« Grâce à cet emploi, je peux faire manger ma famille »

Depuis mai 2023, l’association Mlezi Maore emploie des personnes sur le parc agricole de Kawéni pour, à terme, les insérer professionnellement. Ce dispositif permet aux bénéficiaires, souvent d’origine étrangère, de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. À l’issue du contrat d’insertion, l’objectif est qu’ils rejoignent la formation ou métier de leurs souhaits.

Dans les collines sur les hauteurs du village de Kawéni, dans la commune de Mamoudzou, une équipe s’active dans le parc agricole, situé proche des cases en tôles. “Aujourd’hui, on installe des bambous pour retenir l’eau et limiter l’érosion”, explique Ahamadi Saïd, aide encadrant sur le parc agricole de Kawéni. Dans les parterres de la parcelle sont cultivés des légumes : salades, aubergines, piments etc. Ce lundi 22 juillet, six salariés y travaillent, ils sont en insertion professionnelle, embauchés par l’association Mlezi Maore.

Ils cultivent des terres acquises par la mairie de Mamoudzou en 2020 à l’entreprise Cananga. “Après un appel d’offres, la municipalité a mis à disposition une partie des 12 hectares de surface aux associations Mlezi Maore et Nayma pour une durée de 20 ans”, rembobine Moussa Ahamat, coordinateur du projet du parc agricole pour l’association.

Treize personnes en insertion

Depuis mai 2023, l’organisme y emploie treize personnes en insertion pour une durée de quatre à vingt-quatre mois. “Les salariés travaillent vingt-six heures par semaine. Ici sont enseignés les codes du travail. Trois jours sont réservés au travail dans le parc agricole, un autre est consacré aux démarches de recherche d’emploi, déposer des CV par exemple, et enfin un autre est dédié à la formation dans le domaine qui les intéresse ”, décrit Camille Charlet, encadrant technique d’insertion qui forme les bénéficiaires à l’agriculture. Le programme est uniquement destiné aux habitants de Kawéni.

Ces derniers sont essentiellement des immigrés, tous en possession d’un titre de séjour. “Avec ce document à renouveler chaque année, la plupart enchaîne donc les petits boulots, il est difficile de trouver un emploi stable”, observe l’encadrant technique d’insertion. Pour trouver un travail, une partie des bénéficiaires sont confrontés à la barrière de la langue et pour une partie à l’analphabétisme.

Sitti Salim, 37 ans, est accompagnée par le programme depuis un an. Auparavant, elle passait l’essentiel de son temps à la maison à s’occuper de ses trois enfants. Comorienne, il lui était compliqué d’être embauchée. “J’ai beaucoup galéré mais aujourd’hui, je me lève tous les matins pour travailler ici et ça me fait plaisir”, se réjouit-elle. “Mon but est de devenir animatrice Bafa, l’association m’a accompagnée pour réfléchir à mon projet professionnel”. Elle est reconnaissante envers Mlezi Maore qui lui a donné confiance en elle. “Cette formation professionnelle nous montre que nous aussi on a le droit de s’insérer dans la société”. L’habitante de Kawéni se sent “chanceuse” de participer à ce dispositif.

“Le début d’une nouvelle vie”

Pour Toiyiline Tarmidhi Madi, Comorien de 33 ans, ce contrat d’insertion est aussi une chance, à l’issue de l’accompagnement avec Mlezi Maore, lui qui affectionne “le travail de la terre”, espère être embauché à Mayotte Pépinière. Son expérience actuelle est selon lui “le début d’une nouvelle vie. Grâce à cet emploi, je peux payer l’électricité, le loyer et faire manger ma famille” se satisfait-il.

Ahamadi Saïd, 46 ans, actuellement aide encadrant aspire à devenir encadrant technique au sein de Mlezi Maore. Son emploi actuel est sécurisant pour lui. “Jusqu’à là, j’étais employé qu’avec des petits contrats, si mon titre de séjour mettait un peu de temps à être renouvelé, j’étais licencié”, raconte-t-il. Pour cette raison, il a été licencié au moment du Covid-19.

Un programme qui vise aussi à développer la production du parc

En plus de favoriser l’insertion professionnelle, ce projet autour du parc agricole à des visées environnementales. “Les deux objectifs principaux sont la lutte contre l’érosion et la restauration de la fertilité des sols pour développer le caractère productif du site”, indique Camille Charlet, encadrant technique d’insertion en charge du parc agricole à Mlezi Maore. Pendant des années, ces parcelles étaient cultivées en monoculture de manioc ou de banane; des cultures qui ont appauvri le sol.

En parallèle du volet agriculture, sur le site du parc, l’association Nayma accompagne 21 salariés en insertion spécialisés dans le ramassage de déchets. Dans le parc, 55 tonnes de déchets ont été ramassées depuis le début du 2023.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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