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La Cour régionale des comptes rapporte « un contrôle interne insuffisant » de Mlezi Maoré qui a pu conduire à des dérives.

La Chambre régionale des comptes a rendu public vendredi 12 juillet son rapport dobservations sur lassociation Mlezi Maoré. Il souligne notamment un « contrôle interne insuffisant » qui a pu provoquer des dérives, telles que le détournement de fonds public dun de ses directeurs.

Quel est le problème avec la gouvernance ?

Le rapport décrit « une gouvernance complexe dans laquelle le partage des responsabilités et des pouvoirs manque de clarté ». Selon les situations, l’association peut être représentée par sa présidente, le président du directoire ou le membre du directoire nommé sur la jeunesse. Il arrive qu’elle soit représentée par son directeur général sans délégation de pouvoir assortie. « La multitude de représentants de l’association à divers titres complexifie la lisibilité des délégations de pouvoirs qui lient les membres de l’association », estime la Chambre. Pour Hugues Makengo, le directeur général de Mlezi Maoré, « c’est tout à fait légal ». Il reconnaît cependant que ce n’est pas un schéma que la CRC a l’habitude de voir. La démission de la présidente Fahoullia Mohamadi, il y a un mois est justement une conséquence de la situation décrite. Elle s’estimait trop souvent écartée de la vie de l’association, alors qu’elle demandait un meilleur accès aux comptes.

Quelles ont été les dérives constatées ?

Il y en a une seule qui a particulièrement jeté l’opprobre sur l’association. C’est la condamnation en janvier 2023 d’un de ses directeurs de pôles pour détournements de fonds publics. À l’époque, les cartes bancaires dans les services n’étaient pas nominatives, c’est ainsi que l’usage d’une carte bleue à des fins personnelles a été relevé en 2022. Des fonds ont été détournés pour un montant total « estimé à plus de 160 000 €, dont 26 000 € d’usage frauduleux en lien avec une carte bleue », souligne le rapport. Le détournement s’est étalé sur près d’une année. Des achats frauduleux ont été effectués par carte bleue, certains d’un montant supérieur à 500 €. Le fraudeur a aussi validé des factures de travaux sans autorisation préalable pour un montant de 50 000 €. Il a loué deux véhicules à des fins personnelles dont l’un des deux « pendant près de six mois avant que service des moyens généraux ne s’en aperçoive ». La CRC évoque le manque de contrôle interne pour expliquer cette histoire, mais ne fait pas état de cas similaire.

Comment les astreintes sont devenues trop fréquentes ?

Un passage revient sur le problème des astreintes qui sont devenues au fur et à mesure trop récurrentes et dont la rémunération a été multipliée par cinq entre 2018 et 2022. Elles pouvaient servir, par exemple, lorsqu’un cambriolage se déroulait un week-end dans l’une des structures de l’association. Les astreintes rémunérées à certains salariés « dépassent le maximum légal autorisé », indique la Chambre. Entre 2018 et 2022, deux cadres administratifs ont perçu à ce titre des sommes très significatives, respectivement 38 300 € et 20 100 €. « Aucun ne relève de l’accord de branche », poursuit le rapport.

Pendant la période d’astreinte, le salarié a l’obligation de demeurer à son domicile ou à proximité afin d’être en mesure d’intervenir pour effectuer un travail au service de l’association ou de l’établissement. Le CSE de Mlezi Maoré relève que certains salariés sont hors du département à ces moments-là, « en déplacement à Paris ou à La Réunion. » Il affirme également qu’il leur arrive de ne pas répondre au téléphone. Par ailleurs, la Chambre a constaté que des salariés sont en congé ou en formation hors département pendant celles-ci. Le directeur reconnaît ces éléments et déclare que les choses ont changé. Désormais, seuls les cadres peuvent faire des astreintes.

Est également pointé du doigt l’avantage en nature du logement de fonction de l’ancien directeur général. À compter de novembre 2021, un loyer lui a été payé jusqu’à son départ huit mois et demi plus tard. Le montant versé est de 3.500 euros par mois, soit 29.750 euros pour la durée totale d’occupation. En contrepartie, le salarié n’a eu aucune retenue au titre d’un avantage en nature. En réponse à la Chambre, Mlezi Maore a évalué, en décembre 2023, à 11.440 euros la retenue forfaitaire à effectuer au titre de cet avantage pour l’ensemble de la période.

À quelles difficultés de recrutement Mlezi est soumise ?

C’est un problème que l’on retrouve dans de nombreux domaines sur le territoire, il y a un déficit d’attractivité. Il est encore plus criant dans le social et dans la santé, les deux filières dans lesquelles Mlezi Maoré intervient. Ce qui amène le rapport à affirmer que « les effectifs de Mlezi Maoré sont incomplets et constamment en tension. » Selon les données de mai 2023, il manque 77 équivalents temps plein, soit 15 % des effectifs. C’est dans le domaine socio-éducatif puis paramédical que les besoins sont les plus importants. L’association recrute 17 éducateurs spécialisés, 15 psychologues, 10 psychomotriciens et 9 orthophonistes.