La pâleur des coraux inquiète le Parc naturel marin

L’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (Noaa) alerte sur le blanchiment des coraux à Mayotte en février et en mars. Pour aider le Parc naturel marin de Mayotte à le mesurer, les citoyens sont invités à transmettre ce qu’ils observent sous l’eau.

« Un corail c’est une sorte d’HLM [habitation à loyer modéré], une étagère avec plein de petites cases en calcaire dans lesquelles vivent des petits animaux, les polypes », image Guillaume Amirault, directeur adjoint du Parc naturel marin de Mayotte. Quand l’eau se réchauffe, 31 degrés autour de l’île à en croire ses amis plongeurs, ces polypes fuient et partent dans les profondeurs. Le squelette calcaire, inhabité, blanchit. C’est ce qui est en train de se produire selon l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (Noaa) qui alerte sur le blanchiment des coraux à Mayotte pour les périodes de février et mars. « C’est assez peu marqué pour le moment, mais ça a déjà commencé», informe le directeur adjoint du Parc qui a relayé cette alerte dans un communiqué, le jeudi 15 février.

D’ici quelques jours, le 18 mars, la structure souhaite réaliser une expertise pour aller constater la situation. Ainsi, pendant la période de pic annoncée par la Noaa, un prestataire viendra faire des mesures. Le Parc fera ensuite un suivi de la mortalité dans six à huit mois. Le verdict, lui, tombera en août ou en septembre.

Une importance au-delà des coraux

«Ce n’est pas une fatalité. Ce qui compte c’est la durée et l’intensité de ce blanchiment. Jusque-là, à Mayotte, les coraux s’en sont plutôt bien remis », nuance Guillaume Amirault. Quand les polypes remontent, le corail recouvre sa couleur. Ces épisodes se sont déjà produits en 1998, 2010, 2016, 2021 et 2023. Et devrait encore se reproduire en 2024 comme annoncé. Mais si ces phénomènes sont liés au réchauffement climatique, aux conditions météorologiques (un cyclone prochain par exemple pourrait faire baisser la température et y remédier), ils le sont aussi à la pollution, aux déchets et eaux usées, ainsi qu’aux produits phytosanitaires présents dans le lagon. Ce qui affaiblit les coraux. « C‘est comme nous, un rhume, ça va. Un rhume et un mal de tête ça va encore, mais si on ajoute une infection, on aura plus de mal à la combattre », illustre le directeur adjoint.

Pour aider le Parc marin à prendre la mesure de ce phénomène, tous les Mahorais partis en exploration sous-marine sont invités à aviser le Parc quant aux observations faites : date de l’observation, localisation précise (si possible par point GPS), l’estimation du nombre de coraux affectés par le blanchiment et, dans l’idéal, une photographie ou une vidéo. Une façon aussi de sensibiliser et d’informer les usagers du lagon.

« On ne protège pas les coraux que pour les coraux », déclare ce conservateur du lagon de Mayotte. La destruction de ces coraux peut effondrer tout l’écosystème du lagon, réduire le nombre d’espèces. « Le récif, au-delà de sa beauté, abrite aussi une ressource économique », faisant référence à la pêche professionnelle de poissons et au tourisme. Mais « voir le récif disparaître », c’est aussi, prévient Guillaume Amirault, nous exposer davantage aux aléas extérieurs venus de l’océan. Le corail agissant comme barrière protectrice.

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