque une semaine après son agression au couteau, le président comorien est apparu finalement, hier, jeudi. Une sortie qui a été contrôlée au millimètre près par la présidence des Comores, qui n’avait montré aucune image d’Azali Assoumani, depuis l’annonce de l’attaque dont il a été victime, le vendredi 13 septembre. Avant de se rendre au palais présidentiel, vers 11h, le service de communication s’est rendu à son domicile pour prendre quelques images qui sont transmises par la suite à certains médias, quelques minutes plus tard. Une courte vidéo de moins de trente secondes, le montre également sur le perron de Beit-Salam, en train de saluer les membres de son gouvernement. S’il avait l’air en forme en marchant, l’ex-putschiste de 65 ans, avait presque la moitié de la partie gauche du front couverte par un grand pansement qui renforce l’idée selon laquelle sa blessure est grave. Sa main droite était couverte de pansement pour cacher les plaies, causées par les coups de couteaux. Dans les images fournies par les autorités, on y voit Azali Assoumani assis dans son bureau. Selon la porte-parole du gouvernement, Fatima Ahamada, le chef de l’État a présidé le conseil des ministres du jour. Cette traditionnelle rencontre hebdomadaire réunit tous les mercredis les membres du gouvernement. Elle avait été ajournée jusqu’à ce jour. Un choix murement réfléchi, soutenait, avant-hier une source gouvernementale alors que ce report est venu alimenter les spéculations sur l’état de santé du locataire de Beit-Salam. En tout cas malgré la publication de ces photos, en vue de calmer probablement l’opinion, aucun média n’a vu le président, qui n’a pas fait non plus la moindre déclaration publique. Dans un point de presse qu’elle a tenu, à l’issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement a reconnu implicitement que l’absence d’Azali Assoumani dans les évènements de ces derniers jours était liée à son agression.
Interrogations et arrestations d’opposant
La ministre de l’information a relevé que le président de l’Union des Comores ne faisait que suivre les recommandations médicales. Le médecin l’aurait demandé de rester à l’écart de tout vacarme. A propos des motifs qui ont poussé le jeune gendarme, Ahmed Abdou à attaquer le chef de l’État Comorien, le gouvernement dit attendre la fin des investigations annoncées par le chef du parquet de Moroni, Ali Mohamed Djounaid. Toutefois, la présidence a fait une révélation. Elle affirme que l’assaillant, inhumé samedi, après sa mort suspecte, était un fumeur de « drogue », sans préciser de quelles substances prenait-il. On rappelle qu’au lendemain de l’acte, certains habitants de son village natal, assuraient que le militaire recruté en 2022, n’était pas stable psychologiquement. Mais il est difficile pour l’heure de confirmer cela. Surtout que l’auteur de l’attaque a rejoint le ciel. Les circonstances de son décès elles aussi sont sujettes à des interrogations. Et le silence radio du côté de la justice, n’arrange rien, au contraire elle favorise la prolifération des spéculations. Certains vont jusqu’à mettre sur la table des soupçons de tortures sans avancer des preuves tangibles. Toutefois, les récentes arrestations du père et du frère du jeune agresseur interrogent même s’ils ont été relâchés le même jour. Mardi, un autre membre de la famille qui a pris part au lavage mortuaire de l’agresseur avait passé des longues heures à la gendarmerie. Pour l’instant, les raisons de ces interpellations en cascade n’ont jamais été communiquées. Ce qui n’empêche pas de pousser de nombreux Comoriens, notamment des politiciens de l’opposition à exiger des explications sur la mort en cellule du gendarme qui a attaqué Azali dans des funérailles à Salimani Itsandra. Ce qui ne plait visiblement pas aux autorités, du moins c’est ce qu’estiment des opposants après l’arrestation depuis mercredi, de Mihidhoir Sagaf, ancien candidat à l’élection des gouverneurs au niveau de la Grande Comore. Jusqu’à hier jeudi, 17h, ses compagnons de lutte n’avaient pas pu le voir. Ils pensent que sa convocation fait suite à la publication le 17 septembre, sur son mur Facebook, d’un appel à un rassemblement pacifique pour la paix au vu des évènements de ces derniers jours. » Face à la situation désastreuse que traverse notre cher pays, le collectif des candidats des gouverneurs de l’opposition des trois îles lance un appel à la mobilisation générale contre le régime totalitaire et sanguinaire d’Azali et de sa famille. Organisons ensemble dès à présent des manifestations pacifiques dans toutes les îles des Comores pour exprimer notre mécontentement et notre désir de changement« , a écrit, le coordonnateur du collectif, Mihidhoir. Notons que depuis 2018, les manifestations politiques sont interdites systématiquement. Personne n’ose descendre dans la rue. Dans un communiqué publié ce 19 septembre, Idi Boina, candidat au gouvernorat de la Grande Comore, lors des récentes élections, a appelé au nom des autres candidats à la libération de sans condition Mihidhoir Sagaf.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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