Pendant ce temps, aux Comores, on estime que le droit du sol n’a pas lieu d’être

C’est la posture ancienne qui prévaut dans le communiqué rédigé par le ministère comorien des Affaires étrangères, ce mardi. Réagissant à l’annonce d’une possible suppression du droit du sol à Mayotte, les autorités du pays voisin répondent que « cette annonce ne concerne pas les Comoriens, qui à Mayotte sont chez eux ».

Il n’y a pas qu’en France que les réactions sont nombreuses après l’annonce de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outremer, de supprimer le droit du sol à Mayotte. De l’autre côté de l’archipel, le ministre comorien des Affaires étrangères a également publié un communiqué daté de ce mardi. Sans surprise, les autorités voisines y développent la litanie habituelle en lien avec leurs revendications. « Quoi qu’il en soit, cette annonce ne concerne pas les Comoriens, qui à Mayotte sont chez eux », estiment-elles. Même si les Mahorais ont renouvelé à de multiples reprises leur attachement à la France et à leur statut départemental, les Comores s’appuient toujours sur les résolutions onusiennes pour « sommer » le gouvernement français de « respecter la souveraineté des Comores sur cette île ».

Concernant le climat actuel lié à l’insécurité et le poids de l’immigration sur le territoire, le pays voisin porte la responsabilité sur l’État français. « La situation précaire et inquiétante qui perdure dans cette île ne peut donc être attribuée qu’à ceux qui en ont la gestion depuis toutes ces années », fait remarquer le ministère de l’Union, oubliant que la situation tout aussi précaire sur ses trois îles provoque le départ de ses ressortissants.

Une relation complexe

La France et les Comores entretiennent des liens complexes, et ça depuis de nombreuses années. Un accord en 2019 promettait une enveloppe de 150 millions d’euros pour la réalisation de projets structurants. En retour, les Comores s’engageaient à participer davantage à la lutte contre l’immigration clandestine. L’ex-ministre des Affaires étrangères et de l’Europe, Catherine Colonna (remplacée par Stéphane Séjourné depuis), avait justifié cette stratégie en octobre 2022. « Il faut trouver des solutions pour que les pays les moins développés, furent-ils près de nos côtes, se développent et qu’il y ait moins d’immigrés. Vous ne réglerez pas le problème de l’immigration illégale, irrégulière si vous n’agissez pas sur les causes de cette migration », avait-elle rétorqué à la députée de Mayotte, Estelle Youssouffa, qui s’oppose fréquemment « à la stratégie du carnet de chèques ».

Pourtant, selon le Canard enchaîné, en 2023, les fonds n’ont été utilisés qu’en partie, puisque le pays se révèle incapable de mener les projets à terme. Pire, celui-ci invoquait un non-respect de l’accord de 2019, par exemple, pour bloquer pendant trois semaines le retour de ses ressortissants expulsés pendant l’opération Wuambushu. Le président Azali Assoumani, pourtant fraîchement élu président de l’Union africaine grâce à l’appui de la France, avait dû se résoudre au blocage sous la pression populaire, notamment d’une île anjouanaise inquiète d’un afflux important de Comoriens pas forcément désireux de rentrer.

A la fin de leur communiqué, les autorités comoriennes préviennent qu’elles « ne cesseront jamais de revendiquer Mayotte ». Ça risque d’être long…

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