Le projet de liaisons maritimes se veut de plus en plus concret au conseil départemental de Mayotte. Ce vendredi 26 juillet, était organisée une réunion publique sur le sujet à la Maison des jeunes et de la culture de M’gombani à Mamoudzou afin de donner le détail du projet. Il vise la création de deux lignes maritimes pour relier Mamoudzou à Iloni au sud et à Longoni au nord. Pour donner son avis, une consultation publique est disponible en ligne jusqu’au 28 août.
Le constat
A l’approche de Mamoudzou, le réseau routier est saturé avec 11.000 véhicules par jour qui rejoignent le chef-lieu, dont environ 60 % viennent du sud de Grande-Terre et 40 % du nord. Par ailleurs, les heures de pointe sont devenues de plus en plus étendues allant de 5 h 30 à 9 h 30 puis de 15 h 30 à 18 h. Pour pallier ces embouteillages interminables, le Département de Mayotte, en tant qu’entité organisatrice des mobilités, engage la mise en place de deux lignes de transport maritime. Comme la commune d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), elle souhaite relier Mamoudzou depuis Iloni, dans la commune de Dembéni, et mais également développer une ligne depuis Longoni au nord (voir encadré). « Une enquête menée par la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) a montré que 60 % des personnes qui utilisent leur voiture sont enclines à changer de mode de transport », souligne Rémi Chauveinc, directeur des opérations chez Suez Consulting, l’une des entreprises conceptrices du projet.
L’objectif
Le but visé est de désengorger la ville de Mamoudzou, de réduire le temps de trajet et de sortir du système « tout voiture ». Ce mode de transport sera plus vertueux d’un point de vue environnemental. « Prendre la navette maritime sera plus durable, plutôt que de rester pendant deux heures à l’arrêt avec le moteur allumé », indique le cadre de Suez. Il vise également à dynamiser l’activité économique autour de la mer. « Au total, nous aurons besoin de cinquante personnes uniquement pour le personnel naviguant. Par ailleurs, l’entretien des bateaux ne sera plus assuré à Maurice mais à Mayotte », détaille-t-il.
Les navettes
Pour relier Iloni à Mamoudzou et Longoni à Mamoudzou, des navettes d’une capacité de douze à vingt places assureront la liaison toutes les quinze minutes en heure de pointe et toutes les trente minutes le reste du temps. Une navette d’une capacité de cinquante places circulera aussi. Ces liaisons seront assurées du lundi au samedi de 8h à 20 h. L’objectif ? Transporter 5.000 personnes par jour. « Ces bateaux seront des navettes, pas des barges, elles ne transporteront pas de véhicules mais uniquement des passagers-piétons », précise Rémi Chauveinc. Leur coût s’alignera à celui des tarifs réglementaires des taxis.
Les pôles d’échanges
Au-delà des liaisons maritimes, ce projet s’appuie sur la création de pôles d’échanges multimodaux à Mamoudzou, à Longoni et Iloni. Le dernier prévoira des arrêts de bus en connexion avec le réseau Caribus, des arrêts de taxis, des garages et arceaux à vélos, des stationnements pour deux roues, une file dépose minute et un parking relais de cinquante places. « Un nombre de places de parking réduit pour inciter les usagers à venir en transport en commun », décrit l’employé de Suez. Est aussi prévue une nouvelle voie permettant le bouclage de la rue de la plage vers la RN3. Elle sera mise en sens unique offrant des trottoirs et une piste cyclable sécurisés. Un ponton sur pieux long de 215m sera construit permettant aux navettes d’accoster par toutes marées, il sera équipé de dispositifs écologiques adaptés au contexte lagonnaire.
Une DSP
La création des deux lignes maritimes a été actée par le conseil départemental en 2017. Aujourd’hui, les études de maîtrise d’œuvre sont avancées. Le projet a été conçu par le groupement Suez Consulting, l’agence d’urbanisme Uni Vert Durable et le cabinet d’architecture JVO3. Les dossiers environnementaux sont en cours d’instruction. Ils vont nécessiter du temps car un diagnostic approfondi des milieux terrestres, maritimes et aérien sera réalisé. L’impact des infrastructures et de l’exploitation des lignes sur l’environnement sera également analysé. Actuellement, l’enjeu majeur identifié est la mégafaune marine. Des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts résiduels doivent donc être définies. Après ces études, les entreprises seront consultées à partir d’avril 2025. Ce projet sera mis en place via une délégation de service public (DSP). Les travaux commenceront au plus tôt début 2026, et la mise en service est annoncée pour la fin d’année 2026. Le budget global est de trente millions d’euros.
Outre les réunions publiques qui ont eu lieu jusqu’à dimanche, le Département a mis en ligne un site dédié au recueil des avis. La consultation est accessible jusqu’au 28 août sur le site consultation.mayotte.fr
Et les lignes d’Hamaha ou Petite-Terre ?
C’est l’inconvénient d’une compétence transport partagée par les collectivités d’un même territoire. Il est parfois compliqué de tirer dans le même sens. La liaison Iloni-Mamoudzou par exemple, la commune d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) a aussi un projet de navettes maritimes annoncée pour « mars 2025 ». Elle se servira du futur ponton d’Iloni en s’appuyant sur les études…du conseil départemental. A cela, s’ajoutera une autre ligne depuis Hamaha, afin d’éviter de passer par Kawéni. Rachadi Saindou, l’ex-président de la collectivité, n’avait pas exclu non plus d’autres liaisons vers Longoni ou Nyambadao grâce à des partenariats avec les intercommunalités voisines.
Autre projet pour diminuer le nombre de camions circulant dans Kawéni, le même Département souhaitait développer une ligne maritime entre Longoni et Petite-Terre en utilisant les vieux amphidromes. Un test avait même été initialement annoncé en septembre 2022. Mais comme d’autres projets de la collectivité départementale, celui-ci est resté à quai.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.