À 16 ans, Valkéria Nafiza Attoumany Rama a remporté la médaille d’or au championnat de France de kick-boxing light, le dimanche 18 janvier, à la Salle Omnisport de Saint-Étienne. Cette jeune prodige, membre du club Maoré Boxing depuis 2021, porte haut les couleurs de l’île au parfum.
« Cette année, c’est mon année. Je voulais prendre ma revanche au championnat de France. » C’est avec cette détermination sans faille que Valkéria Nafiza Attoumany Rama évoque son expérience au niveau national. « Je n’arrive toujours pas à y croire », avoue humblement l’adolescente, malgré sa brillante victoire. La sportive partage avec émotion son incroyable aventure lors du récent championnat.
Le premier combat, qui a eu lieu le 17 février, a été une véritable montagne russe émotionnelle pour Valkéria. « J’étais stressée, je ne voulais pas perdre dès le premier combat. Je me suis donnée à fond et tout s’est bien passé. » Elle a pris son courage à deux mains et elle a réussi à surmonter ses craintes pour remporter la victoire. Au deuxième combat, sa stratégie a été encore plus précise. « J’ai réussi à identifier le point sensible de mon adversaire », explique-t-elle. Enchaînant les coups en front-kick, elle a mis son adversaire à terre et a décroché sa place en demi-finale.
La finale ne fut pas moins intense. « Un combat remporté grâce à la maîtrise de soi », raconte-t-elle avec fierté. Consciente de son tempérament parfois colérique sur le tatami, Valkéria a choisi d’adopter une stratégie différente pour ce match décisif. « Me connaissant, je suis un peu colérique à la boxe, donc si on me met des coups, j’ai envie de répliquer plus fort. » Cependant, elle a su canaliser cette énergie pour se concentrer sur une tactique basée sur l’accumulation de points. « Je me suis retenue et j’ai essayé de marquer le plus de points pour gagner. » À l’annonce de sa victoire, l’émotion a submergé Valkéria. « J’ai couru et j’ai pleuré dans les bras de mon coach Didier », se souvient-elle avec émotion.
Cette victoire est bien plus qu’un trophée, c’est un cadeau d’anniversaire spécial pour sa mère. Avant de partir pour la compétition, Valkéria avait promis à sa mère qu’elle gagnerait la compétition pour elle. Et elle a tenu sa promesse.
Mais le chemin vers le triomphe n’a pas été de tout repos. Deux semaines seulement avant son départ pour la métropole en vue du championnat, Valkéria a été confrontée à la triste réalité. Les problèmes d’insécurité dans sa commune l’ont empêchée de se rendre aux entraînements régulièrement. Indomptable, elle n’a pas fléchi. Gants de boxe en main, les entrainements se sont déroulés dans la cour de sa résidence, avec l’aide d’Alan, son voisin. En temps normale elle s’entraîne assidûment trois fois par semaine, affirmant que la boxe est pour elle une manière de « lâcher prise ».
Du Karaté au Kick Boxing
Cette sportive accomplie se distingue par sa passion pour le kick boxing, un domaine où elle excelle. Mais ce sport de combat n’a pas été sa première vocation. Dès l’âge de 6 ans, elle a embrassé le karaté, obtenant la ceinture marron avant de se tourner vers le Kick boxing à 13 ans. Et en seulement trois ans, Valkéria a accumulé un impressionnant palmarès : quatre trophées, six médailles d’or, une en argent et une médaille de bronze.
Derrière ces exploits se cachent également des critiques. La jeune fille se souvient encore du jour où on lui a dit qu’elle n’était « pas assez féminine » parce qu’elle pratique la boxe, « pourtant, c’est un sport pour tout le monde » rétorque-t-elle. « Ce qui me rend heureuse, c’est de voir autant de filles revenir avec des médailles », déclare-t-elle. Elle pense notamment à Shayana, Mariam et Kelys, des jeunes femmes qui partagent sa passion.
En dehors du tatami, Valkéria a d’autres rêves. Elle désire devenir avocate afin de défendre ses convictions avec éloquence et persévérance. « J’ai envie de montrer qu’il y a du potentiel à Mayotte », affirme-t-elle.
Une famille de combattants
Valkéria Nafiza Attoumany Rama puise sa force et son inspiration dans les liens familiaux qui l’unissent à ses proches. Son frère, Mickaël Raobison, déjà sacré champion de France en 2019 dans le kick-boxing, incarne pour elle un modèle à suivre, une source d’inspiration qui guide ses pas sur le chemin de la réussite sportive. Son père, ceinture noire de karaté, lui a transmis les valeurs de discipline dans les arts martiaux.
L’adolescente ne se contente pas des victoires nationales, aussi prestigieuses, soient-elles. Son regard est tourné vers un objectif encore plus ambitieux , celui de devenir championne du Monde du kick-boxing.