« Nous sommes des habitants excédés par l’État qui ne fait rien »

Alors que depuis le mois de mars et le démantèlement du campement du stade de Cavani, à Mamoudzou, plusieurs migrants vivent aux abords de l’infrastructure, à même le sol, le Collectif citoyen du quartier de Cavani ne supporte plus le manque d’action de l’État. Des habitants ont décidé de se mobiliser, ce lundi, et comptent saisir la justice.

Des barrières affublées de slogans bloquaient une partie du rond-point du stade de Cavani, ce lundi matin, vers 9h. Une quinzaine d’habitants du village, regroupés à l’appel du Collectif citoyen du quartier de Cavani, ont décidé de se mobiliser pour demander que quelque chose soit fait concernant le campement de migrants aux abords du stade, en place depuis le 22 mars et la fin du démantèlement de celui qui se trouvait dans l’enceinte du complexe sportif. Une partie des occupants a pu rejoindre la métropole, les plus vulnérables ont été pris en charge, mais il reste plusieurs centaines de personnes originaires de l’Afrique des Grands lacs ou de la Corne de l’Afrique sur les trottoirs du boulevard Marcel-Henry. Ce même lundi, les membres du collectif ont fait paraître un communiqué dénonçant ce camp et la réponse insatisfaisante de l’Élysée quant à une pétition qu’ils lui avaient fait parvenir par l’intermédiaire du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, le 16 mai dernier.

Consulté, le courrier daté du 30 mai, adressé au maire de la commune, ressemble davantage à un accusé de réception qu’à une réelle réponse. Sur huit lignes, le directeur de cabinet du président de la République explique avoir bien lu la lettre et « à cet égard, je puis vous indiquer que la situation est suivie avec la plus grande attention par les services de l’État ». Hassani Kambi, qui habite le village depuis toujours, dénonce une réponse insatisfaisante : « Nous sommes des habitants excédés par l’État qui ne fait rien, alors que notre cadre de vie se détériore de jour en jour. » Vers 10h, ce dernier et sa dizaine de comparses ont levé les barrières installées plus tôt dans la matinée avant de s’installer devant la Mission locale, un peu plus haut. « On veut rappeler qu’on est là, que cette situation ne doit pas être définitive, nous voulions alerter en mettant nos barrières. La réponse de l’Élysée ne nous a pas plu : on nous dit que le dossier est suivi, alors que rien ne change », justifie-t-il. « On veut juste que les migrants partent de Cavani, qu’ils soient répartis à Mayotte, mais plus ici. »

Bientôt une action en justice

Plusieurs habitantes présentes sous la tonnelle installée par le collectif s’inquiètent de ne pas avoir de lieu pour vendre leurs produits lors de la foire de la rentrée. C’est en effet sur le parking à proximité du stade que les foires se déroulent habituellement. La dernière foire du ramadan s’était d’ailleurs tenue de façon mitoyenne au campement. « 

Tous les jours, on voit des immondices à droite à gauche. Comment peut-on accepter que l’État accepte cette situation ? », martèle Hassani Kambi, également président du club de foot du village, l’Union sportive de Kavani.

Puisque leur courrier n’a pas reçu la réponse attendue, ce dernier nous confirme l’action juridique annoncée dans leur communiqué : le collectif entend bien faire réagir l’État en intentant une action juridique en responsabilité administrative contre ce dernier. « On attend d’organiser une collecte dans le village pour pouvoir engager un avocat », précise le porte-voix du collectif.

En attendant que la situation change, il faut s’attendre à d’autres actions de mobilisation citoyenne, à l’image de celle du 6 mai, où des habitants de Cavani avaient décidé de bloquer le bureau des étrangers, à la préfecture de Mayotte. Du côté de ceux qui campent sur le trottoir du stade, cette mobilisation est perçue par plusieurs comme une provocation : « On n’a pas d’eau potable, on reste sans informations sur où on va aller et ce qu’on va devenir ».

FI-Blocage-collectif-Cavani-Communique.pdf

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Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

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