Alors que les manifestants tentaient d’atteindre le tribunal judiciaire (voir par ailleurs), la justice suivait son cours, ce mardi matin, avec plusieurs affaires d’escroquerie.
Parmi les cas présentés, ce mardi, une affaire d’escroquerie requalifiée en abus de confiance concernait trois collègues de travail de Kani-Kéli. En 2021, l’un d’eux évoque l’achat d’un véhicule en métropole lors d’un appel téléphonique avec un membre de sa famille. Le cousin a alors proposé d’organiser l’achat du véhicule, prétendant qu’il partirait en métropole et qu’il pourrait ainsi conclure l’affaire sur place. Cependant, après avoir reçu la somme de 4.900 euros en liquide, le prévenu est parti sans jamais revenir avec le véhicule promis.
Entretemps, un autre pensait profiter du même système pour deux deux-roues. « En tout, l’achat et l’envoi de ces deux véhicules devaient me coûter 2 800 euros, du moins c’est ce qu’il m’avait dit », a déclaré la victime aux gendarmes de M’zouazia. À ce jour, il n’a toujours pas reçu sa commande. L’accusé a reconnu les faits lors de son interrogatoire, admettant avoir agi sous le prétexte d’un besoin urgent d’argent. Son avocate a plaidé en faveur d’une requalification des charges pesant sur l’accusé. Car pour maître Aurore Baudry, le manque de preuves matérielles est favorable à son client. L’enquête ne montre pas si les sommes évoquées ont été effectivement versées par les victimes à son client. « Ce n’était pas de l’escroquerie, mais de l’abus de confiance », affirme l’avocate, demandant la relaxe de celui qui est aujourd’hui en arrêt maladie. Le tribunal a bien requalifié les faits, mais l’homme est bien reconnu coupable d’abus de confiance dans les trois affaires examinées. Il est condamné à huit mois de prison avec sursis, trois ans d’inéligibilité, à indemniser ses victimes autant pour l’argent subtilisé que pour le préjudice moral.
« Faute avouée à moitié pardonnée »
Il a suffi de quelques paroles pour que le jeune homme de 24 ans arrive à convaincre ses trois victimes de retirer des sommes allant de 890 à 1.558 euros en liquide, au début de l’année 2021. Déjà condamné à huit de mois de prison pour escroquerie, cet habitant de Cavani s’est retrouvé devant la juge Aline Charron et ses assesseurs, sans avocat pour le représenter, ce mardi. Peu audible à la barre, il est capable pourtant d’une aisance oratoire, comme ses trois victimes ont fini par le comprendre. A chaque fois, il se présentait à eux en leur promettant des virements ou en faisant un chèque (sans provisions) pour les convaincre de lui retirer de l’argent. Plus troublant, toutes les victimes sont clientes de la même banque. Cette coïncidence n’a pas échappé à l’attention de Louisa Aït Hamou, procureure adjointe. « Vous avez dit que « les procédures sont simples et rapides, en quelques minutes, on peut avoir de l’argent » », reprend la procureure adjointe, à celui qui dit ne plus s’en souvenir et l’explique plutôt par la proximité du distributeur de Kawéni où il ciblait ses victimes.
Reconnaissant les faits, il a tenté de se défendre en affirmant avoir présenté des excuses à l’une de ses victimes et avoir remboursé deux d’entre elles à hauteur de 50%. Il fait valoir aussi les heures de travaux d’intérêt général qu’il a déjà réalisées. En admettant sa culpabilité et en exprimant des remords envers ses victimes, le père de famille souhaite éviter un retour par la case prison. La procureure adjointe le sait, mais rappelle : « « Faute avouée à moitié pardonnée », c’est ce qu’on dit aux enfants ».
Le tribunal correctionnel a finalement condamné le jeune homme à un an de prison ferme (qui sera sans doute aménagé en maintien à domicile). Il devra rembourser le reste des sommes volées et s’acquitter de 500 euros de plus par personne.