Le collège de M’gombani et le lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, ont tous les deux fermé leurs portes à midi ce mardi. Le premier en raison d’affrontements à ses abords, l’autre en raison du manque de personnel et de collation dû aux barrages. Dans les deux cas, les tensions que traversent l’île depuis plusieurs semaines ont joué un rôle prépondérant.
Le collège de M’gombani, à Mamoudzou, a fermé ce mardi midi, en raison d’échauffourées qui ont eu lieu à ses abords. « Il y a eu des premiers caillassages à 8 heures aux abords du collège, puis une intervention de la BAC (brigade anti-criminalité) a permis un retour au calme », commence Benjamin Lazard-Peillon, directeur de cabinet du rectorat de Mayotte. Une fois que les élèves ont pu reprendre les cours, les violences ont repris aux abords du lycée vers 10 heures. « Une bande de jeunes équipés de cailloux et de barres de fer sont descendus vers l’établissement. Les élèves et le personnel ont été mis en sécurité à l’intérieur, mais il y avait de très fortes tensions aux abords du collège », poursuit-il. La complexité de la situation renforcée par le manque de personnels en raison des barrages, la décision a été prise de suspendre les cours dès midi, pour ne pas prendre de risques. La fermeture se prolonge, ce mercredi.
Plus de peur que de mal, car de son côté, le commissaire Hervé Derache, qui a lui même tourné une heure et demie avec la BAC autour de l’établissement dans la matinée, décrit de « petits affrontements sporadiques auxquels on est habitués entre collégiens ». Des individus de M’tsapéré seraient ainsi venus « perturber le bon déroulement des transhumances scolaires autour de M’gombani ». Si plusieurs jeunes ont été interpellés, le commissaire parle de « non événement » qui ne justifiait pas, selon lui, de fermer l’établissement. À midi, la situation était sous contrôle. Un épisode qui montre la période de tensions que traverse le personnel pédagogique, sur le qui-vive et en manque d’effectifs depuis le début des barrages, et qui endure, tout au long de l’année, la violence aux abords de leurs établissements.
Un lycée en défaut d’encadrement
De son côté, le lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, a également du fermer ses portes à midi. Les élèves nous conferment des tensions dans le quartier liées à des affrontements semblables à ceux devant le college. En outre, le manque important de personnel en raison des blocages barrant les routes a poussé le rectorat à suspendre les cours. « Le lycée s’est retrouvé en défaut d’encadrement au niveau de la vie scolaire. Pour des raisons de sécurité, on s’est retrouvés obligés de mettre fin aux cours à midi », précise le directeur de cabinet du rectorat. De plus, la livraison des collations n’a pas pu se faire, empêchant l’établissement d’être en capacité de distribuer un repas aux élèves, qui est parfois le seul de la journée. « On ne peut pas garder les enfants si on ne peut pas leur garantir un repas. Les élèves ne peuvent pas rester le ventre vide en cours toute la journée », stipule Benjamin Lazard-Peillon. Contrairement à M’gombani, le lycée sera ouvert, ce mercredi.
Depuis le début du mouvement social, la décision de fermer ou non tel collège ou tel lycée se prend au jour le jour par le rectorat, qui prend en compte deux éléments prépondérants : le déficit d’encadrement, que ce soit au niveau du nombre d’enseignants ou de membres de la vie scolaire, et l’absence de livraison de collations.