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François-Xavier Bieuville estime que le bilan de Mayotte Place nette est "positif".

Ce mardi 16 juillet, le préfet a tenu une conférence de sécurité, en présence des élus mahorais, pour leur faire le compte-rendu de lopération Mayotte Place nette qui sest officiellement achevée le 8 juillet. Malgré quelques objectifs qui ne sont pas atteints, François-Xavier Bieuville estime que le bilan est positif.

Depuis son arrivée, il y a cinq mois, François-Xavier Bieuville fait régulièrement le point avec les élus mahorais. La fin de Mayotte Place nette était donc le moment parfait pour tenir cette troisième conférence de sécurité. Pour rappel, l’opération a duré deux mois et demi, et elle avait au départ trois objectifs : interpeller des chefs de bande, lutter contre l’immigration clandestine, décaser les habitats informels et insalubres. Au fil du temps, un quatrième axe s’est ajouté à la liste, et c’est celui de la lutte contre l’économie informelle.

100 chefs de bande interpellés

C’est l’une des fiertés du préfet de Mayotte. Le nombre d’interpellation des chefs de bande a dépassé l’objectif fixé initialement par le gouvernement. « Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et la ministre déléguée des Outre-mer, nous avaient assigné comme résultat 60 interpellations de chefs de bande. En réalité, nous en avons réalisé 100. Ils sont tous en prison », clame fièrement François-Xavier Bieuville. Les contrôles ont été intensifiés en zone de police et de gendarmerie afin de « renforcer ce sentiment que le territoire est tenu. »

3 500 reconduites à la frontière

C’était l’un des points faibles de l’opération Wuambushu en 2023. Les reconduites aux frontières n’ont pas pu être effectuées comme prévu, car le président Azali Assoumani refusait d’accueillir ses ressortissants. Mayotte Place nette n’a pas eu ce problème. En deux mois et demi, les autorités de l’État ont reconduit à la frontière, « 3.500 personnes qui navaient pas de titre leur permettant d’être sur le territoire national en toute légalité. La majeure partie dentre elles a été reconduite vers les Comores puisquelles sont originaires de là-bas », précise le délégué du gouvernement. Cependant, l’arrivée de migrants venus de l’Afrique des Grands Lacs a créé une nouvelle filière. Il est plus difficile pour eux d’être renvoyés, mais il y a un début à tout. « Nous avons initié des reconduites avec le Congo Kinshasa. Cinquante personnes sont reparties vers ce pays, avec laide des autorités congolaises », indique l’occupant de la Case Rocher. Il cherche désormais à étendre ce dispositif avec le Burundi, la Tanzanie, le Rwanda et la Somalie.

650 décasages

D’emblée, François-Xavier Bieuville est honnête en indiquant que l’objectif des décasages n’est pas atteint. « On nous avait assigné 1.300, c’était sans doute trop ambitieux », reconnaît-il. Ce sont finalement près de 650 cases en tôle qui ont été démolies durant la période Mayotte Place nette, à Doujani, Sada, Vahibé, Dzoumogné, et la Petite-Terre. Cela étant, le préfet ne perd pas espoir, il est convaincu que les 1.300 seront atteints d’ici la fin de l’année avec les prochaines opérations de démolition. « À la rentrée en septembre, nous allons commencer avec les démolitions de Mavadzani à Koungou. Ce sont 474 cases, et cela va nous permettre de réaliser un gros tiers pour atteindre lobjectif qui a été assigné au début de Place nette. » À cela, s’ajouteront d’autres opérations qui seront réalisées avant la fin de l’année. Le représentant du gouvernement explique que l’objectif n’a pas été rempli, car ils se sont heurtés à de nombreuses difficultés. « Avant un décasage, nous sommes obligés de faire une enquête sociale, et nous devons proposer des logements. Mais certains nacceptent pas le relogement et ça rend lopération compliquée », explique-t-il. De plus, toujours selon lui, « il manquait 5 millions deuros sur lensemble de lopération Place nette. Nous les avons obtenus il y a très peu de temps. » Ce manque n’a pas permis aux autorités de l’État de proposer des logements d’urgence à ceux qui pouvaient en bénéficier. Enfin, le préfet n’a pas souhaité effectuer la grosse opération de Mavadzani, car il ne disposait pas des forces de l’ordre lui permettant de la sécuriser.

L’économie informelle

Cet axe n’était initialement pas prévu dans le programme de Mayotte Place nette, mais le travail des différents acteurs a permis quelques interpellations. « Nous avons par exemple saisi 4 tonnes de poissons pêchés dans des conditions illégales et pas acceptable d’un point de vue sanitaire. On a aussi saisi des kwassa, des moteurs, des filets, et on a fait une opération pour détruire une usine de kwassa qui se trouvait dans une mangrove à Mayotte », détaille François-Xavier Bieuville. Dans le domaine agricole, il y a également eu des contrôles, notamment en ce qui concerne les plantations illégales, et l’utilisation de produits phytosanitaires dangereux pour la santé publique et interdits dans l’Union européenne. Et enfin, la circulation d’argent liquide au départ de Mayotte vers des pays étrangers, a aussi été scrutée. La douane a intercepté « des flux importants et les personnes qui détenaient cet argent n’étaient pas capables de nous dire doù ça venait », indique le préfet.

Un bilan « positif » à améliorer

Le délégué du gouvernement n’a pas caché sa fierté lors de la conférence de sécurité. « Ce sont des résultats globalement positifs parce que nous avons fait plus avec moins de moyens », martèle-t-il. Il est cependant conscient qu’il reste encore beaucoup à faire. « On a encore beaucoup de travail, et je ne cesserai pas tant qu’on a n’aura pas le sentiment d’avoir rétabli une sécurité au profit de nos compatriotes… Moi, je ferai du Wuambushu tous les jours ! » C’est ce qu’attendent les élus mahorais qui étaient présents à cette rencontre. La députée Anchya Bamana demande l’installation « d’un bateau de la marine nationale pour refouler les kwassas afin qu’ils n’arrivent plus à Mayotte… Ce bateau existe au large de La Réunion, une île qui ne connaît pas une immigration aussi massive que Mayotte. » Quant à Chamssia Mohamed, l’adjointe au maire de Dzaoudzi-Labattoir, elle demande « la création d’une maison d’arrêt et d’une maison de redressement pour les mineurs délinquants. » Pour l’heure, nul ne peut garantir si ces propositions seront retenues par le prochain gouvernement.