Lundi 25 mars, une réunion de retour d’expérience sur la crise de l’eau a été organisée par la préfecture de Mayotte, réunissant différents acteurs du territoire. La presse n’ayant pas été conviée, malgré nos demandes en amont, nous nous sommes appuyés sur le retour de nos sources pour rendre compte aux lecteurs, dans le Flash Infos du mardi 26 mars, de ce qu’il s’était dit durant cet événement sur un sujet qui concerne l’ensemble de la population mahoraise. Suite à notre article, Philippe Moccand, directeur schéma industriel et Outre-Mer de Citeo, a souhaité revenir sur certains points.
Flash Infos : La semaine dernière, nous avions eu une information comme quoi, lors d’un retour d’expérience sur la crise de l’eau organisé par la préfecture de Mayotte, Citeo avait indiqué rencontrer des difficultés à faire face aux déchets plastiques engendrés par l’importation massive de bouteilles d’eau potable. Vous avez voulu revenir sur ce point.
Philippe Moccand : Ce qui est vrai, c’est que le dispositif normal, c’est-à-dire les fameuses bornes que vous connaissez et qui sont réparties sur l’ensemble du territoire de Mayotte, ne pouvaient pas suffire pour traiter l’arrivée massive de bouteilles plastiques due à la crise de l’eau. Donc on a travaillé avec les services de l’État pour créer un nouveau site, qui est également au port, à Longoni, pour pouvoir stocker ces bouteilles avant de pouvoir les réexpédier pour recyclage. Celui-ci a reçu et continue de recevoir plusieurs centaines de conteneurs, donc un nombre assez conséquent de mètres-cube. Chaque camion qui vient ramener des conteneurs de bouteilles vides est vidé sur ce site-là. Et là, on remet des bouteilles vides dans de nouveaux conteneurs, qui partent vers La Réunion pour être compactées puis envoyées et recyclées en métropole. Donc, tous ces déchets sont amenés sur ce circuit logistique mis en place spécifiquement pour gérer la crise de l’eau.
F.I. : Avez-vous rencontré des difficultés à gérer ce surplus de bouteilles en plastique sur ce site dédié ?
P.M. : La distribution de bouteilles d’eau potable s’est arrêtée fin février. Bon, il y a eu ce mois de mouvements sociaux qui a pénalisé l’ensemble de la population mahoraise et nous compris sur le site, puisque ce dernier était complètement fermé. Donc on a aussi pâti de cela : pendant un mois, il n’y a pas eu de collecte. Oui, il y a un travail conséquent, ce qui est normal en raison de la distribution d’eau, mais l’engagement qu’on a, chez Citeo, c’est de traiter tous ces déchets. Que ce soit 11.000, 15.000, 20.000 m3 de bouteilles, cela mettra le temps qu’il faudra, mais on le fera.
F.I. : Lors de cette réunion organisée par la préfecture, on nous a rapporté qu’il avait été question d’aider les associations afin qu’elles puissent épauler Citeo. Pouvez-vous éclaircir ce point ?
P.M. : C’est inexact. Depuis le début, on travaille avec l’association Nayma, qui assure à la fois la communication de proximité, et des opérations de nettoyage, car malheureusement, tout le monde ne ramène pas forcément ses déchets plastiques aux bornes. Donc, on a organisé plusieurs opérations de nettoyage depuis septembre l’année dernière, et on les poursuit. Ce qu’il en est, c’est que là, on a une opération avec Nayma, depuis le 18 mars, où on incite l’ensemble de la population mahoraise à ramener, via un jeu concours, des bouteilles plastiques. Cela marche bien, car depuis le début, on n’a pas loin de 500.000 bouteilles qui ont été ramenées par la population, donc 500.000 bouteilles en moins dans les ravines et le lagon. Il y a un vrai engouement. Pour donner un ordre d’idée, sur une année à Mayotte, on est à peu près à 50 tonnes de bouteilles plastique qui sont triées, recyclées. Ça, ce sont les chiffres pour 2023. Là, en même pas dix jours, on a plus de 13 tonnes de bouteilles, c’est colossal. A côté de ça, on travaille aussi avec LVD environnement sur Majicavo-Koropa pour aller chercher les bouteilles dans le village. Donc ça, ce sont deux associations partenaires avec Citeo et je sais qu’il y a d’autres associations qui mettent en place des évènements de ramassage. On leur fournit notamment des sacs en coordination avec les services de l’État.
F.I. : Par rapport à ce site créé spécifiquement pour gérer le surplus de bouteilles plastiques, combien de temps encore va-t-il être nécessaire ?
P.M. : On restera présent le temps qu’il faudra. Pour vous donner un ordre d’idée, si vous aller sur la route de Longoni, il y a pas mal de conteneurs maritimes stationnés un peu partout. Dans ces conteneurs, il y a des bouteilles plastiques. On va mener une opération pour collecter l’ensemble de ces conteneurs et pouvoir les traiter sur le site de Longoni. Donc, je dirai que ça va mettre encore quelques mois. Là, on a une presse permettant de compacter les bouteilles qui va être mise en fonction dans les prochains jours. On cherche tous les moyens pour traiter le maximum de bouteilles. L’engagement de Citeo, c’est que toutes ces bouteilles amenées sur le site de Longoni soient traitées pour être recyclées. Dès que la presse sera fonctionnelle, les bouteilles plastique compactées à Mayotte seront envoyées directement dans l’Hexagone, chez un recycleur pour refaire des bouteilles. Cela permettra de sauter l’étape de l’envoi à La Réunion, où ces bouteilles sont actuellement compactées avant d’être envoyées dans l’Hexagone. Nous, l’engagement qu’on prend chez Citeo, c’est que chaque bouteille collectée puisse redevenir une bouteille.