En septembre 2022, la compagnie yéménite avait été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris à la peine maximale pour homicide et blessures involontaires, suite à l’accident survenu en 2009 ayant entrainé la mort de 152 personnes. Depuis ce lundi et jusqu’à la fin du mois de mars, la cour d’appel hérite du dossier.
Dix-huit mois après sa dernière condamnation, la compagnie Yemenia Airways est à nouveau dans le box des accusés. Un procès en appel s’est ouvert depuis le lundi 4 mars devant la cour d’appel de Paris. Au terme d’une audience retentissante qui avait duré plus de deux trois semaines, le parquet avait requis la peine maximale de 232.500 euros, contre la compagnie reconnue coupable pour « blessures et homicide involontaires », le 2 juin 2022. Une amende qui a été confirmée le 14 septembre de la même année. Les audiences ont duré vingt-cinq jours. Depuis, les familles de victimes avaient enfin cru qu’elles pouvaient commencer à faire leur deuil. Mais à l’époque, l’avocat de la défense avait promis qu’il ferait appel. Le procès est donc relancé et devrait prendra fin le 28 mars prochain. On dit qu’un responsable de la compagnie sera bien là. En 2022, le banc des accusés était vide. La guerre qui ravage le Yémen était invoquée pour justifier cette absence. Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, un Airbus de la Yemenia s’abimait au large de l’Union des Comores. L’accident a causé la mort de 152 personnes, principalement des franco-comoriens qui rentraient pour la plupart passer leurs vacances dans l’archipel. Ils périront tous sauf, une passagère, Bahia Bakari, 12 ans à l’époque qui est restée la seule survivante en parvenant à s’agripper à un débris de l’avion. Âgée de 26 ans, aujourd’hui, la jeune femme sera appelée à comparaître encore. « Du 4 au 28 mars, la cour d’appel rejugera et réexaminera le dossier. Il s’agit d’un nouveau procès et à la fin la cour confirmera ou infirmera le jugement de culpabilité de la compagnie Yemenia Airways. Si jamais la seconde hypothèse se produisait la cour pourra maintenir son obligation à dédommager les victimes », a expliqué, l’un des avocats des victimes, maitre Saïd Larifou, interrogé ce mardi par Flash Infos.
Revivre le cauchemar
Pour le conseiller de la partie civile [d’autres avocats se sont constitués], cet appel est une façon pour la compagnie de se soustraire sans doute de ses obligations financières envers ses clients. « Nous nous étions préparés à cette éventualité et tiendrons notre rôle et prouverions une nouvelle fois sa culpabilité mais aussi l’aggravation de sa condamnation financière. Moi, je m’attendais à un procès en appel car dans cette triste affaire du crash aérien, Yemenia Airways et son assurance n’ont jamais fait preuve de réelle et sincère compassion pour les familles de 152 personnes qui ont perdu leur vie », a dénoncé maître Larifou. Ce dernier regrette qu’on fasse revivre aux proches un cauchemar durant plus de trois semaines. « Nos clients vont encore devoir déterrer leurs proches et revivre dans la douleur 24 jours d’audience. Même pour nous les professionnels, c’est très difficile de revivre ces faits. Personnellement, je me suis engagé dans ce dossier dès les premiers jours du crash et je ne vous cache pas le poids de l’investissement humain nécessaire pour suivre toutes les étapes de toutes les procédures », a ajouté l’avocat franco-comorien qui a précisé que le procès pourrait se prolonger jusqu’au 29 mars si nécessaire. La partie civile attend encore une condamnation à l’issue de cette audience en appel. En première instance, la justice avait noté des négligences de la compagnie pour avoir maintenu les vols de nuit sachant que certains feux de l’aéroport ne fonctionnaient pas. L’un des pilotes n’avait pas assez d’expérience relevait le tribunal correctionnel de Paris dans son réquisitoire du 2 juin 2022, citant les conclusions des enquêteurs. D’où la prononciation de l’amende maximal de 232 500 euros. Cette peine sera-t-elle revue à la hausse ? « La vraie justice aux familles serait la reconnaissance de leur douleur, tristesse et la fin du mépris à leur égard. Dans ce dossier, une autre logique juridique voudrait que certaines familles, parce que leurs proches décédés dans le crash sont de nationalité étrangère, n’accèdent pas à la justice. C’est une forme de discrimination judiciaire que nous tenons à combattre pour faire valoir les droits de toutes les victimes de ce drame », promet maître Larifou. A ce propos, au lendemain du verdict de prononcé en première instance, les proches des victimes qui ne disposaient pas la nationalité française avaient exigé l’ouverture d’une enquête aux Comores. Mais cette requête est restée sans suite.
On ignore si après le ce procès, les proches restés aux Comores relanceront la démarche ou pas.