Comores : Le gouvernement menace de fermer les mosquées à cause du choléra

Cette mesure de prévention dévoilée par le délégué à la Défense en présence d’élus locaux et d’ulémas, entrera en vigueur seulement si d’ici le 10 mai prochain, la situation épidémiologique ne s’améliore pas. On envisage aussi d’interdire les mariages.

Vers un retour des mesures de l’ère du coronavirus aux Comores ? À l’heure où l’épidémie du choléra continue de se propager, les autorités de l’Union des Comores n’excluent pas de recourir à des mesures de prévention plus draconiennes. C’est du moins ce qui est ressorti des déclarations faites par le délégué à la Défense, Youssoufa Mohamed Ali. Dans une réunion élargie et multisectorielle qui se tenait à l’hôtel, Retaj, à Moroni, ce mercredi, le ministre de la Défense a informé la population que le gouvernement passerait à la vitesse supérieure jusqu’à fermer les mosquées. L’autorité a également a ajouté que l’interdiction des célébrations de mariages était sur la table. « Si d’ici le 10 mai, nous constatons que les consignes de prévention ne sont pas respectées, nous serons dans l’obligation d’interdire les prières collectives. Les mariages ne seront pas exclus si vous (la notabilité) ne nous aidez pas en sensibilisant la population à lutter contre la maladie », a prévenu, Youssoufa Mohamed Ali, connu sous le nom de sobriquet de Belou.

Ce fidèle du président Azali Assouamani, a ainsi invité les maires, les notables (personne qui a accompli son grand mariage coutumier) à adopter dès à présent des mesures flexibles mais préventives en ce qui concerne les mariages. Au cours de ceux-ci, les invités prennent part à des banquets, chez la famille de l’épouse. Les hommes assistent à un Madjalis (cérémonie religieuse où sont invités toutes les villes de l’île). « Il serait mieux de distribuer de l’argent au lieu de préparer ces grands festins. Cela diminuerait le risque de contaminations alimentaires », a proposé le Délégué à la défense, lors de la réunion de ce 24 avril, à laquelle les forces de l’ordre, le ministère de la Santé et celui de l’Intérieur avaient pris part.

58 décès

Il faut dire que si les autorités sont allées jusqu’à brandir de telles mesures, cela signifie que la situation est sur le point de leur échapper. La première fois que les Comoriens ont assisté à la fermeture des lieux de culte, notamment les mosquées, c’était en 2020, au moment où le pays venait de déclarer ses premiers cas. Pour éviter la propagation du virus, l’interdiction des prières collectives était préconisée. Actuellement, les médecins invitent les fidèles musulmans à faire les ablutions depuis leurs domiciles avant de se rendre à la mosquée où la probabilité d’attraper l’épidémie semble élevée croient-ils. Selon le délégué à la Défense, même les prières hebdomadaires du vendredi risquent d’être sur la liste. Il revient à présent selon lui, aux élus locaux d’aller sensibiliser la population et de faire un inventaire de leurs besoins.

Depuis la déclaration le 2 février des premiers cas importés de la Tanzanie, le pays se trouve avec 58 décès et plus de 2516 cas recensés après deux mois et demi d’épidémie.

« Ni pendant l’épisode de 1999 encore moins celui de 2007, nous n’avons eu autant de décès. Je souligne qu’au niveau de la Grande Comore, sur les 15 victimes recensées, 12 sont des communautaires. Les gens peut-être par honte ou déni, tardent à venir à l’hôpital », a indiqué, le secrétaire général du ministère de la Santé, Aboubacar Said Anli qui a rappelé que plus de 90 % des personnes atteintes du choléra qui se sont présentées dans les hôpitaux à Ngazidja ont pu être sauvées. Cet ancien directeur général de la santé, qui était encore en poste durant la pandémie du coronavirus a déploré le déni que manifesteraient les cadres de l’île de Moheli.  « Ce sont eux qui répandent les fausses rumeurs au sein de la population hélas. Nous avons commencé à observer une explosion des cas surtout au lendemain de l’aïd el-fitr », a rapporté Aboubacar Saïd Anli lors de la rencontre multisectorielle de ce mercredi, qui sera organisée dans les autres îles.

Selon le bulletin sanitaire de ce mardi, Anjouan reste toujours sous pression avec un total de 38 décès alors que l’épidémie n’a été déclarée sur place que le 6 mars. Soit donc un mois après la Grande Comore. Pour les principales difficultés qui favorisent la flambée de la maladie qui touche toutes les catégories d’âge, elles tournent autour de ces trois causes : très faible accès à l’eau potable par les consommateurs, le déni et implication insuffisante des autorités locales, toujours pas équipées. Lors de la réunion, un des participants a fait savoir que sa région natale, n’a toujours pas reçu des kits pour protéger les écoles ou les mosquées. Un cas qui est loin d’être isolé.

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