Alors que la Medetram tourne au minimum avec un personnel très réduit, la médecine du travail de Mayotte s’organise. Un portail employeur vient d’être mis en ligne, il a pour but de rendre plus autonomes les entreprises-adhérentes.
« Normalement, avec les 16.000 salariés qui sont suivis à la Medetram, nous devrions avoir trois médecins du travail », expose Nassem Zidini, le directeur du Medetram. En réalité, la structure de médecine du travail de Mayotte installée à Kawéni en compte seulement un ainsi que deux infirmiers en santé au travail et deux assistants médicaux. Face au manque de personnel, elle assure donc ses missions comme elle le peut. La Medetram est un service de prévention et santé au travail (SPSTI), c’est-à-dire une association d’employeurs du secteur privé. Ce mercredi 26 juin, son équipe animait un webinaire à destination de ses adhérents – au nombre de 1.100 – pour leur présenter les défis à laquelle elle est confrontée.
Augmenter les salaires pour attirer des médecins
En 2024, les tarifs de cotisation ont augmenté. « Si on veut attirer des personnes qualifiées à Mayotte, nous devons augmenter les salaires. Nous avons eu plusieurs désistements de médecins cette année, liée au choléra, à la crise de l’eau ou aux opérations Wuambushu… », justifie le directeur. Au 1er janvier, la cotisation annuelle per capita est passée de 100 euros à 114 euros. Lorsqu’un salarié n’honore pas son rendez-vous, son absence est facturée à l’entreprise, ce coût est passé de 30 euros à 75 euros. « Pour ne pas être facturé, il faut déclarer son absence au moins 72h à l’avance sauf en cas de motif impérieux bien-sûr », prévient Nassem Zidini. La structure s’adapte aussi aux circonstances. « En janvier et février, au moment des barrages, toutes les absences ont été suspendues. » Parmi les adhérents, ces augmentations ne font pas l’unanimité. « Elles passent mal car malgré l’augmentation, vous n’êtes pas capable de répondre aux sollicitations dans les temps impartis », lance un employeur lors du webinaire.
Consciente des difficultés de la Medetram pour répondre à l’ensemble des demandes, son directeur conseille dans ce cas aux adhérents de relancer son personnel. « En cas d’incapacité de notre service à répondre, l’important est que l’entreprise se protège. Pour cela, il faut montrer que l’employeur a fait la demande de visite pour son salarié. Donc si vous n’avez pas eu de retour, n’hésitez pas à nous relancer », insiste le directeur.
Pour permettre une prise en charge plus efficace et personnalisée, la structure vient de déployer un nouveau portail adhérent. « C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine déjà commencé par mon prédécesseur avant mon arrivée en juin 2022 », présente Nassem Zidini. L’objectif ? Permettre aux adhérents saisir de manière autonome les données et de simplifier ainsi la procédure pour Medetram. Le logiciel permet de mettre à jour les salariés, de saisir les postes, de préciser les risques auxquels ils sont confrontés.
Auparavant, la structure connaissait beaucoup de problèmes avec son précédent logiciel, parfois, un même poste était saisi quatre fois. Ce nouveau portail vise donc à limiter les erreurs de saisies. Les employeurs pourront aussi renseigner le numéro de téléphone du salarié afin de lui adresser un SMS pour lui rappeler le rendez-vous. Mis en service début mai, les outils de planification de visite et de paiement en ligne ne sont pas encore disponibles. La planification de rendez-vous est prévue pour septembre. Des vidéos ont été postée sur la chaîne Youtube de la Medetram pour aider les adhérents à prendre en main la plateforme.
Située au centre Maharadja à Kawéni, la Medetram est ouverte du lundi au jeudi de 7h30 à 12h et 13h30 à 16h et le vendredi de 7 h30 à 12h. Contact : +262 269 60 23 83.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.