14/03/2008 – Des jeunes pour préserver notre culture

Arrivés sur le territoire national le vendredi 29 février, la vingtaine de jeunes composant ce groupe, âgés de 6 à 16 ans et accompagnés de six adultes ont offert, ce samedi 8 mars – Journée internationale de la femme – un spectacle de grand talent à Saint-Denis (93), en région parisienne. Invité par l’Association de la communauté mahoraise en Île-de-France (ACMI), le Cclej de Pamandzi avait déjà offert un premier spectacle, au lendemain de son arrivée – le 1er mars – dans le stand de Mayotte au Salon de l’agriculture, Porte de Versailles. Un avant-goût qui avait émerveillé les nombreux curieux présents pour la fermeture du salon.

Emerveillement, cela a aussi été le cas à Lyon, le même jour. Invités là aussi par une association mahoraise, celle des Mahorais du Rhône (AMR), les jeunes danseurs de Pamandzi ont ici surpris des Mahorais assez réservés au départ, à l’idée de venir assister à un spectacle assuré par des enfants. Mais à la fin du spectacle, tous ont été étonnés de la manière dont ces enfants ont assuré ces danses qu’on ne voit plus et dont l’existence nous parait si lointaine. Car malgré les dires de certains – selon lesquels la culture traditionnelle mahoraise aurait perdu son authenticité et qu’il ne resterait aujourd’hui que de simples traces de son vécu – il est important de souligner que d’autres travaillent, dans l’ombre, pour faire revivre cette culture et surtout la faire partager.

C’est exactement le cas de ce centre de loisirs de Pamandzi qui dispose en autre d’un atelier permanent de danses traditionnelles, tenu par Nouriatti Mohamed, dont l’objectif est d’apprendre à des jeunes de 6 à 16 ans, voire au-delà, certaines danses qui, sans cet atelier et les souvenirs des anciens, ne feraient plus partie que de l’histoire ancienne de Mayotte.
Au sein de cet atelier, ces jeunes apprennent à chanter et à danser le karama, le kwézi coco, le mengochouma, le bazo, le haïlolo, le namachololo, le chirondroa, le chipanga, le bomo, le tratrumbé, le chakacha, le biyaya, le chigoma, le mlélézi ou mchogoro, le mgodro authentique (traditionnel, ndlr) le magandja et tant d’autres.

Des danses et des chants ancestraux qui tentent de se frayer un chemin au sein d’un paysage culturel dominé par des musiques modernes en tous genres. "Ce qui est difficile pour nous, c’est qu’au-delà de 17 ans, il nous est difficile de garder ces jeunes", regrette Souraya Abdourahamane, animatrice au Cclej de Pamandzi qui nous explique qu’arrivés à cet âge de la majorité, les jeunes ont du mal à supporter le fait de danser autour de la tradition.

 

La santé, la jeunesse et le sport ne font qu’un

Les Cclej, associations de type loi 1901, ont été mis en place à l’initiative du conseil général pour permettre aux animateurs communaux de Mayotte de créer des activités ludiques et éducatives dans les villages de l’île. Le Cclej de Pamandzi vit au moyen des festivités qu’il organise, mais aussi et surtout des subventions que lui accorde la commune. L’année dernière, le Cclej avait reçu de cette dernière une somme non négligeable de 40.000 euros, principalement dédiée à la gestion du centre, des ateliers, au financement des costumes ainsi qu’aux échanges comme celui-ci avec l’ACMI.

Pour commémorer à sa manière la Journée internationale de la femme, cette dernière a fait appel au Cclej. Ce samedi 8 mars, ils se sont fait attendre, les Mahorais de Paris et d’Ile-de-France, mais ils sont quand même venus encourager ces jeunes, très à l’aise dans leur engagement à faire vivre la culture traditionnelle mahoraise. Ils ont laissé sans voix ces Mahorais qui ont fait durant quelques heures un petit retour aux sources.
A la fin, tous étaient convaincus qu’il fallait absolument faire en sorte que ces danses ne se perdent pas. Et la manière d’aider ceux qui s’engagent à les faire vivre est un fort soutien public à travers des politiques culturelles de qualité et des échanges comme le Cclej de Pamandzi, pris pour exemple, a l’habitude de faire, à Mayotte mais aussi dans la région, comme récemment au festival Donia à Madagascar, à Zanzibar ou encore dans le reste de l’archipel des Comores.
Ces échanges concernent aussi l’Hexagone et l’Europe. Une initiative à soutenir car après cette représentation réussie à Saint-Denis, les danseurs du Cclej se sont produits dans une école de Montreuil, toujours en région parisienne, avant de reprendre l’avion ce jeudi pour Mayotte. Ce groupe qui a aussi remporté le 1er Prix de danses traditionnelles lors des derniers Jeux de l’avenir est encouragé par les Affaires culturelles du conseil général. Comme quoi, la santé, la jeunesse et le sport ne font qu’un. Vive la culture !

R.T Charaffoudine Mohamed

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