Ce jeudi 27 juin, s’est tenue la journée portes ouvertes à la Maison du projet de Kawéni pour mieux faire connaître aux habitants le projet de renouvellement urbain. Des travaux qui visent à désenclaver le village et offrir plus d’opportunités pour les jeunes alors que cette zone connaît un taux de chômage très élevé.
Dans la Maison du projet de Kawéni, Iboune, 15 ans, regarde, fasciné, les maquettes du futur stade et du parc. « Ce projet, c’est bien, ici, nous n’avons pas assez d’endroits pour pouvoir jouer tranquillement », estime-t-il, avant d’avouer avoir peur qu’une fois finie, l’infrastructure soit « dégradée ».
Enfants, ados, mères se bousculent, ce jeudi 27 juin, à la journée portes ouvertes de la Maison du projet pour observer les images de synthèse des futurs aménagements du nouveau programme de renouvellement urbain (NPRU) de Kawéni, dans la commune de Mamoudzou. L’objectif ? Permettre à chacun d’en apprendre plus sur l’évolution du village et questionner les intervenants.
« Un village vu comme dangereux »
La prochaine étape du renouvellement urbain, c’est le début des travaux de la Maison du projet à partir de juillet 2024. Ce bâtiment est l’outil central de la construction du NPRU : il est le lieu où se coordonnent les acteurs autour du projet urbain mais vise également à favoriser le dialogue avec les différents usagers. Pendant les travaux, la structure va se déplacer à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Kawéni. « Ces derniers temps, nous avons remarqué une petite méfiance à l’égard de la structure et une baisse de fréquentation, des gens n’osent pas venir se renseigner, nous avons donc organisé cette journée », explique Faimina Halidi, responsable de la structure. Trente-cinq associations, partenaires du programme, ont répondu présentes.
Parmi les partenaires, se trouvait le Comité des jeunes de Kawéni, créé il y a un mois. Composé de 26 jeunes issus de cette partie de Mamoudzou, il se réunit pour proposer des projets pour la jeunesse du quartier. « Il y a peu de possibilités pour faire du sport ici, l’une de nos idées est de développer les activités dans le village », cite Anaïs Harun, 17 ans. Les membres sont très motivés pour changer l’image de Kawéni : « Ici c’est vu comme un village dangereux, mais c’est d’abord parce que les jeunes ont besoin d’aide, il faut mettre en place des associations pour les aider », analyse Asra Bacaroili, 16 ans.
« Les jeunes d’ici sont stigmatisés »
De manière plus globale, l’un des objectifs du NPRU est de rendre « le cadre de vie des habitants plus attractif », explique Nourainya Loutoufi, adjointe au maire et élue de Kawéni. Le programme urbain vise à développer l‘offre de services publics mais aussi l’emploi en favorisant l’inclusion sociale et économique. Aujourd’hui, l’enclavement et la précarité du quartier nuisent à la population. « Les jeunes de Kawéni sont stigmatisés en raison de leur lieu de vie, des employeurs associent le village à la délinquance. Des fois, ils envoient leur CV et on leur répond que le poste est déjà pourvu. A la place, on préfère embaucher une personne venant d’ailleurs, du Nord et du Sud », regrette l’adjointe. Elle voit « un rideau de fer entre le village et la zone industrielle de Kawéni. J’ai travaillé pendant 17 ans dans une entreprise privée ici, j’étais la seule à venir du village, et pourtant, ce ne sont pas les offres qui manquent.»
Le NPRU vise donc à créer une passerelle entre la zone industrielle et le village de pour développer les opportunités professionnelles. En 2020, Kawéni connaissait un taux de chômage à hauteur de 38 %, indique la Ville.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.