Une semaine exactement après le lancement de l’opération « Mayotte place nette », nouveau nom de Wuambushu, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer a tenu à dresser un premier bilan, avant d’évoquer le report de la présentation des projets de loi Mayotte au conseil des ministres. 250 cases ont été détruites, c’est presque mieux que toute l’opération Wuambushu 1 (268 sur les trois mois, 700 sur l’année 2023).
250 habitats illégaux détruits
Ce mardi, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer a livré un premier bilan de l’opération « Mayotte place nette », lancé il y a exactement une semaine par la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Cette dernière s’est exprimé ce lundi sur la chaîne Sud Radio, pour annoncer notamment le chiffre de 250 habitations illégales détruites dans le quartier de Doujani 2, sur les 1.300 qui doivent être détruits lors de l’opération. Soit un cinquième, comme le précise le ministère, qui s’approche des 268 de la première opération Wuambushu (700 sur l’année 2023).
D’après la préfecture, qui s’est exprimée la semaine dernière sur ses propres réseaux sociaux, ce décasage devait conduire au relogement d’entre 300 et 400 personnes. Aucun nouveau chiffre n’a été divulgué, et interrogé sur le manque d’hébergements d’urgence sur le territoire, le ministère met en avant les cinq millions d’euros débloqués « pour développer les capacités d’hébergement d’urgence sur Mayotte ». L’opération doit durer onze semaines, jusqu’à la fin du mois de juin. Cette enveloppe ne peut donc pas servir à construire des habitations, mais à mobiliser des propriétaires pour mettre à disposition leurs logements.
350 reconduites à la frontière
Le bilan de l’opération qui doit mobiliser 1.700 personnels des forces de l’ordre continue. Sont évoqués 4.000 contrôles, ainsi qu’une centaine de délinquants arrêtés, dont six « chefs de bandes », soit un dixième de l’effectif ciblé pendant les deux mois et demi. Les motifs des poursuites à leur encontre ne peuvent pas être communiqués par le ministère, les enquêtes étant en cours. Il est également fait état de 550 interpellations d’étrangers en situation irrégulière, dont 350 reconduites à la frontière. La capacité de rétention doit être augmentée pour traiter la situation des personnes en situation irrégulière sur le territoire, avec un quatrième local de rétention administrative. Enfin, pour finir sur les chiffres, une cinquantaine d’armes ont été saisies. « Ces résultats vont être évolutifs, en fonction de l’avancée des opérations qui sont conduites sous l’autorité du préfet avec les forces de l’ordre », indique le ministère.
Des moyens militaires déployés
En renfort des moyens terrestres, le grand jeu a été sorti au niveau aérien et maritime. Un avion de l’armée de l’air est actuellement sur place à Mayotte, doté de radars devant permettre de détecter les mouvements de kwassa. Deux vedettes de la gendarmerie maritime, relevant du ministère des armées, doivent se relayer « en permanence », afin d’identifier et intercepter les embarcations illégales. Un bâtiment est également présent en Petite-Terre et va être positionné en haute mer, dans le canal du Mozambique, afin de « bloquer la route migratoire des Grands lacs ».
La présentation des projets de loi au conseil des ministres reportée
Le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer a précisé le calendrier des deux projets de texte promis aux Mahoraises et aux Mahorais en février dernier. Les projets de loi Mayotte, l’une constitutionnelle devant supprimer le droit du sol dans le département, l’autre ordinaire, seront remis au conseil départemental le 22 mai, et ce dernier aura alors un mois pour faire part des ajustements voulus, qui seront ensuite étudiés par le gouvernement. Ce procédé, que « les élus ont appelé de leurs vœux », retarde la présentation de ces deux projets de texte devant le conseil des ministres au début du mois de juillet, contre le 22 mai initialement. La ministre Marie Guévenoux, devrait, elle, se présenter à nouveau sur le territoire mahorais en fin de semaine prochaine. Le projet de loi ordinaire est tourné autour de quatre axes : la lutte contre l’immigration irrégulière, le renforcement des pouvoirs d’investigation des forces de l’ordre, le développement économique et social de l’île et enfin le champ institutionnel. Sur ce dernier point, il s’agit surtout de changer l’appellation de la collectivité en « département-région », ce qui implique une augmentation du nombre d’élus et un changement de scrutin. Une évolution demandée par le président du conseil départemental, et qui devrait simplifier l’organisation des compétences de la collectivité, qui endosse actuellement certaines du département et certaines de la région.
Wuambushu 2 : « un quartier entier de Mamoudzou nettoyé de « ses bangas » »
Après une semaine d’opération « Mayotte place nette », le nouveau nom de Wuambushu 2, Marie Guévenoux a défendu un premier bilan sur la chaîne Sud Radio, ce lundi soir. « Il y a 250 « bangas » qui ont été détruits. C’est un quartier entier de Mamoudzou qui a été nettoyé de ses « bangas » », a indiqué la ministre chargée des Outremer en évoquant Doujani 2, à la pointe sud du village de M’tsapéré. Elle a également été interrogée sur le week-end de Marine Le Pen à Mayotte, les samedi 20 et dimanche 21 avril. La députée du Rassemblement national a qualifié « d’opération de communication » l’initiative gouvernementale réitérée en ce mois d’avril. La ministre a répondu en qualifiant ces propos « d’insultes envers les forces de l’ordre ».