La préfecture a procédé, ce mercredi 10 juillet, à un démantèlement aux abords du stade de Cavani à Mamoudzou. 130 personnes ont aussi été « mises à l’abri » dans des centres d’accueil temporaires. Parmi les migrants forcés de rester, c’est le désespoir qui domine à l’idée de rester vivre dans des conditions misérables.
Deux jours après les protestations d’habitants de Cavani contre les campements de migrants aux abords du stade à Mamoudzou, la préfecture a lancé, ce mercredi 10 juillet, vers 6 heures du matin, une opération pour les démanteler. Peut-on y voir une réaction à la colère des résidents ? « Non, c’était prévu de longue date », répond Aurélien Diouf, directeur du cabinet du préfet sur place ce mercredi.
La préfecture en coopération avec le conseil départemental de Mamoudzou et les services de la Ville de Mamoudzou a procédé ce mercredi matin, boulevard Marcel-Henry, à une « opération de nettoyage pour des questions de salubrité publique », souligne le représentant du préfet. Des agents du service propreté de la Ville étaient appelés à nettoyer la rue, jeter une partie des affaires en « laissant néanmoins leur matelas pour qu’ils aient de quoi dormir », précise Frédéric Sautron, sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine.
800 mises à l’abri au total
En parallèle, 130 personnes du camp ont été « mises à l’abri » pour ce mercredi, annonce Aurélien Diouf. Elles ont été amenées dans des centres d’accueil temporaires pour « examiner leur statut administratif ». L’objectif ? Savoir si elles obtiennent le statut de réfugié ou si elles sont renvoyées à la frontière. Ce sont essentiellement des Somaliens qui ont été évacués, ce matin-là. « Nous avions mis à l’abri des personnes de plusieurs nationalités mais pas encore de Somaliens », affirme Frédéric Sautron pour expliquer ce choix. Au total, depuis l’arrivée des migrants au stade de Cavani, 800 personnes ont été mises à l’abri alors que le stade a réuni jusqu’à 1.500 migrants.
Pour ceux qui n’ont pas été amenés ce mercredi matin, leur survie va continuer aux abords du stade de Cavani. « Nous ne disposons pas d’assez de logements pour héberger toutes ces personnes », indique le directeur de cabinet.
« Nous sommes des cadavres ambulants »
Parmi les personnes restées à Cavani, certains laissent éclater leur désespoir. « S’il y avait la guerre en Europe, vous aussi vous ne resteriez pas dans votre pays. Considérez-nous, parce que nous n’avons pas le choix », supplie un homme qui s’adresse à un policier. D’autres sont résignés, après plusieurs mois ici et n’ont plus d’attentes, « nous sommes des cadavres ambulants », lâche Saturnin.
Prosper, Burundais présent à Mayotte depuis un an et quartier mois, malgré un titre de séjour, « ne parvient pas à être hébergé. Quand je vais à la mairie, on ne m’offre pas de solutions », se désespère-t-il. Aurélien Diouf estime qu’il y a des situations hétérogènes entre les migrants du stade. « Certains sont hébergés, douchés, ils ont des vêtements propres, mais ils continuent à venir au stade de Cavani », critique-t-il, au sujet de candidats intéressés par un départ vers la métropole comme a pu le faire l’État précédemment.
L’opération s’est déroulée dans le calme, seul un homme a été blessé par du gaz lacrymogène dans les yeux.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.