Rendu public ce mardi 30 avril, le dernier rapport de la Cimade compile les chiffres des différents centres de rétention administrative (CRA) répartis sur tout le territoire national. Sans surprise, le centre de Pamandzi demeure celui où il y a plus de placements. Il y en a eu 28.180 en 2023, soit 60% du total des CRA français. C’est davantage qu’en 2021 (26.485) et 2022 (26.020). Le centre est aussi, et de loin, celui où le nombre d’expulsions est le plus élevé avec 24.467. Cela représente environ 80% de tous les départs mis en application par les autorités françaises.
Alors que l’opération Wuambushu avait pour but d’expulser davantage de personnes en situation irrégulière, les services de l’État s’étaient organisés en conséquence, montre le rapport. « Le lancement de l’opération et les interpellations massives qui étaient projetées ont motivé l’ouverture et la création de locaux de rétention administrative. En effet, la loi permet au préfet, si la situation l’exige, de créer des LRA de manière permanente ou provisoire. Cela a notamment donné lieu à deux arrêtés en date du 2 mai 2023 qui modifiaient la capacité d’accueil de deux LRA les faisant passer de douze places chacun à quarante places, impactant ainsi les conditions de rétention », note la Cimade. La MJC de M’tsapéré, par exemple, avait été transformée un temps en LRA. Le recours à des places supplémentaires a cependant vite atteint ses limites avec le blocage des départs vers les Comores.
Un focus est fait également sur l’enfermement des enfants. Le CRA mahorais en concentre 40 fois plus que tous les autres. En 2023, il y en avait 3.262 enfants retenus à Pamandzi, contre 87 dans tout l’Hexagone. La loi Asile et immigration devrait d’ailleurs poser quelques problèmes aux services préfectoraux, puisqu’il sera bientôt interdit de placer des enfants en rétention, la disposition s’appliquant à Mayotte au 1er janvier 2027. Enfin, il est à noter que malgré un nombre plus important de placements au CRA, le nombre de saisines du juge des référés est en nette diminution. Il y en a eu 126 en 2023 (aboutissant à 46 suspensions d’OQTF) contre 204 en 2021 (112 suspensions) et 242 en 2022 (134 suspensions).
La Cimade et ses partenaires renouvellent leur demande de respect des droits des personnes faisant l’objet d’une décision d’éloignement du territoire et/ou d’un placement en rétention.
Lire le rapport ➡️ https://t.co/12nG09w4Lc#RapportRétention #FermerLesCRA
— La Cimade (@lacimade) April 30, 2024