La sixième se plie en quatre à partir de la rentrée prochaine

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Jacques Mikulovic, recteur de l’académie de Mayotte, prépare l’arrivée du « choc des savoirs » dans les collèges de l’archipel mahorais en août. Les sixièmes seront affectés à quatre groupes différents (Anglais et culture de l’océan Indien, standard, groupes à 22 et groupes à 13).

Comme en métropole, Mayotte va connaître « un choc des savoirs » à la rentrée 2024-2025. Dès la sixième, les élèves seront répartis en « groupes de besoins », avec un renforcement du volume horaire en français et mathématiques pour ceux qui ont le plus de difficultés.

Création des groupes de besoins

C’est la nouveauté de la rentrée. « Le choc des savoirs » voulu par le gouvernement va se mettre en forme au mois d’août. À partir de la sixième, et sur la base d’évaluations faites avec les CM2, les élèves mahorais intègreront l’un des quatre parcours possibles. Le volume horaire reste le même, mais les 18 ou 19 heures par semaine seront partagées différemment dans les fameux « groupes de besoins ». Ainsi, une même classe pourra ainsi suivre des cours en commun (EPS, art plastiques, musique et enseignement moral et civique (EMC), soit sept heures de cours. Puis, pour toutes les autres matières, chaque groupe aura un enseignement spécifique. Ceux qui sont le plus en difficulté, dans des groupes réduits à treize, auront neuf heures de français et six heures de mathématiques. Les langues vivantes, l’histoire-géographie et les SVT (sciences et vie de la terre) seront réduits à une heure chacune. Les groupes de 22 auront aussi un renforcement en français (sept heures) et en mathématiques (5h30 contre 4h30 en parcours standard).

L’idée est de renforcer les savoirs fondamentaux pour les élèves les plus fragiles. À Mayotte, le système n’est pas nouveau. Des groupes de besoins pour les élèves en difficulté existent déjà dans les collèges. « On l’officialise », confirme Jacques Mikulovic, le recteur de l’académie de Mayotte, qui a pour objectif de « diviser par quatre » le nombre d’élèves non lecteurs du début à la fin de l’année de sixième.

Une filière d’excellence

Parmi les quatre parcours, celui appelé Anglais et Culture de l’océan Indien (ACOI) intégrera les éléments qui ont le plus de facilité de lecture. « C’est l’équivalent des classes européennes », compare le recteur. Il intègrera un renforcement en anglais, qui s’accentuera d’ailleurs en cinquième avec d’autres disciplines qui pourront être enseignées en anglais par des professeurs certifiés. Ils devraient y avoir « entre deux ou trois classes ACOI par collège ».

À l’inverse, le redoublement qui avait été envisagé quand « les actions mises en place n’ont pas permis de résoudre les difficultés de l’élève » ne sera pas possible à Mayotte. La poussée démographique et les établissements déjà surchargés limitent son recours.

« Pas de ségrégation scolaire »

La réforme du collège rencontre son lot d’oppositions en métropole. Et c’est souvent le risque d’une stigmatisation des élèves qui est pointée en fonction des groupes qu’ils intègrent. « Il ne faut pas qu’il y ait cette sensation. Il n’y a pas de ségrégation scolaire dans la mesure où il y a des temps communs. Rien n’empêche d’évoluer vers un autre groupe à chaque période », argue le recteur. « Les élèves ne le prennent pas mal, puisque ça répond à leurs besoins. » C’est ce qui pourrait d’ailleurs expliquer la faible opposition à Mayotte où les niveaux peuvent être très hétérogènes au sein d’une même classe.

Des professeurs à recruter

C’est un défi récurrent à Mayotte. Il faut trouver chaque année son lot de contractuels ou de titulaires pour remplacer les partants (avec 190 postes en plus sur le premier degré, 160 dans le second). Cette année est particulière puisque le rectorat a connu son record de demandes de mutation. Le recteur n’est pas forcément optimiste pour le nombre de professeurs de français. « On est un peu à la peine en physique-chimie et en philosophie. C’est le cas aussi dans les filières professionnelles », admet-il également.

Pour les heures de français supplémentaires dédiées aux groupes les plus faibles, l’académie compte sur les professeurs d’autres disciplines et ceux de Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté), qui n’existeront plus en sixième. « L’idée est qu’on ait un professeur au moins pour cinq heures, et qu’éventuellement, on puisse compléter avec un professeur d’une autre discipline, mais qui travaille le français à partir de sa discipline. Tout le monde travaille sur ça », renchérit le recteur.

Concernant les autres matières, il indique que ses services « ont plutôt pas mal recruté jusqu’à présent ». Des contractuels ont eu ainsi des contrats commençant au 1er juin pour qu’ils puissent s’installer plus facilement et qu’ils puissent suivre des formations pour préparer « au choc » de la rentrée.