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Régis Novou (à gauche) et son frère Julien Novou, aimeraient que le Département de Mayotte soit actionnaire dans le capital social souhaité à 25 millions d'euros.

Pendant que le voyageur mahorais grogne contre le coût des billets davion vers la métropole et La Réunion, le Département de Mayotte avance sur l’ouverture de sa desserte aérienne. Le projet Zena Arlines, porté par Régis et Julien Novou, tient la corde avec une promesse de la collectivité d’intégrer le capital social. Explications avec Régis Novou dans le dernier numéro de Mayotte Hebdo sur le transport aérien à Mayotte.   

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La société Zena Airlines a signé un partenariat stratégique avec Airbus consulting en juillet.

Flash Infos : Où en êtes-vous actuellement avec le projet aérien Zena ?

Régis Novou : Beaucoup de choses sont en train de se passer, invisibles pour beaucoup de personnes parce que nous ne communiquons pas dessus, nous avons besoin de calme pour travailler. Comme vous l’avez su, le 19 juillet dernier, nous avons officialisé notre partenariat avec Airbus Consulting qui va nous accompagner dans le cadre de la campagne de certification pour obtenir le certificat de transport aérien. Ils vont nous aider aussi dans de nombreux domaines pour structurer notre entreprise et recruter du personnel, autant navigant que des cadres. Airbus Consulting va également nous permettre de promouvoir la marque Zena, en d’autres mots la marque Mayotte, et c’est pour cette raison que nous souhaitons travailler main dans la main avec le conseil départemental. Airbus va également nous aider à chercher des avions, c’est en cours, à les configurer, la quantité de sièges dans les cabines économiques, cabines business, quels sièges etc… Actuellement, le plus gros du travail porte sur la consolidation du business plan que nous avons dressé avec mon frère Julien.

F.I. : Combien de destinations envisagez-vous de mettre en place au démarrage ?

R.N. : Nous avons, de mémoire, identifié six destinations possibles et pertinentes au départ de Mayotte, alors qu’Airbus Consulting a analysé quasiment 150 destinations que nous sommes en train de diminuer au fur et à mesure que nous mesurons la pertinence des informations. Là, nous sommes sur une short liste de dix destinations et au fur et à mesure que nous avançons nous consolidons notre business plan d’origine. Nous avons terminé l’analyse très pointu du marché de l’aérien à Mayotte pour que nous soyons en mesure de donner beaucoup d’informations d’ici fin octobre/début novembre 2024. Je peux vous dire qu’il y a beaucoup de fantasmes sur le marché de l’aérien à Mayotte, parce qu’on est Mahorais, parce qu’on voit qu’il y a un intérêt à desservir cette destination malgré les difficultés opérationnelles. Et là, on va parler de chiffres pour voir la réalité exacte, la capacité de développement et de déploiement de Mayotte, au départ comme à destination. Ce sont des éléments que nous prenons en compte pour vérifier le dimensionnement de la compagnie. Nous sommes partis sur des types d’avions et nous sommes en train de remettre tout cela à plat, vérifier en fonction des données qui ont été actualisées aux chiffres de 2023 que le type d’avions que nous souhaitons est bien le bon. Et si ce n’est pas le cas, quel avion on développe ? Je me rends à Paris la semaine prochaine pour continuer de compiler ces données-là et aussi de décider fermement quel sera le modèle d’entreprise, le modèle commercial de Zena.

F.I. :  Vous ne laviez pas encore ?

R.N. : On l’a déjà, mais maintenant, on va pouvoir mettre des chiffres qui seront consolidés par Airbus Consulting. A priori, les nôtres étaient bons mais ils sont allés plus loin, ils vont chercher des partenariats sur les destinations, des partenariats avec les offices de tourisme, etc…. Ils vont très loin dans leur méthodologie. Parallèlement à cela, ils vont retenir un responsable désigné pour la campagne de certification. Il faut compter environ six mois pour une campagne de certification, en incluant les échanges avec l’aviation civile pour être certifié. Nous avons mis en place une méthodologie en place qui va nous permettre d’aller plus vite. De cette manière, on pourra aller plus vite sur le CTA, parce qu’on ne va pas simplement rédiger nos manuels et assurer leur navette. Pendant qu’ils seront en cours de rédaction, l’aviation civile pourra avoir accès à nos fichiers et pourra en temps réel faire ses remarques afin que nous puissions les corriger pour être en conformité avec la réglementation, afin que nos opérations se fassent dans des conditions optimales.

F.I. : Le conseil départemental de Mayotte vous a reproché, il y a quelque temps, de ne pas disposer de Kbis. Avez-vous réussi à résoudre ce problème ?

R.N. : À l’époque, nous n’avions pas compris pourquoi il nous parlait de Kbis parce que nous en avions un depuis le 11 novembre 2022, date de naissance de la compagnie Zena. Nous avions compris qu’il y avait visiblement besoin de dialogue direct avec le Département et non pas par média interposé. C’est désormais le cas, d’ailleurs le président Ben Issa Ousseni a rédigé un courrier d’intention en avril dernier nous octroyant une subvention de 500.000 euros dans le cadre de la campagne de certification. Nous le remercions fortement pour ce courrier officiel qui fixe les critères d’obtention de cette subvention. Nous sommes en train de travailler sur ces conditions que nous pensons pouvoir réunir d’ici la fin du mois d’octobre prochain. Outre cet accompagnement, nous ne cachons pas notre désir d’avoir le conseil départemental de Mayotte dans notre actionnariat pour la phase d’exploitation. Je rappelle que nous avions un capital social qui fait 25 millions d’euros.

F.I. : Cette question se pose-t-elle encore devant le ras-le-bol exprimé par les Mahorais sur le coût des billets davion ? 

R.N. : Je perçois une réelle volonté du Département de s’emparer du problème du désenclavement aérien de Mayotte et aussi de la cherté des prix des billets d’avion. Comme un peu tout le monde, j’ai lu par voie de presse sa mésaventure avec Ewa Air. J’ai également vu que Zena n’était pas le seul projet sur la table, il y a un autre projet régional qui est toujours valable. De notre côté, nous avons une vision différente des choses dans le sens où nous sommes persuadés que pour faire avancer notre territoire nous avons non seulement besoin de nous déployer sur la région mais aussi sur la métropole qui est en ce moment le plus gros marché au départ de Mayotte. Je suis convaincu qu’il faut éviter d’être en flux tendu sur la métropole, il faut offrir de la capacité, offrir des possibilités aux gens de pouvoir voyager quand ils en ont la possibilité et à condition que les tarifs soient raisonnables. Telle est notre vision. Nous y travaillons et selon nous la meilleure manière pour le département de s’impliquer pour impacter la desserte aérienne de l’île serait de rentrer dans l’actionnariat d’une compagnie. Évidemment, je prêche pour ma paroisse, parce que nous avons un projet qui s’inscrit dans la région, mais également qui va s’inclure dans la métropole. Nous avons compris que c’est le souhait des Mahorais. C’est le message que nous recevons sur Facebook, que nous entendons dans la rue et durant les manifestations publiques. Il est vrai que la meilleure manière de peser sur une compagnie aérienne est d’en devenir actionnaire. Notre souhait n’est pas simplement de parvenir à cela, nous souhaitons qu’il pèse sur l’actionnariat pour être garant des intérêts de Mayotte au long terme dans l’entreprise.

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans le dossier Mayotte Hebdo numéro 1103 : Piste longue, nouvel aéroport, billets chers, ça urge !   

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