La réussite des étudiants mahorais en Métropole est insuffisante. Le constat est amer, mais brutal. Une fois dans l’Hexagone, nos lycéens et étudiants sont plus confrontés à l’échec scolaire que leurs homologues de l’Hexagone ou des autres Dom-Tom. Changement de climat, de société, éloignement de la famille, peu de structures de soutien, repli communautaire, pas de préparation à la vie universitaire, tous ces éléments jouent dans le bilan peu flatteur des Mahorais : 6% passeraient du bac à la deuxième année de licence en 3 ans contre 20% au niveau national.
Hervé Baussart, professeur à l’Université de Lille 1 et ancien président de la même université a passé deux jours à Mayotte dans le cadre d’une mission du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Le but de celle-ci est de prendre en considération les conditions de vie des étudiants ultramarins – et donc des Mahorais – et de s’intéresser à leur environnement de départ pour améliorer leur réussite scolaire une fois dans l’Hexagone.
“La mobilité, le transport, l’orientation, nous nous intéressons à tout cela. Nous avons remarqué que l’orientation est surtout disciplinaire, alors qu’elle doit répondre à un projet professionnel. Nous devons aussi travailler sur l’accueil et l’accompagnement. Pourquoi ne pas faire bénéficier d’un système d’accueil à l’université avec tour du campus comme c’est le cas pour les étudiants étrangers ?”, a souligné l’émissaire de Valérie Pécresse. Lors d’une discussion avec des conseillers généraux ainsi que des techniciens de la CDM, Hervé Baussart a pu relever les attentes des élus mahorais.
Pas de pôle ni de logements universitaires à l’heure actuelle à Mayotte
Ainsi pour Hadadi Andjilani, 3ème vice-président du conseil général, étudier à Mayotte n’est pas un problème, au contraire de nombreux étudiants mahorais retardent leur départ en Métropole en assistant à des cours à l’IFM, au CEFSM ou au Cnam. Ce sont plutôt les conditions dans lesquelles les étudiants mahorais suivent leurs études supérieures : pas de pôle universitaire, ni de système de réductions pour leurs activités, transport parfois long entre le lieu de résidence et les salles de classe, etc. Le conseiller général de M’tzamboro, Ali Bacar, considère pour sa part qu’il y a “un énorme gâchis”, puisque des étudiants mahorais reviennent avec des compétences, mais sont contraints par le marché de l’emploi à se caser dans un secteur qui ne leur correspond pas.
Didier Mercier-Lachapelle, directeur général adjoint aux services à la population a quant à lui insisté sur la position statutaire bancale de Mayotte. “Nous ne sommes ni un Dom, ni un Com, mais une CDM, un statut qui n’est pas connu par les administrations universitaires. Cela n’est pas évident pour nos étudiants à faire comprendre aux personnels auxquels ils sont confrontés durant leurs démarches.” Enfin pour Mirhane Ousseni, 4ème vice-président du conseil général, la CDM attend que l’État mette des dispositifs complémentaires aux siens pour aider les étudiants mahorais en Métropole, surtout en matière de logement et d’accompagnement dans les démarches administratives. “Nous avons mis en place 5 médiateurs académiques qui sont chargés d’aider les étudiants mahorais sur place”, confie-t-il.
On le voit, les pistes de réflexion sont nombreuses, les solutions peuvent l’être aussi. Cette étude sur les conditions de vie des étudiants ultramarins se poursuit jusqu’en février. En espérant qu’elle puisse aboutir sur quelque chose de concret.
Faïd Souhaïli
Des étudiants pas tout à fait comme les autres
Les étudiants mahorais qui restent sur l’île sont de plus en plus nombreux. Mais contrairement à leurs collègues qui sont sur le territoire hexagonal ou dans les Dom, ils ne profitent pas de tous les avantages que pourrait leur conférer leur statut. Pas de réduction dans les transports, ni de logement universitaire, encore moins de sécurité sociale ou de mutuelle étudiante. Bref, la vie universitaire mahoraise n’est pas facilitée même si les étudiants possèdent une carte d’étudiant et la bourse nationale.
En Métropole, l’opération Micro portable étudiant (Mipe) a permis depuis 2004 à plus de 600.000 étudiants de disposer d’un ordinateur portable de qualité, à prix plancher, avec solution de financement correspondant à moins d’un euro par jour, garanti 2 ans et équipé des logiciels de base (tableur, traitement de texte, anti-virus). En 2004, 8% des étudiants français disposaient d’un ordinateur portable, maintenant, ils sont 55%.
Un effort a été fait également dans les universités pour avoir un accès gratuit à internet pour les étudiants grâce à des bornes wi-fi. Malheureusement, comme pour de nombreux dispositifs, tout cela n’est pas accessible à l’étudiant mahorais à l’heure actuelle, alors que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche reconnaît que la maîtrise des outils informatiques est aujourd’hui un préalable à toute insertion professionnelle.
Certains établissements ont choisi le principe du podcast ou baladodiffusion pour diffuser leurs cours. C’est le cas notamment de la faculté de médecine de l’Université Joseph Fourier Grenoble 2. Plus besoin d’être en amphi pour suivre le cours et il y a une possibilité d’envoyer ses questions aux professeurs par courrier électronique…
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