La Réunion, un « Mayotte bis en matière de violence » ?

Dans un courrier adressé au préfet de La Réunion le 7 mars 2024, le député La France Insoumise (LFI) Jean-Hugues Ratenon réagit aux affrontements déplorés dans le courant de la semaine dernière à Saint-Denis et Saint-André. Selon l’élu de la 5e circonscription de La Réunion, des mesures radicales s’imposent. Dans celles qu’il propose, le député cible directement Mayotte.

« Aussi, je demande l’organisation et dans les meilleurs délais d’une large concertation pour analyser le phénomène afin d’élaborer des propositions d’actions concrètes à mettre en œuvre rapidement. Mais aussi se mettre d’accord sur des recommandations au gouvernement et aux institutions Réunionnaises, telles que l’expulsion du territoire des violents, l’arrêt de transfert de détenu de Mayotte vers La Réunion, l’arrêt immédiat de la venue des enfants de Mayotte dans des familles sur notre territoire sans contrôle et qui se retrouvent à la rue », propose l’élu au préfet Jérôme Filippini. Jean-Hugues Ratenon grossit le trait et conclut avec cette phrase : « On ne peut pas laisser La Réunion devenir le Mayotte bis en matière de violence ».

Ces propos n’ont pas manqué de faire réagir les Forces vives de Mayotte. Dans un communiqué en réponse, le collectif rappelle que le député réunionnais avait préalablement pris position contre l’opération Wuambushu. Un engagement notamment marqué par des « accusations virulentes », au cours desquelles il était allé « jusqu’à qualifier cette initiative de « honte pour la France » ». Pour les Forces vives, Jean-Hugues Ratenon est un paradoxe : « Vous [le collectif interpelle directement l’élu réunionnais] acculez l’île de Mayotte, un territoire en souffrance depuis plusieurs décennies par manque de solidarité de la nation et de son voisin le plus proche. Dans votre courrier, vous indexez le territoire comme un territoire de violence, oubliant que celle-ci est importée et surtout cantonnée à Mayotte depuis des décennies, dans l’indifférence générale en dépit des cris d’alertes répétés de la population mahoraise. Il est déplorable de constater qu’en tant qu’élu de gauche, votre solidarité semble conditionnée par des intérêts politiques plutôt que guidée par les valeurs d’équité et de justice. »

Les Forces vives conseillent ensuite le député : « Votre rôle en tant qu’élu et représentant de la nation ne se limite pas à défendre uniquement votre circonscription ; il vous incombe également de promouvoir les valeurs de solidarité et d’égalité sur l’ensemble du territoire national, y compris à Mayotte. Nous attendons de vous une prise de position claire en faveur d’une répartition équitable des ressources et d’un soutien inconditionnel aux efforts visant à améliorer la qualité de vie de tous les citoyens français, sans distinction de territoire ; à défaut d’excuses publiques pour tout un peuple mahorais et français que vous stigmatisez alors même qu’il est victime, à minima, d’un silence complice des difficultés qu’il traverse depuis des décennies. »

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