Pendant ces derniers jours de ramadan avant l’Aïd, des bénévoles dirigés par Oirdi Anli distribuent des sacs alimentaires aux plus démunis. Pour cette quatrième édition de « Solidarités aux familles démunies », plus de 210 personnes doivent en profiter, dont une trentaine ce lundi en Petite-Terre.
« Je vais te charger de prendre les appels », dirige Oirdi Anli, en s’adressant à Doulfaou, une bénévole. Ce lundi 8 avril est le troisième jour de distribution de denrées alimentaires. Après un week-end consacré à Grande-Terre, c’est devant le Carrefour market de Petite-Terre pour d’abord récupérer les produits frais que se donnent rendez-vous les cinq bénévoles du jour, dont aussi Abdallah, Fayel et Djaloud. Pour Oirdi Anli, à l’origine de cette initiative, « Solidarités aux familles démunies », c’est la quatrième édition. La première déroulée à Mamoudzou est partie d’une rencontre : « J’étais avec des potes à Cavani et un petit garçon est venu nous voir pour nous dire qu’il avait faim. Il était 21 heures. Ça m’a touché et je me suis dit qu’il n’était sûrement pas le seul dans cette situation ».
Quatre ans après et comme à chaque fois, tout commence par une cagnotte en ligne créée la veille du ramadan. « Les donateurs offrent ce qu’ils peuvent. Parfois ceux qui n’ont pas les moyens de donner partagent le lien vers la cagnotte sur leurs réseaux sociaux. Tout le monde contribue à son échelle », indique celui qui, comme son beau-frère Fayel ou encore Abdallah, a pris une journée de congé ou à rattraper plus tard au travail, pour être présent.
Pas de porte à porte, la distribution à quelques jours de l’Aïd fonctionne grâce à une liste. Les donateurs ont pu donner jusqu’à deux noms maximums de personnes qu’ils connaissent en situation de précarité et/ou de handicap, en indiquant leur numéro de téléphone et leur adresse. C’est cette liste qui conditionne l’itinéraire des bénévoles. Affublés du même tee-shirt noir avec Mayotte représentée en blanc et le logo de l’initiative, ils partent en direction des différents quartiers de La Vigie, à Labattoir, avant de se rendre à Pamandzi, dernière et septième commune de distribution. Copilote dans l’une des trois voitures, Doulfaou appelle le reste des 210 personnes inscrites : elles sont encore une trentaine à attendre ce lundi.
D’autres familles sur liste d’attente
« On essaie de les rassembler sur un point-relais. Mais pour celles qui sont en situation de handicap, qui sont âgées, on va directement chez elles », poursuit Oirdi Anli. Les volontaires s’appuient aussi sur des intermédaires à qui ils remettent les sacs cabas sortis de leurs coffres de voiture. C’est ainsi qu’une jeune fille a récupéré sur son lieu de stage le sac pour sa mère. Et qu’une dame accompagnée d’une petite fille a pu réceptionner le colis pour son voisin aveugle.
Toujours armée de son téléphone, en absence de réponse, celle qui s’appelle ironiquement la « secrétaire » rappelle ou attend d’être rappelée, jusqu’à temps de pouvoir passer déposer le colis de vivres. Sinon, il reviendra à une famille mise sur liste d’attente, c’est-à-dire la liste des noms indiqués après la clôture de la cagnotte qui n’a pas encore été répertoriée. « Ça leur donne une chance. Même si malheureusement, on ne peut pas aider tout le monde », note l’initiateur, qui a dû fermer la cagnotte une semaine avant la distribution, le temps de recevoir les sous sur son compte et ainsi faire les courses.
7.000 euros récoltés contre 1.000 la première année
Grâce aux 7.000 euros récoltés, chaque sac d’une valeur de 60 euros comprend : des œufs, de la farine fournie par une commerçante, du lait, du poulet, un jus de fruit… Mais aussi une bouteille d’eau, fournie notamment par l’association Lepam. « C’est un record », salue Oirdi Anli, qui avait pu récolter en 2020 l’équivalent de 1.000 euros pour vingt familles, en comptant d’abord sur sa notoriété sur les réseaux sociaux avant que l’action soit plus largement médiatisée par des personnes « qui ont confiance », leur page Facebook et les médias. « Maintenant, c’est le rendez-vous annuel », décrit-il. D’un petit duo de bénévoles la première année, ils étaient une vingtaine ce dimanche.
« Ça permet d’aider les gens », explique Doulfaou qui ne lâche pas la liste des mains. « Surtout pendant la période de ramadan, c’est compliqué, il y a déjà le jeûne toute la journée et certaines personnes ont le strict minimum pour le rompre. » Comme Abdallah, un autre bénévole, c’est la première fois qu’elle participe. « Je suivais l’action de loin en étant en métrople, maintenant je la vois de près », détaille ce dernier. « Quand tu es passé par des moments difficiles, tu comprends, et ça motive pour aider. Il y a tout à gagner en fait. »
Mais Oirdi Anli aimerait créer une association afin de permettre aux entreprises de donner plus facilement, et ainsi pouvoir agrandir la liste et distribuer à plus de monde l’année suivante. Comme à ce petit garçon croisé à Cavani, en 2020, qui, par ricochet, a déjà permis à 184 familles, rien que ce week-end, d’avoir de quoi préparer leur repas de fête.