Dans sa lutte contre l’immigration et le travail informel, l’État a décidé d’étendre l’opération Wuambushu 2, ou « Place nette » pour sa dénomination officielle, au port de M’tsapéré, ce lundi après-midi. La pêche et la vente illégales de poissons étaient visées, tout comme le travail d’étrangers en situation irrégulière.
Les pneus de la remorque tirée par le pick-up des affaires maritimes sont mis à mal par le poids des glacières. Ce lundi après-midi, un effort conjoint des services de l’État a permis de monter une opération au port de M’tsapéré. Aurélien Diouf, directeur de cabinet du préfet de Mayotte, confirme que le lieu n’est pas choisi de manière aléatoire. Alors que Marine Le Pen y a défendu la pêche mahoraise deux jours plus tôt, à la fois la pêche et les conditions de vente ont fait l’objet de contrôles, ce lundi. « C’est l’un des buts de l’opération Place nette (N.D.L.R. commencée le mardi 16 avril), s’attaquer au travail informel », ajoute le directeur de cabinet.
La manœuvre a comporté plusieurs volets. Dans le port, la gendarmerie maritime a procédé à l’identification des embarcations. Quatre qui n’étaient pas immatriculées ont été ainsi emmenées dans la foulée. Sur le port, ce sont les pêcheurs et les vendeurs qui ont dû montrer patte blanche, notamment auprès de la Deets (direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), pour voir s’ils travaillent dans les règles et leurs employés également. Et la sanction peut vite grimper. Exercer la profession de pêcheur sans être déclaré expose à une peine de trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende, pareil en faisant travailler une personne sans l’avoir déclarée.
« Faire cesser l’infraction »
Enfin, les affaires maritimes ont constaté l’état de conservation des poissons, puis embarqué les marchandises. La plupart sont dans de grandes glacières survolées par les mouches. L’équivalent d’une tonne a été saisi. La Daaf (direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) y jettera un œil pour savoir si les spécimens pêchés l’ont bien été dans les eaux mahoraises ou s’ils figurent dans la liste des espèces protégées. Ensuite, ils seront remis en mer. « Le but de la saisie est de faire cesser l’infraction, à savoir la vente illégale de poissons sous taille ou non déclarés. Par exemple, il y a une chose qui relève du b.a.-ba, on devrait toujours avoir sur les glacières une identification professionnelle pour savoir qui vend. Là, on ne sait pas d’où ça sort », explique François Garcia, administrateur des Affaires maritimes de Mayotte. S’attaquer à ceux qui ne respectent pas les règles permet aussi de voir ceux qui s’y plient. « On a des exemples à quelques mètres de pêcheurs qui font l’effort de respecter la réglementation et qui permettent de développer le territoire de manière durable. On ne pourra pas développer la pêche à travers le travail informel », poursuit-il.
« C’est une opération assez singulière pour la police », reconnaît le contrôleur général Hervé Derache. Autour des six membres des Affaires maritimes qui chargeaient les glacières, une trentaine de policiers étaient pour eux. Outre la sécurisation, la police aux frontières a effectué plusieurs contrôles sur place, interpellant cinq étrangers en situation irrégulière. Dès leur arrivée, une personne a choisi de se jeter à l’eau pour traverser le port à marée haute. « Les résultats sont plutôt positifs. L’opération se passe bien dans un calme relatif. Un pêcheur qui travaillait illégalement a été entendu et quatre personnes (N.D.L.R. cinq finalement) en situation irrégulière ont été interpellées », confirme-t-il.
Le directeur de la police mahoraise, tout comme le directeur de cabinet du préfet, ne comptent pas s’arrêter là. Dans le cadre de « Mayotte place nette », d’autres opérations de ce genre seront menées que ce soit encore à M’tsapéré ou ailleurs, préviennent-ils. « La question est de revenir souvent. Si ce n’est pas le cas, dans un mois, ce sera du copier-coller », confirme François Garcia.