Des savons made in Mayotte pour valoriser les plantes locales

Conçus à base de produits naturels mahorais, les savons (liquides ou en morceaux) et autres shampoings made in Mayotte sont au cœur du travail de Kalathoumi Ahamada Madi, qui met en avant le patrimoine naturel de l’île.

Kalathoumi Ahamada Madi est la fondatrice d’« Hippocampe Nature ». Elle fabrique des savons et des produits cosmétiques 100 % naturels et made in France. Membre d’un cluster local spécialisé dans cette activité, elle plaide pour une sous labellisation made in Maoré (Mayotte en shimaore). Que ce soit à l’occasion de foires commerciales ou de visites sur son lieu de production à Kahani dans le centre de l’île, elle explique longuement à ses clients le processus de fabrication de ses produits, les recherches préalables à leur conception, les produits locaux bio qu’elle intègre pour obtenir tel ou tel aspect, les senteurs, les formes et les mélanges de couleurs sur la base de fruits, de plantes ou de fleurs de Mayotte. « C’est au regard de tous ces aspects que nous sommes plusieurs créateurs à revendiquer une distinction spécifiquement locale à nos produits sous le label made in France. Nous n’utilisons pas le même process que nos collègues de métropole, nos créations répondent à une logique purement mahoraise et il importe de valoriser ainsi notre territoire », souligne-t-elle.

Pour Kalathoumi Ahamamada Madi, les savons qu’elle fabrique véhiculent avant tout une image, celle de l’authenticité de Mayotte. Les plantes diverses et variées qui entrent dans le processus de fabrication de ses savons n’existent qu’à Mayotte et c’est une touche particulière qu’elle estime indispensable à mettre en exergue. « Le moringa, le henné, le jujube et bien d’autres plantes sont des espèces endémiques aux effets connus apaisants et nourrissants pour la peau. Elles font partie du patrimoine traditionnel et ancestral de notre île et possèdent de réelles vertus », décrit-elle. Au premier rang de ses combats, Kalathoumi Ahamada Madi tient à fabriquer des savons 100 % naturels, sans colorant artificiel et avec des doses de parfums raisonnables.

« Je vous donne un exemple : lorsque vous travaillez le henné, la réaction immédiate au contact de l’huile (de coco) est une coloration marron. Il en résulte un savon qui s’adresse à des peaux très sensibles, que des parfums artificiels pourraient agresser », explique-t-elle. Au sein de son cluster d’artisans, chacun mène ses propres recherches, teste les produits mahorais, les parfums prisés par le marché local. Le recours aux senteurs n’est pas vraiment sa spécialité, elle préfère mettre en pratique un slogan simple, « de la racine aux feuilles d’un arbre ».

Des plantes endémiques au cœur des recettes

Elle a fait le choix du bio et des plantes endémiques plutôt que de l’exotisme classique, de travailler les fruits, les noyaux et les feuilles. Si elle reconnaît qu’il faut mélanger différentes huiles pour concevoir un savon, dont certaines indisponibles sur place, Kalathoumi Ahamada Madi explique privilégier l’huile de coco, le copra mahorais qui fait mousser ses savons. Outre les savons de douche, elle propose toute une gamme de produits cosmétiques, du shampoing à la vanille, et angaya bé.

Active depuis trois ans, elle a connu sa traversée du désert, en particulier durant sa première année où elle n’avait pas réussi à vendre un seul savon. « Je me suis concentrée à tester mes produits, à les montrer aux gens et à recueillir leurs impressions. Grâce au soutien apporté par notre cluster, les artisans en cosmétique de Mayotte, œuvrent pour aller de l’avant », confie-t-elle. Ses produits se déclinent sous différents formats tels que des paniers cadeaux prêts à offrir. Elle peste contre les barrages du mois de février 2024 qui ont failli ruiner sa profession et réduire à néant plusieurs années de dur labeur.

Un travail néanmoins récompensé par une participation à la Foire internationale des produits africains (FIPA) de Dakar dans trois semaines.

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