Juillet 2008 – Voyages – Ile Maurice

Caudan, le front de mer
L'antre de la consommation mauricienne

Depuis 1996, les Mauriciens se baladent sur un front de mer sublime dans leur capitale Port-Louis. Un lieu de villégiature piétonnier, ombragé, fleuri, où se croisent touristes et locaux venus remplir leurs sacs de vêtements de marques, voir un film au cinéma, tester une machine à sous au casino ou se promener entre amis ou en familles, avant de boire un jus de fruits frais, manger une glace ou dans l'un des innombrables restaurants.

Le Caudan, le front de mer de Port-Louis, vibre d'une frénésie intenable. Des milliers de personnes se bousculent auprès des centaines de magasins de vêtements, des bijouteries et autres commerces, formant une mêlée métissée originale. Indiens, Asiatiques, Européens, Africains, tous les descendants métissés ou pas de ces peuples qui sont passés puis restés dans l'île Maurice emplissent les rues de leur énergie. C'est le jour de la grande braderie au Caudan. La semaine prochaine, les modèles de la nouvelle saison arrivent des usines textiles situées plus dans le centre de l'île, au milieu des champs de canne. Alors tout doit partir et tout partira.
C'est une sorte de carnaval consumériste qui défile dans ces 9 hectares où prennent place six imposants bâtiments de trois étages. Les Mauriciens peuvent venir prendre une revanche sur ces établissements qui vendent des produits de marques à des prix quasiment égaux à ceux pratiqués à la Réunion, alors que le salaire de base mensuel ne dépasse pas les deux cents euros. Pendant la braderie, les prix tombent. Sept euros la chemise Cerruti, dix euros le pantalon de chez Harper's, des Nike dernière mode à 75 euros, etc.
"On se croirait à Monaco", s'enthousiasment des touristes à la vue de cet ensemble architectural. Les palmiers et autres arbres soigneusement entretenus, tout comme toutes ces fleurs colorées, ces bancs agréables, ces allées ombragées, ces patios, ces places et placettes, ces colonnades, ces galeries marchandes, ces fontaines donnent à l'endroit un cachet unique.
Le front de mer de Port-Louis est en effet sublime, d'une propreté et d'une organisation toutes britanniques. Des canons anciens visent l'horizon aujourd'hui pacifié, vestiges d'un passé où les marines européennes se battaient pour la domination des mers du globe. Des bancs ombragés accueillent les flâneurs un temps. Il y fait bon se promener sur la corniche en face du premier port de transbordement de l'ouest de l'océan Indien, déguster des plats du monde entier sous l'égide du père de la nation, le docteur Seewoosagur Ramgoolam, dont la statue orne une immense esplanade.
L'impression qui en ressort, hors de la beauté du site et du rêve de voir un jour une telle structure dominer le lagon mahorais, est celle d'une économie très dynamique qui crée des écarts importants au sein de la population. Pour s'en convaincre, à cinq cent mètres du Caudan, le marché pittoresque et historique de Port-Louis accueille des personnes bien plus modestes et propose des produits bien moins clinquants.

 

Exister aux yeux du monde, lui ressembler aussi

Le Caudan ne représente pas l'arbre qui cache la forêt pour autant, il est plus un marqueur de la volonté d'ouverture de l'île Maurice, de son ambition à s'élever économiquement, à exister aux yeux du monde, à lui ressembler aussi, en reprenant des codes "occidentaux" partagés pourtant aussi bien en Inde qu'au Japon ou au Trocadéro à Paris. Beaucoup de jeunes affichent des styles tirés non pas des derniers clips de rap, mais plutôt de ceux de musique électronique type tecktonic.
Les cheveux sont noyés sous des tonnes de gel, des crêtes iroquoises sont posées sur des têtes minces, les jeans serrés sont portés aussi bien par les filles que par les garçons. L'upper class (la haute bourgeoisie) se devine dans le port de sac Vuitton et des lunettes de soleil du dernier chic hiltonien*. Les talons des bottes ou bottines sont hauts, les chevilles minces pressent le pas, le sourire s'absente. Pour cette jeunesse, le Caudan est "the place to be", là où tout se joue, les amours, la sociabilité en marche, la popularité à acquérir ou à perdre.
Un curieux mélange si on y rajoute les nombreux touristes. Une cohabitation d'un genre nouveau où pour une fois les deux populations ont trouvé un terrain d'entente, celui de la consommation. Même si on est loin de l'authenticité mauricienne, il s'agit d'un vrai lieu d'échange entre touristes et Mauriciens. A ce titre, le Caudan possède une énergie et un intérêt plus grand que les Halles de Paris, ou Camden Town à Londres.
C'est une belle vitrine de l'économie mauricienne qui connaît une croissance ininterrompue de 6% par an depuis plus de dix ans. "Voilà l'effort d'une nation, d'un gouvernement qui a choisi de faire payer sa population en limitant les salaires, mais en investissant l'argent ainsi dégagé dans des infrastructures collectives d'envergure. Maintenant, les salaires vont pouvoir s'accroître. L'économie est plus stable, elle pourra supporter l'élévation des coûts et Maurice pourra continuer son développement. C'est encore une fois la récompense du travail et d'une volonté politique commune", s'enthousiasme un chroniqueur de Mayotte.
Pendant ce temps, les Mauriciens candidats à l'émigration se multiplient, désireux d'aller trouver du travail ailleurs et de rêver revenir au pays dans une à deux décades.

Gérôme Guitteau

* de Paris Hilton, l'héritière déjantée des hôtels Hilton.

 


 

Un peu d'histoire
Port-Louis est créée en 1775, ex-nihilo par Mahé de La Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes, archipel comprenant la Réunion, l'île Maurice et Rodrigues. Il décide d'y établir la capitale de l'Isle de France (Maurice) et une structure administrative, des services publics, une église, le tout à l'abri de remparts. Il baptise sa capitale Port-Louis en hommage à Louis XV, roi régnant.
La capitale devient rapidement la cité majeure de l'océan Indien, mais une épidémie de malaria provoque alors l'émigration de ses élites et riches commerçants. La ville s'anime de nouveau après l'arrivée du chemin de fer Port-Louis/Mahébourg, dans la seconde moitié du XIXème siècle. Mais ce sont les activités portuaires de la Compagnie des Indes Orientales au XVIII° s. qui sont le moteur et non plus la vie fastueuse de la capitale.

Pourquoi le nom Caudan ?
Le nom du Caudan waterfront vient d'un personnage : celui de Jean Dominique Michel de Caudan, venu à l'ancienne Isle de France de son Languedoc natal. Saunier de métier, il créa une saline près d’une anse au sud-ouest de Port Louis, en 1726. Cet espace est connu actuellement comme le Jardin Robert Edward Hart, situé sur la route d'entrée au Caudan waterfront.
Lieu chargé d’histoire, l’actuelle péninsule appelée le Caudan fut créée autour d’un îlot corallien fossile, abritant au fil des 250 dernières années une poudrière, un observatoire météorologique et astronomique, des quais et chantiers maritimes, des entrepôts, des petites entreprises diverses et à présent un grand centre commercial, inauguré le 25 novembre 1996.
Il s'agit d'un ensemble architectural harmonieux. Quelques vieux murs en basalte ont été préservés. C'est notamment le cas de l'ancien bâtiment du bureau des docks, qui a été transformé en musée du timbre et du patrimoine. Les neuf hectares du Caudan waterfront comprennent six bâtiments : le Pavillon, regroupant des magasins, des cafés et le cinéma, l'Observatoire, englobant les espaces de restauration ; le Casino, à l'apparence originale d'un bateau pirate ; le Labourdonnais, hôtel de luxe et le Barkly wharf, bâtiment central, réunissant divers commerces (textiles, services, loisirs, marché artisanal). Il abrite aussi le comptoir d'information du Caudan.
Tous ces services sont pourvus d'importants parkings (environs 600 places). Navigateurs et plaisanciers peuvent accoster directement au Caudan, grâce à une marina. Les magasins du Caudan waterfront regroupent de grandes marques internationales du vêtement, de la chaussure et autres accessoires, mais aussi des produits et des collections originales de créateurs locaux. Le Craft market, propose l'artisanat local et régional en guise de souvenirs. Les braderies et expositions régulières ont acquis une forte popularité et contribuent à l'animation permanente qui règne au Caudan.
Le centre commercial vient d'ouvrir fin décembre 2007 une nouvelle aile de 55 magasins et une vingtaine de kiosques commerciaux, avec plus de 440 place de parkings. Des travaux visant à étendre encore cette zone d'activités sont en cours.

 


Shopping
Les bonnes affaires pour de bonnes marques

Le textile est peut-être en crise sur l'île Maurice, mais nous pouvons encore réaliser de bonnes affaires. Au centre de l'île, Floréal, Quatre bornes et Curepipe sont les trois villes qui bénéficient le plus de la présence des usines… et des magasins d'usines.

Armani, Dolce and Gabanna, Kenzo, Hugo Boss, Prada… Si vous voulez vous prendre pendant quelques instants pour une star faisant ses emplettes, sans (trop) vous ruiner, l'île Maurice s'y prête particulièrement. Floréal, Quatre bornes et Curepipe sont trois villes mitoyennes du centre de l'île, là où il pleut le plus. Tout autour, des usines textiles travaillent pour les grandes marques occidentales, du travail de qualité. Une partie, 5 à 10%, de la production est autorisée à la vente sur place.
Les usines ont installé à côté leurs magasins où les prix défient donc toutes catégories… par rapport à ceux pratiqués hors de l'île. En effet, il ne faut pas espérer obtenir un jean Armani pour 20 euros ou un polo D&G à 5 euros. Les prix correspondent à un shopping "normal" à la Réunion, mais là ce sont des marques prestigieuses que vous achetez avec la qualité qui va avec. Il existe peu de contrefaçons. Toutefois, il est de bon ton de se méfier. Vérifier que vos vêtements possèdent les étiquettes des composants. Ralph Lauren a connu quelques soucis sur l'île.
Pour obtenir des vêtements pas chers, il reste les marchés. Un ou deux jours par semaine, ils s'étendent dans les principales villes avec des centaines d'échoppes, comme le grand marché de Quatre bornes qui mêle textile et nourriture. Il y a aussi des galeries marchandes spécialisées dans les vêtements "hors taxe", sur les principaux axes, dans ces villes du centre de l'île. Il suffit de demander à votre chauffeur ou à l'hôtel.
Attention aussi aux vendeuses qui débordent de charme et de prévenance. Si vous rentrez dans un magasin vous sortirez obligatoirement avec quelque chose d'acheté, au pire il vous restera la possibilité de marchander. N'hésitez surtout pas ! La limite des magasins est très fluctuante : de moins 50% à moins 10%. Le passage par ces villes du centre mérite le détour. Les fringues présentées appartiennent à la saison la plus récente, ce sont les dernières productions, que l'on verra en vente dans les belles boutiques de Paris ou des capitales européennes et dans les pages de pub des magazines.
Le retour victorieux à Mayotte est assuré. Pour les hommes, même si vous ne connaissez pas Dolce & Gabanna, votre femme connaît et saura se montrer reconnaissante. Des personnes ont essayé avec des vêtements en cachemire, l'effet est le même. Reconnaissance absolue… au moins pour deux jours. Etant donné la proximité géographique et culturelle avec l'Inde, l'île Maurice possède aussi beaucoup de magasins qui proposent du pashmina* ou du cachemire**. Un textile particulièrement solide et soyeux : "Un pull en cachemire t'en achètes un, tu l'as pour dix ans", témoigne une mère de famille.
Dans le genre "achat qui dure", les diamants, qui sont éternels, du groupe Adamas dont l'usine de taille est à moins de deux kilomètres de Floréal, sont aussi une bonne occasion de cadeaux. Une petite exposition sur les diamants et une boutique Mont Blanc sont aussi à voir sur place. Bon, vu les prix, il faut être sûr de soi mais là encore de bonnes affaires sont à réaliser.

Gérôme Guitteau


* Pashmina, "la laine la plus légère et la plus chaude au monde", provenant des chèvres pashmina du Tibet.
** Cachemire, laine de poils très fins issus d'une race de chèvres de la région du Cachemire, entre le Pakistan, la Chine et l'Inde. Elle peut être produite ailleurs.

 


Casino
Pas royale, l'île Maurice

L'île Maurice est connue pour son lagon, ses hôtels, ses commerces et autres usines textiles et aussi ses casinos où se rencontrent des touristes riches à millions. Ce dernier côté de l'île franco-anglo-créole est loin d'atteindre sa réputation.

Les mains moites, le cœur qui palpite, la pupille qui se dilate, la fièvre du jeu prend petit à petit possession de quelques touristes dans l'avion. Les autres voyageurs regardent ces énergumènes surexcités avec joie, imaginant qu'ils sont comme eux impatients de goûter aux plages de sable blanc de l'île Maurice, de plonger dans les innombrables grottes du lagon des Mascareignes. Que nenni ! Plage, soleil, gorgones ne sont pas au programme de ces étranges passagers venus s'enfermer pendant quatre jours dans les casinos de l'île. Roulette, black jack, machines à sous… Voilà les mots qui font fantasmer nos touristes, rassérénés de vivre dans la seule île de l'océan Indien qui ne possède pas de casino : Mayotte.
Il existe six maisons de jeux à Maurice détenue chacune à 51% par l'Etat : à Curepipe, à Flic-en-Flac, le Grand casino du domaine à Pailles, le casino de Port-Louis sur le Caudan waterfront, à Poste de Flaq et à Trou aux Biches près de Grand baie. Franchement, il n'y en a qu'un qui vaille le déplacement : le Grand casino du domaine à Pailles.
Dans une ambiance de plantation coloniale : meubles rustiques, éclairages tamisés, accueil en calèche, luxe suranné, quatre très bons restaurants (italiens, chinois, créoles, indiens); vous êtes accueillis en prince. Les roulettes ne sont pas électroniques mais en bois, les croupières sont magnifiques. Tout pour passer une bonne soirée malgré une éventuelle déveine. La grosse déception de ce tourisme ludique concerne l'absence de tables de poker dans ce haut lieu du jeu. Alors que le monde entier est pris par ses différentes variantes, aucune n'a franchi la barrière de corail mauricienne, à part la version caraïbéenne surnommée ici "Oasis". Une telle variante ne mérite pas d'être évoquée plus longuement.
Didier Chabaud*, propriétaire des deux casinos Ti'Vegas basés à Grand baie et à Quatre bornes, beaucoup plus modestes que les six détenus par l'Etat, a senti le bon coup. Il vient d'ouvrir depuis juin, plus ou moins officiellement, les premières tables de cash en poker hold'em no limit. Avant cette ouverture, il a organisé un tournoi à 250 euros l'entrée afin de sensibiliser tout le monde aux règles de ce jeu.
La fine fleur de Maurice était présente. Une mixité joyeuse d'Indiens, de Chinois, de Corses et de touristes sud-africains a joué pendant plus de six heures pour 12.000 euros de gains attribués au gagnant. Le niveau de jeu n'est pas excellent, les gens jouent au poker comme aux autres jeux de casino. La technique, la lecture du jeu sont inexistantes. Une déception… qui se transforme en grande joie lors des parties de cash game**.Mais bon, l'île Maurice est loin d'être l'eldorado du joueur.
Les casinos réunionnais se sont mis au poker et offrent donc plus de diversité dans les jeux et dans les mises. Rappelons que la Réunion représente l'un des départements français où Porsche fait son plus gros chiffre d'affaires. De quoi faire rêver tous les joueurs amateurs, non ?

Gérôme Guitteau

* Rens : 00230 454 3220/8800
**Ce sont des parties où de l'argent est misé sur chaque donne.

 


Marchés mauriciens, "les soldes" au quotidien

Le magnifique jardin botanique de Pamplemousses, le centre-ville de Port-Louis et son front de mer, les hôtels luxueux de Flic-en-Flac et de Grand Baie ou encore les plages de sable blanc et ses couchers de soleil… L’île Maurice comporte de nombreux sites reconnus, à visiter. Mais s’il y a bien une chose à côté de laquelle il ne faut absolument pas passer, ce sont ses marchés. Mouvementés du matin au soir, il y fait bon à découvrir de nouveaux fruits et légumes et à y faire – certainement – les meilleures affaires de la région.

Lorsque l'on s'infiltre dans un marché mauricien, il est difficile d'en ressortir les mains vides tant les affaires sont intéressantes. Le prix et la qualité répondent à l'appel de – pratiquement – tous les produits alimentaires et vestimentaires. Un tour dans un marché nous apprend également le sens des affaires des commerçants des lieux. Ils se connaissent, s'entraident, s'arrangent entre eux, et font en sorte que le client de passage obtienne finalement ce qu'il désire. Quand un marchand ne détient pas la bonne taille ou la bonne couleur, il vous invite à patienter quelques instants, à vérifier si d'autres articles seraient susceptibles de vous intéresser et abandonne son espace… L'air de rien, son voisin le surveillera pour lui.
Quelques minutes, parfois quelques secondes plus tard, le temps de se faufiler à grands pas dans la foule quotidienne et le voilà de retour avec le bon article. C'est seulement après vous avoir emballé l'article en question dans un sachet souvent bleu ou jaune qu'il propose son prix, car pour lui, c'est déjà dans la poche, et ceci avant même que vous l'ayez salué. Pour les clients les plus "difficiles", les commerçants acceptent de négocier le prix. S'ensuivent de longues minutes d'échanges, de discussions, de négociations. En jugeant sur l'apparence du client et constatant qu'il n'est pas du coin, de la ville, voire du pays, et considérant donc qu'il est ici pour consommer, les marchands les plus malicieux jouent la carte du pouvoir d'achat, et un peu celle de l'émotion.

 

Le pouvoir d'achat des Mauriciens, la raison principale des bas prix

Toujours très poli, courtois, avenant, mais surtout intelligent pour la plupart, ils s'arrangent pour que vous ressortiez de ces quelques mètres carrés avec ce fameux sachet : "Allez, vous savez que c'est un bon prix. Là d'où vous venez, vous paieriez trois ou quatre fois plus cher, n'est-ce pas ? Quel que soit le coût, vous savez que vous faites une bonne affaire. Nous, nous n'avons pratiquement aucun bénéfice sur ce que l'on vend !", peuvent-ils déclarer en gardant le sourire.
Au final, les commerçants finissent généralement par céder à la somme imposée par le client, même si celui-ci demeure beaucoup moins cher que le prix initial. Les produits doivent partir, il leur faut vendre pour vivre. Et c'est ainsi tout au long de la virée au cœur des marchés. La différence des prix entre Maurice et Mayotte est vaste. La cause vient directement du salaire de base des Mauriciens qui tourne dans les 7000 roupies (120 euros). Sachant que le Smic à Mayotte vient d'augmenter depuis peu, le salaire de base mahorais lui est d'environ 900 euros, soit sept fois plus élevé.
Les commerçants de Maurice ne peuvent donc se permettre d'accroître le prix de vente de leurs marchandises, étant donné que leur clientèle reste très largement la population locale. Les marchés de Maurice, c'est avant tout une promenade à ne pas manquer tant les couleurs et les odeurs se mélangent, tant l'ambiance est bonne à vivre et tant les choses à découvrir sont nombreuses : produits locaux, textiles, mais aussi nombreux articles d'Inde, de Chine, fruits et légumes frais d'Afrique du Sud… C'est aussi, incessamment et incontestablement, les coins des bonnes affaires.

Ichirac Mahafidhou
 

Jardin de Pamplemousses
Au bonheur des botanistes

Si Maurice est connue partout dans le monde pour ses hôtels luxueux et ses magnifiques plages de sable blanc, un autre genre d'attraction contribue à la renommée de l'île et attire tous les jours touristes et résidents : le jardin botanique de Pamplemousses situé à une quinzaine de km au nord de Port-Louis. Un des plus riches jardins botaniques du monde par la quantité, la variété et l'âge de ses arbres.

Véritable havre de paix, contrastant entre l'agitation des marchés de Port-Louis ou de Quatre Bornes et des plages bondées de Flic en Flac, le jardin botanique de Pamplemousses est le lieu idéal pour vous ressourcer dans le calme à Maurice. Les Mauriciens y viennent en masse pour marcher tranquillement sous plus de 80 espèces de palmiers ou d'un nombre incalculable d'arbres tropicaux.
Les grandes personnalités tels que l'ex-président sud-africain Nelson Mandela ou la reine Elizabeth II ont planté le leur. Les origines du jardin remontent à 1736, lorsque l'un des premiers gouverneurs français Mahé de la Bourdonnais y installa son domaine et le nomma "Mon Plaisir". Mais c'est à l'intendant Pierre Poivre en 1767 que l'on doit l'introduction de nombreuses espèces végétales venant des quatre coins du monde. L'attraction la plus courue est le bassin des nénuphars. Des oiseaux s'y posent comme sur un plateau alors que les fleurs rose fushia renvoient des reflets rivalisant avec ceux du soleil. Mais on peut aussi flâner autour du grand bassin avec ses kiosques, du bassin aux lotus Il y a aussi les talipots, ces palmiers qui ne fleurissent qu'une fois tous les 35 à 70 ans… et meurent. Le coin des épices est aussi remarquable avec le giroflier et le muscadier, amenés là par Pierre Poivre en 1770 des Molluques, puis le cannelier de Ceylan et le 4 épices des Caraïbes.
Le jardin botanique comporte également un parc à cerfs et un parc à tortues qui raviront les enfants. Aujourd'hui, le jardin botanique porte le nom de Sir Seewoosagur Ramgoolam, le père de la nation mauricienne. Un monument funéraire a été édifié en son honneur au sein du parc où il a été incinéré.

Faïd Souhaïli
 

 


Histoire
Les historiens pensent que les premiers visiteurs de l'île Maurice furent les navigateurs phéniciens qui l’auraient abordée lors de la première circumnavigation autour du continent africain, commandité par le pharaon d’Égypte Néchao II, vers l’an 600. Les marins arabes visitèrent Maurice régulièrement à partir du Ve siècle et lui donnèrent le nom de Dina Arobi. Ce n'est qu'au début du XVIe siècle que des navigateurs portugais commencèrent à circuler dans la région.
Des Portugais s'y installèrent pour la première fois en 1505. Elle figure malgré tout sur des cartes arabes datant d'avant la découverte par les Portugais, sous le nom de Cirné. L'île est occupée puis colonisée par les Hollandais à partir de 1598. Elle est baptisée Maurice en l'honneur du prince hollandais Maurice de Nassau. Les Hollandais sont les premiers à introduire des esclaves sur l'île, les esclaves les plus nombreux sont amenés d'Afrique et de Madagascar. Leurs descendants, plus ou moins métissés, constituent la population dite créole. Il existait aussi dès cette époque des Indiens esclaves, présents dans l'île aux côtés des premiers Européens, et des Indiens libres de niveau social non négligeable. Les Hollandais apporteront aussi les cerfs de Java, qui sont aujourd'hui chassés.
En 1715, Maurice passe sous le contrôle de la France, quand Dufresne d'Arsel la revendique, et est renommée Île de France. L'île est prise par les Britanniques en décembre 1810 après une défense du gouverneur général Isidore Charles Decaen. En août de la même année eut lieu l'unique victoire navale de Napoleon : la bataille du Grand Port. L'île est officiellement rattachée à l'empire britannique en 1814, date à laquelle elle retrouve son ancien nom.
L'indépendance a été obtenue le 12 mars 1968 par le scrutin du 7 août 1967. Le pays est resté depuis membre du Commonwealth des nations, bien qu'il devînt une république le 12 mars 1992. Grâce à une démocratie relativement stable ponctuée d'élections libres et régulières et à un bilan positif au niveau des Droits de l'Homme, le pays a su attirer des investisseurs étrangers importants et dispose d'un des revenus par tête les plus importants d'Afrique.

Politique
L'île Maurice a un système juridique de droit mixte. S'y appliquent le droit d'origine française et notamment le code civil, et la common law anglaise. La procédure judiciaire correspond aux règles de procédure anglaise en grande partie, avec toutefois une certaine variante. La hiérarchie des tribunaux est ainsi du sommet au plus bas : le comité judiciaire du Conseil privé de la Reine, puis la cour suprême de Maurice (comprenant une juridiction de première instance et d'appel) et les tribunaux de magistrats.
Le système politique et institutionnel correspond à un régime parlementaire.
Le chef de l'État de Maurice est le Premier ministre. Le Président n'a pas de pouvoir décisionnel, mais symbolise à l'étranger la République de Maurice. Il est élu pour une période de cinq ans par l'Assemblée nationale. Le Parlement est constitué d'une unique chambre. Des 70 membres de l'assemblée, 62 sont élus directement par un scrutin populaire (3 pour chacune des 20 circonscriptions et 2 représentants de Rodrigues), tandis que 8 sont désignés pour représenter les minorités ethniques. Leur choix dépend des résultats des élections. Le Parlement est dirigé par le Premier ministre, chef de la majorité parlementaire et un conseil des ministres. Le régime fonctionne d'après le modèle britannique appelé "westministérien".
Le pays compte 225 prisonniers pour 100.000 habitants, soit un taux élevé au regard des autres taux constatés dans le monde.

Géographie
La formation de cet archipel résulte d'éruptions volcaniques sous-marines qui se sont produites il y a des millions d'années. L'île Maurice elle-même s'est formée autour d'un plateau central, dont le point le plus élevé, le Piton de la petite rivière noire, culmine à 828 mètres dans le sud-ouest. Autour de ce plateau, on distingue assez facilement le cratère Kanaka des nombreuses montagnes qui l'entourent.
Le climat, de type tropical, est tempéré par les alizés du sud-est. Il y a deux saisons : la saison sèche de mai à novembre – appelée également hivernage, et la saison humide de novembre à mai – appelée saison cyclonique.
Située dans le nord-ouest, Port-Louis est la capitale de l'île et la plus grande ville. Les autres villes importantes sont Curepipe (au centre), Vacoas-Phœnix, Quatre Bornes, Rose-Hill et Beau-Bassin. Mahébourg (au sud-est) n'est pas une grande ville, néanmoins c'est la plus proche de l'aéroport international de Plaisance-Sir Seewoosagur Ramgoolam.

Les districts de Maurice
L'île Maurice comprend 10 districts :
1. Rivière Noire
2. Flacq
3. Grand Port
4. Moka
5. Pamplemousses
6. Plaines Wilhems
7. Port-Louis
8. Rivière du Rempart
9. Savanne
10. Rodrigues

Rodrigues, les îles Agaléga et les écueils des Cargados Carajos (également appelés Saint-Brandon) constituent les dépendances de Maurice. L'archipel des Chagos (Diego Garcia) et l'île Tromelin sont revendiqués par Maurice.

Économie
Depuis son indépendance acquise en 1968, Maurice a connu une évolution économique fulgurante. L'île est passée d'un statut de pays à bas revenus, dont l'économie reposait sur l'agriculture (la canne à sucre), à un statut de pays dit émergent, aux revenus intermédiaires dont l'économie diversifiée repose sur des secteurs industriels et financiers en pleine croissance et sur le tourisme. Durant cette période, la croissance annuelle a été de l'ordre de 5% à 6%. Ce résultat remarquable se traduit par une amélioration de l'espérance de vie, une baisse de la mortalité infantile et un grand développement des infrastructures.
La canne à sucre est plantée sur 90% environ de la surface cultivée, et constitue 25% des revenus du commerce extérieur. Une sècheresse historique a cependant endommagé durement la récolte sucrière de 1999. La stratégie de développement du gouvernement est axée sur les investissements étrangers. Maurice a attiré plus de 9000 sociétés offshore, dont beaucoup se consacrent au commerce en Inde et en Afrique du Sud. Maurice est aussi un pavillon de complaisance. Le secteur bancaire a réalisé plus d'un milliard de dollars d'investissements. Les performances économiques dans la période 1991-99 sont restées fortes, avec un taux de chômage limité.
Cependant, l'économie mauricienne risque de recourir à une forte restructuration dans les années à venir. En effet, les réformes de l'Union européenne concernant le marché sucrier vont lourdement affecter l'exportation du pays. Ainsi, d'autres secteurs restent à développer pour constituer de nouveaux piliers de l'économie, les services informatiques avec notamment les centres d'appels.
L'île compte par ailleurs énormément sur l'industrie touristique pour générer davantage de richesses et créer des emplois. En 2006, l'île Maurice a accueilli 788.000 touristes, dont la majorité vient de France. Il existe actuellement 99 hôtels en opération dans le pays, dont 42 avec plus de 80 chambres. Pour attirer davantage de touristes, le pays a commencé à libéraliser l'accès aérien et des lignes comme Corsairfly peuvent maintenant desservir la destination. Prochainement, ce sera au tour de Virgin Atlantic.
La construction de villas de luxe vendues sous le Integrated Resort Scheme (IRS) est appelée à devenir un nouveau pôle de croissance économique. Grâce à ce nouveau type d'aménagement combiné à l'ouverture du pays aux étrangers, Maurice amorce une nouvelle ère de développement, qui porte déjà ses fruits en terme d'investissements étrangers directs et d'emplois créés et qui est appelé à changer la face du pays, à plus long terme.
L'IRS a bien vite suscité l’intérêt de dizaines de promoteurs locaux et étrangers ; pour preuve les autorités ont reçu plus d’une vingtaine de projets de ce type représentant des investissements de Rs 100 milliards et avec un potentiel de création de 12.000 emplois. Au total, rien qu’avec ces projets, plus de 1.700 villas de luxe devraient voir le jour dans les deux à cinq prochaines années.

Cybercité
Le développement de la Cybercité voulue par le gouvernement de Paul Bérenger, située à Ébene au sud de la capitale, doit permettre le développement du secteur des technologies de l'information. Le but final étant de faire de cette dernière une "Cyber île" et donc de trouver une alternative à l’activité sucrière menacée par les accords internationaux. Les activités possibles grâce au décalage horaire de GMT +4 ont ainsi permis l'émergence de centres d'appels et de sites de Disaster recovery.
Le câble sous-marin Safe devait offrir au projet son assise technique mais des dysfonctionnements au sein du BPML en charge de la Cybercité, suivis du manque d’un doublon tel que Maurisat (solution mutualisée satellite) sur le site et en général sur l’île Maurice pouvant sécuriser les connexions vers l’international ont réduit l’engouement de certaines sociétés intéressées par une délocalisation d’une partie de leurs activités à Maurice, d'autant qu'il y a eu de nombreuses pannes en 2006 imputées à Mauritius Telecom ou à ses fournisseurs.
Depuis 2006, avec la signature d’un accord pour le déploiement du câble sous-marin Eassy, Maurice est en passe de rattraper cette lacune mais repousse au minimum à 2008-2010 l’échéance sécuritaire du projet.

Démographie
La population de l'île Maurice est le résultat de plusieurs vagues d'immigration, d'abord les colons français, ensuite les esclaves venus d'Afrique, les Chinois comme commerçants et finalement les Indiens amenés de gré ou de force dans l'île pour travailler dans les champs de canne à sucre.
La constitution de Maurice ne mentionne aucune langue officielle pour le pays. Néanmoins l'anglais est utilisé par l'administration. Par contre, le français est le plus utilisé dans le monde des affaires. Teinté d'apports des deux langues européennes, le créole est la langue maternelle de plus de 90% de la population. Diverses langues orientales sont également parlées, parmi lesquelles le créole mauricien, le bhojpuri (mélange de créole et d'hindi), l'hindi, l'ourdou, le tamil et le hakka, un dialecte chinois.
Ces dernières langues sont parlées par les descendants des immigrants venus d'Inde et de Chine. La plupart des Indo-Mauriciens sont des hindous et constituent 70% de la population. Les autres religions pratiquées sont le christianisme, l'Islam et le bouddhisme. Le reste de la population est d'origine chinoise, africaine, française ou métisse.
Le français est en progression, mais le créole adopte de plus en plus de mots anglais.

Culture
La cuisine mauricienne est un mélange de cuisines indienne, créole, chinoise et européenne. De même, le séga mauricien est une musique aux influences diverses.
En 1847, Maurice devint le cinquième pays dans le monde à émettre des timbres postaux, après la Grande-Bretagne en 1840, la Suisse et le Brésil en 1843, les États-Unis en 1846. L’île Maurice aura été le troisième territoire au monde à émettre des timbres et le premier autorisé à le faire par l’empire britannique dont elle était une colonie en 1847. Les deux types de timbres, la série des Post office (le Red penny et le Blue penny), sont parmi les plus célèbres et les plus chers timbres du monde.
Au moment de sa découverte, l'île Maurice abritait une espèce d'oiseau dodu qui ne volait pas et était auparavant inconnu. Les Portugais l'appelèrent le dodo ("simplet"), en raison de son apparence nonchalante. Cependant, en 1680, pendant la période hollandaise, cette espèce avait complètement disparu. Dans les livres d'histoire la disparition du dodo a longtemps été attribuée aux abus des colons hollandais qui les attrapaient facilement et les mangeaient. Mais les études récentes démontrent plutôt que c'était dû aux prédateurs qui dévoraient leurs œufs. Le dodo est devenu l'emblème de Maurice.
Le 9 septembre, un pèlerinage rassemble chaque année entre 100.000 et 200.000 Mauriciens, pas seulement de foi catholique, au tombeau du bienheureux Jacques-Désiré Laval (1803-1864), à Sainte-Croix, dans la proche banlieue de Port-Louis.
Il existe une fameuse déclaration de Mark Twain, souvent citée pour décrire la beauté incomparable de l'île : "Dieu créa d'abord l'île Maurice, puis s'en inspira pour faire son paradis terrestre".

Principaux artistes et auteurs mauriciens
* Gaëtan de Rosnay
* Linley Marthe
* J.M.G Le Clezio
* Malcolm de Chazal
* Khal Torabully
* Loys Masson
* Edouard J. Maunick

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