Un premier degré qui se prépare aussi au « choc des savoirs »

Devant les directeurs d’école, le rectorat de Mayotte a fait le bilan de cette année et présenté les nouveautés à venir. Parmi ces dernières, le passage aux groupes de niveaux en 6e et 5e aura une incidence sur le primaire où des tests seront effectués.

Des tests avant le collège

Mayotte, comme le reste du territoire national, connaîtra le « choc des savoirs » à la rentrée en août. Le but de la réforme est de composer des classes en fonction du niveau des élèves. A part les classes Acoi (Anglais et cultures de l’océan Indien), un équivalent local des sections européennes ou internationales, les élèves seront toujours mélangés, mais des groupes seront formés notamment pour les cours de français ou mathématiques (avec des volumes horaires différents) afin de s’adapter à leurs niveaux.

Ollivier Hunault, inspecteur général en charge de la mission enseignement primaire, a présenté le nouveau dispositif aux directeurs d’école réunis à l’Université de Mayotte, ce mercredi après-midi. « Les enseignants de collèges iront dans les écoles primaires pour faire passer des tests de fluence », annonce le recteur, Jacques Mikulovic. Les résultats permettront de déterminer les groupes à la rentrée suivante. La lecture est une priorité à Mayotte, 68% des élèves de 6e y sont considérés comme petits lecteurs voire moins (capable de lire correctement moins de 90 mots par minute), contre 15% à l’échelle nationale.

Du personnel en plus

La croissance démographique continue de remplir les écoles, même si tous les élèves qui en ont l’âge ne se retrouvent pas dans la cour. « On a 5.500 élèves en petite section de maternelle, mais il y a plus de 10.000 naissances à Mayotte. On sait donc qu’il nous en manque 4.500 », constate Thierry Denoyelle, le directeur académique du rectorat. Le service statistiques évalue à 2.846 élèves le nombre d’élèves en plus à la rentrée prochaine. Parmi les rares académies à voir sa dotation progresser, Mayotte comptera pour répondre à l’afflux 190 nouveaux équivalents temps plein (ETP). C’était 150 l’année dernière. « Bien sûr, on dira qu’on n’a pas assez. Mais la question aujourd’hui, c’est comment optimiser ces moyens ? », demande le directeur académique, qui annonce que tous les ETP ne sont pas devant des classes. Ce sera le cas pour 65 d’entre eux, mais il y a aura aussi onze nouveaux postes pour les UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants), une trentaine de plus pour la réserve de rentrée ou encore 28 remplaçants en Zil (zone d’inclusion localisée). Est-ce que les nouveaux postes seront bien comblés à la rentrée ? Le recteur en est convaincu, il rappelle que le premier degré connaît moins de mutations grâce au recrutement d’instituteurs mahorais.

Des constructions scolaires insuffisantes

Le recteur, Jacques Mikulovic, le répète aux directeurs : « les élèves n’ont pas de nationalité ».  Sans nier les conséquences de l’immigration massive sur l’île, il rappelle que cela est du ressort plutôt du préfet de Mayotte et du ministère de l’Intérieur et des Outremer. Il espère toujours convaincre les maires de continuer à construire pour diminuer le nombre de rotations. « On sait que ce sujet est sensible pour Mayotte. Je vais rencontrer certains maires pour voir si on peut expérimenter, mettre un dispositif un peu nouveau afin de les accompagner dans la prise en charge de tous les élèves inscrits », prévient-il. A l’état « embryonnaire », le projet serait de rajouter du temps scolaire. Il aimerait expérimenter, dans une circonscription, « de mettre un élève à l’école de 7h à 17h, mais sur ce temps, il y aurait un temps d’enseignement et un autre dédié au périscolaire ». Il se dit même prêt à ce qu’il y ait un temps où les élèves iront à l’école coranique pour que le rythme des enfants soit plus adapté.

Un tiers du temps scolaire amputé

Interrogé sur les barrages qui ont provoqué la fermeture des écoles plusieurs semaines, il indique que « depuis dix ans, c’est un tiers du temps scolaire qui est amputé avec des raisons exogènes ». Il cite les barrages, la crise de l’eau ou les grèves de transport. « Nos élèves ont beaucoup de mérite. Ils ont même un vrai potentiel, parce que malgré cela, on arrive quand même à les faire progresser », ajoute-il.

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