Mansour Kamardine : « J’ai appris la dissolution à la descente d’avion »

A Paris pour des rendez-vous en lien avec la loi Mayotte, lundi matin, Mansour Kamardine a été surpris par la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale où il représente la deuxième circonscription de Mayotte. Dans un entretien accordé à Flash Infos, il préfère garder le mystère sur une nouvelle candidature.

Flash Infos : Quelle a été votre réaction à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée ?
Mansour Kamardine : Ce fut la surprise totale car aucune information, même les ballons d’essai habituels que lance le gouvernement quand il veut prendre une mesure impopulaire, n’était sur le domaine public. Ensuite, la sidération. Enfin, bref, l’étonnement suivi de l’incompréhension. Je l’ai apprise à la descente d’avion le lundi matin à Roissy.

F.I. : En quoi était-ce nécessaire ?
M.K. :
A l’évidence, le président de la République avait souhaité la jouer à la De Gaulle, sauf que n’est pas De Gaulle qui veut. Pour le reste, je pense qu’il y a une telle défiance entre Macron et le pays que l’initiative de redonner la parole aux français était nécessaire, voire obligée pour le président, à défaut d’être souhaitée par beaucoup y compris parmi les plus proches de lui. Enfin, à mon avis, l’intérêt du pays à la suite de certaines maladresses de campagne de sa part et de son gouvernement l’exigeait après les résultats aux européennes que nous connaissons, même si constitutionnellement, il n’était pas obligé de prendre cette mesure radicale.

F.I. : Quel risque cela entraîne pour les nouvelles élections dans quelques semaines ?
M.K. :
La décision de dissolution a provoqué une onde de choc dans le pays. Des recompositions politiques et politiciennes sont en cours. D’un côté, la gauche se réconcilie avec elle-même dans ses différentes composantes et se ressoude même si jusqu’au jour de l’élection ses composantes se regardaient en chien de faïence. A droite, également, on voit des recompositions inattendues et qui jusqu’ici étaient inimaginables. Je veux simplement espérer que le président de la République a mesuré le risque qu’il fait prendre au pays. La dissolution ratée de Jacques Chirac en 1997 est encore dans notre mémoire collective. Tout se passe, comme si, ayant constaté que les éléments de la nature le rendent impuissant, il se résout à accepter une cohabitation avec madame Le Pen et au final rendre le pays comme il l’a reçu de François Hollande avec une opposition droite/gauche. Ce serait finalement un retour à la case départ et même un échec, on reviendrait à ce qu’il avait réussi à gommer en 2017.

F.I. : Quelles conséquences pour la loi Mayotte ?
M.K. : Elles sont nombreuses, à commencer par la suspension de l’ensemble des réflexions qui étaient en cours car personne ne sait à ce jour quel sera le prochain gouvernement après le 7 juillet prochain et s’il acceptera de le reprendre. Car qui dit nouveau gouvernement, ce qui sera le cas quelque soient les résultats, dit nouvelle politique et nouveau projet même si c’était la majorité actuelle qui revenait en responsabilité. Je regrette également que le rapport d’information sur Mayotte que nous avons élaboré avec mon collègue Guillaume Vuilletet ne soit conduit à son terme à ce jour. Bref, il y aura du retard à l’allumage.

F.I. : Êtes-vous prêt à vous représenter ?
M.K. : La question de fond à mes yeux n’est pas celle-là ; car tout le monde peut se présenter ou se présenter à une élection. La question est de savoir comment faire pour que la France, l’État, le gouvernement, y compris le président de la République, comprennent l’enjeu ou l’intérêt que représente Mayotte pour la France ou la France dans l’avenir de Mayotte. La vraie question est de savoir s’il y a au niveau de l’État et au niveau national, une prise de conscience suffisante, le rôle national que peut jouer Mayotte dans le concert des affrontements qui se jouent depuis cette sous-région entre l’est et l’ouest. La question est de savoir comment faire pour que la situation de détresse que connaissent nos compatriotes mahorais sur les questions migratoires et sur les questions d’insécurité, mais également de sous-développement et de pauvreté, qui minent notre vivre ensemble soient réellement prises en compte et solutionnées sans invoquer de pseudo principes auxquels leurs auteurs qui les invoquent sont les premiers à ne pas croire et ne se les appliquent pas à l’image du titre de séjour territorialisé ou de l’obligation scolaire qui a abîmé l’avenir de notre jeunesse et qui détruit le peuple mahorais à petit feu. Car vous n’êtes pas sans savoir que plus l’immigration progresse, plus l’insécurité envahit tous nos espaces publics et privés, et plus les Mahorais sont obligés de fuir la terre de leurs ancêtres malgré eux pour aller chercher refuge ailleurs. Et ça, ce n’est pas acceptable, ce n’est pas supportable.

Estelle Youssouffa se porte candidate

Députée sortante de la première circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa a choisi les réseaux sociaux pour confirmer qu’elle souhaite continuer son mandat. « Je suis candidate pour continuer à travailler pour vous, pour Mayotte », promet celle qui est députée depuis deux ans. Kira Bacar Adacolo, pour l’Union pour la sécurité de Mayotte, se présente également dans la circonscription du sud, où Anchya Bamana est en pourparlers pour être la candidate Rassemblement national.

Elections législatives : retour aux urnes dès le dimanche 9 juin

Dès l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, ce dimanche, un décret était pris dans la foulée par le président de la République. Il fixe les prochaines élections législatives aux dimanches 30 juin et 7 juillet. Les tractations ont déjà commencé et devront se clore rapidement, car les candidats ont jusqu’à ce dimanche 16 juin pour déposer leur candidature auprès de la préfecture de Mayotte.

Journaliste politique & économique

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