Naid : « je reste l’artiste simple auquel les jeunes peuvent s’identifier »

Avec « Halo licoli », Naid a signé en janvier 2024 un titre engagé contre les caillassages de bus à Mayotte. En cette semaine de rentrée scolaire, le jeune artiste mahorais revient sur le succès de son tube. 

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« On ne peut jamais prédire ce qui va marcher ou ce qui ne peut ne pas marcher », considère le jeune artiste.

Flash Infos : Comment as-tu imaginé ce titre ? 

Naid : C’est une collaboration entre moi et le réseau Hal’O (N.D.L.R. le réseau de transport scolaire géré par Transdev). Ils m’ont contacté pour imaginer ce titre. Il cherchait un artiste pour composer une musique de « médiation ». Il avait sélectionné plusieurs artistes. Après une petite audition, ils ont décidé de me choisir. Ils ont jugé que j’étais la personne la plus en contact avec des jeunes. Je faisais beaucoup de lives TikTok, j’échange beaucoup avec eux sur mes réseaux. Je pense que c’est pour cette raison qu’ils m’ont sélectionné.

F.I. : Qu’est-ce qui t’a convaincu de le faire ? 

Naid : Transdev m’avait parlé d’un titre 100 % dédié aux jeunes, avec un message qui prône la paix. Pas pour dénoncer, mais pour remédier aux caillassages des bus qui se passent partout sur l’île. En tant que jeune artiste et moi-même étudiant à l’époque, j’ai pensé que ça pouvait être un bon projet pour moi. Tous les ans, j’ai l’habitude de faire un son de médiation, par exemple contre le Sida ou la prévention contre l’alcool ou encore les maladies sexuellement transmissibles. Chaque année, je prends l’initiative de faire un son de ce genre. J’ai accepté, car c’est une démarche que je faisais déjà de mon côté.

F.I. : Aujourd’hui, le clip « Halo licoli » s’élève à plus d’un million de vues, es-tu surpris ? 

Naid : Je n’ai pas forcément été surpris. À chaque fois que je sors un clip, il y a un minimum de six mois de promotion. Je suis artiste, mais j’ai aussi fait des études de communication. J’ai aussi une boîte dans ce domaine. Dans le cadre de la sortie du clip, j’ai fait le tour de huit villages à Mayotte. J’allais dans chacun avec le bus Hal’O pour le partager. J’ai aussi lancé un challenge TikTok, partagé par 5.000 personnes. J’ai fait des conférences de presse, des apparitions à la télévision, donc les résultats ne m’ont pas surpris tant que ça. On a travaillé pour obtenir ces résultats.

 

F.I. : Quelle expérience gardes-tu de la fabrication de ce clip ? 

Naid : Celle d’avoir fait une musique de médiation des plus écoutées sur l’île. Alors qu’on sait tous que les gens ne sont pas forcément attirés par les slogans comme « ne pas caillasser » ou « valider sa carte de bus » ou encore « le vivre ensemble ». Ce ne sont pas des thématiques qui parlent à tout le monde en termes de musique. Voir qu’une musique de médiation passe en boîte, en radio, dans des soirées ou dans des événements comme l’élection des miss, ça me fait plaisir. Je voulais une musique de médiation qui parle à tous. Personnellement, je suis fier d’avoir relevé ce défi.

 

F.I. :  Justement, ton titre a réussi à être diffusé en boîte de nuit, comment peux-tu l’expliquer ? 

Naid : Honnêtement, je ne pourrais pas l’expliquer. On ne peut jamais prédire ce qui va marcher ou ce qui ne peut ne pas marcher. Mais dans toutes mes musiques, j’essaye de vendre un concept. Je ne vends pas une musique, je ne vends pas un clip, je ne me vends pas. Le concept de cette musique réside dans l’amapiano, tout le monde en écoute aujourd’hui. C’est le concept de « Chtru ya bon », cette phrase qui peut être reprise dans n’importe quel contexte avec ta famille ou avec ta copine. C’est ce qui, à mon sens, a rendu la musique universelle, tout le monde se retrouve là-dessus finalement.

F.I. : De quelle manière le public mahorais te perçoit désormais ?

Naid : Il n’y a pas grand-chose qui a changé. Je suis toujours perçu comme un artiste montant. Un artiste un peu ghetto (rire) de l’île, je ne rentre pas dans les codes d’un artiste parfait. Toujours bien encadre, sapé, etc. Je serais le même, si tu me croises dehors ou en soirée. Cette image me va très bien, je n’ai pas envie de la changer. Avant de faire de la musique, je n’étais pas du tout artiste. J’ai commencé il y a quatre ans, je faisais des vidéos humoristiques. L’une a marché en faisant un freestyle. J’ai continué en faisant de la musique. Mais l’image de Naid ne changera pas. Je reste l’artiste simple auquel les jeunes peuvent s’identifier.

Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.

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