« Avec plus de moyens, des morts auraient pu être évitées »

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FI - Greve médecins 1
Une trentaine de médecins ont voulu dénoncer le manque de moyens, notamment humains, au CHM, ce lundi matin.

Face au manque d’effectif, plusieurs médecins du centre hospitalier de Mayotte (CHM) ont décidé de faire grève ce lundi, et de faire entendre leurs revendications aux abords de l’hôpital, à Mamoudzou.

Ce lundi matin, devant le centre hospitalier de Mayotte (CHM), une trentaine de médecins viennent manifester leur désarroi. « La santé en danger ! », scandent tout au long de la matinée les 34 médecins grévistes présents à Mamoudzou, ce lundi matin. C’en est trop pour eux, qui dénoncent le manque de moyens mis en place pour attirer de nouveaux praticiens. « Il y a eu six départs dans mon service, et ils ne sont plus que trois à le faire tourner », illustre Matthias Muszlak, pédiatre et secrétaire du syndicat des praticiens hospitaliers de Mayotte (SPHM). « On est quasiment au service minimum en permanence », déplore-t-il.

Le cortège commence à déployer ses banderoles au niveau de l’entrée principale du CHM, avant de bloquer le carrefour permettant de rejoindre le dispensaire de Jacaranda, en s’asseyant au sol. Pour beaucoup, c’est un geste fort de la part d’une profession qui n’a pas l’habitude de faire grève bien longtemps, par souci des patients. Peu après, les manifestants continuent leur marche pour présenter leurs messages devant les urgences, face à un dispensaire fermé, avant de rejoindre le rond-point de la barge puis la préfecture, devant laquelle une minute de silence est observée, pour « la mort du CHM.

« Des mesures pour faire venir des médecins »

« Avec plus de moyens, des morts auraient pu être évitées », dénonce Naouëlle Bouabbas, chirurgien-dentiste au CHM, pensant notamment au service des urgences. « Il nous est de plus en plus difficile d’assurer des soins de qualité », confie Sophie Fouchard, une des médecins qui a organisé la mobilisation de ce jour. « Il faut des mesures pour faire venir des médecins qui s’investissent sur le long terme », martèle celle qui assure que les équipes médicales tirent sur la ficelle.

Les réunions avec les différentes instances concernées n’auraient pas abouti, alors que les manifestants affirment alerter sur la situation dégradée de l’hôpital depuis plusieurs mois. Les visites ministérielles sur le territoire, au cours desquelles le SPHM a pu exprimer ses attentes lors de réunions, n’ont pas non plus porté leurs fruits. « Aujourd’hui, tout reste lettre morte », regrette Sophie Fouchard.

L’arrivée des Padhue (Praticiens diplômés hors Union Européenne) interpelle également les médecins actuellement en place à Mayotte. Le manque d’équivalence de diplôme inquiète sur la bonne prise en charge des patients et montre, selon plusieurs manifestants, le choix d’une solution de facilité. « Ils vont faire la même chose que nous en étant payé quatre fois moins », s’insurge Charlène Ledoux, médecin et vice-présidente du SPHM.

Personne ne peut affirmer combien de temps durera la grève, mais sûrement « pas longtemps », comme l’affirment plusieurs médecins, qui ne souhaitent pas mettre davantage en danger la santé des patients. La direction du CHM a proposé un rendez-vous à midi aux grévistes, mais ces derniers affirment ne pas être dupes, à l’image de Charlène Ledoux. « On sait que c’est pour la forme », avance celle qui voit la manifestation de ce lundi comme un cri d’alerte.