Le bilan des échanges, parfois houleux, qui se sont tenus durant la conférence débat organisée ce vendredi par la JCE Mayotte, fait état d'un paradoxe inquiétant. Malgré une croissance mahoraise qui continue d'avancer, soutenue par une consommation des ménages aussi dynamique que l'activité des services marchands, le bâtiment, secteur clef de l'économie locale –le BTP représente 30% des entreprises locales, et emploi 36% des actifs – fait face à de nombreuses difficultés, et les perspectives 2009 tendraient à dramatiser la situation. En cause, la collectivité et les communes. Mauvaises payeuses à la gestion hasardeuse, les institutions publiques, premiers clients du secteur, "laissent sur le carreau de nombreuses entreprises, dont certaine ont 50% de leur chiffre d'affaires inscrit comme créance", précise Pascal Labriet, directeur de la SMTPC et représentant de la FMBTP. De plus, les collectivités n'ont pas renouvelé les commandes de projets structurants pour l'année à venir (gymnases, écoles, collèges, routes…), pourtant nécessaires au développement de l'île. "2009 sera une année charnière. Les quelques chantiers que l'on trouve éparpillés sur l'île aujourd'hui ne sont rien d'autre que les arbres qui cachent la forêt."
Pour faire face à cette situation, le soutien des banques est impératif. Dans ce sens, Madi Issouf, représentant la BFC, a promis que les conditions d'accès à l'emprunt et la confiance dans les partenaires sont maintenus. Une position que ne semble pas partager M. Labriet, qui a expliqué que la multiplication des créances, imputables à l'attitude des collectivités, conduit les banques à refuser l'emprunt. Sans ressources et privé de l'accès au crédit bancaire, les entreprises revoient leurs investissements à la baisse. Un cocktail explosif qui conduira inévitablement à des licenciements, ont prévenu la Capeb et la FMBTP. Et si les "gros" arrivent à se maintenir, grâce au soutien de leur maison mère, la situation devient "très difficile pour les petits artisans", comme l'a expliqué le représentant de la Capeb.
D'autant plus difficile que ces artisans qui "tablent sur le marché des particuliers pour tenter de se relancer, sont concurrencés déloyalement par le travail illégal", selon le représentant du Medef, Marc Bailleul, qui a dénoncé un renoncement de l'Etat et des pouvoirs publics à combattre l'économie parallèle. "Ceux qui opèrent dans la légalité sont en train de mourir"a-t-il conclu. On regrettera que les chambres consulaires (CCI, Capam, CMA) n'aient pas porté plus le ou les messages de leurs adhérents, bien qu'elles aient toutes trois insisté sur l'importance de maintenir et d'intensifier la formation, tout comme la Boutique de gestion, qui conclura sur une note positive : les porteurs de projets sont de plus en plus nombreux.
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