04/02/2008 – Tempête tropicale Fame – Plus de peur que de mal

"Dans l'ensemble, tout s'est bien passé, tout le monde a été sur le pont pendant 4 jours. Il faut féliciter les agents qui ont travaillé dans des conditions épouvantables, sous le vent et la pluie, pour avoir dégagé le réseau routier ou remis en état les réseaux électriques et téléphoniques", se réjouit Arnaud Gillet, directeur de la sécurité civile à la préfecture de Mayotte. En effet, le réseau routier a été praticable partout, au moins sur une voie, même si de temps à autre des glissements de terrain ont interrompu le trafic, notamment à M'tsagnougni, entre Sada et Chirongui.

La DE a été aux premières loges, EDM et France Télécom aussi, la Dass a été sollicitée pour l'évacuation d'une femme enceinte de Petite-Terre vers le CHM de Mamoudzou, avec l'aide de la gendarmerie nautique. Les pompiers ont dû faire de nombreuses interventions pour aider les sinistrés à évacuer les zones inondées, comme à Chiconi dans les environs de la place Sicotram. Dans cette même localité, un muret sur la digue a lâché et de nombreux commerces ont été inondés. D'ailleurs, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Serge Castel, a écrit au président du conseil général Saïd Omar Oili pour lui demander de faire un geste pour les commerçants mahorais et plus particulièrement pour ceux de Chiconi.

A travers toute l'île, des murs de soutènement, des clôtures, mais aussi des toitures ont souffert des rafales de vent et de la pluie. A Koungou la mairie a été fermée une journée à cause de difficultés d'accès. Les vœux du président du conseil général ont été reportés vendredi dernier, sans que les invités aient été tous prévenus, ni même qu'une affiche ou une personne prévienne les invités qui se succédaient à l'entrée des jardins avant de repartir. Les rencontres sportives et de nombreuses manifestations ont aussi du être reportées.

Les agriculteurs ont également souffert, puisqu'une grande partie des champs ont été touchés. Les bananiers sont les arbres qui ont le moins résisté à Fame. Le président Oili qui s'est rendu sur place à Combani avec Dani Salim dès le lundi, a proposé de débloquer une aide d'urgence de 300.000 € pour les agriculteurs. La Chambre d'agriculture est en train de mettre en place un dispositif pour recenser les dégâts en collaboration avec la Daf. Les agriculteurs mahorais demandent à ce que la solidarité nationale joue, comme c'est le cas dans les Dom après un cyclone.

 

Chapeau pour les équipes techniques

La police et la gendarmerie, en collaboration avec le STM, ont dû procéder au renflouement d'un amphidrome échoué sur le platier des Badamiers et dont les amarres ont lâché en rade de Dzaoudzi.
Côté aérien, les vols de jeudi et de samedi de la compagnie Air Austral n'ont pu atterrir à Pamandzi, ce qui a conduit la compagnie à loger les passagers en correspondance à la Réunion et ceux qui n'avaient pas de famille à Mayotte. "Le temps est en cause, mais il nous a fallu tenir compte de l'interruption des barges. Les passagers de Grande-Terre n'auraient pas pu venir et ceux arrivés en Petite-Terre y seraient bloqués", explique Didier Salaün, directeur d'Air Austral à Mayotte.
Kenya Airways a pu faire atterrir son avion samedi, mais pour M. Salim, directeur de l'agence de la compagnie kenyane, cela n'aura pas forcément été une bonne opération. "Il n'y avait pas de barge, par conséquent le vol est reparti à vide. Les passagers ont été reroutés sur le vol de mardi et jeudi (hier)", affirme M. Salim.
Selon Arnaud Gillet, les glissements de terrain ont été observés sur l'ensemble du territoire. Les secteurs de Sada et M'tzamboro ont plus souffert des coupures d'électricité et de téléphone que les autres, mais les coupures n'ont jamais été de longues durées fait savoir le directeur de la sécurité civile. Celui-ci félicite aussi les Mahorais dans leur ensemble qui ont suivi les consignes de vigilance avant et pendant la tempête. "Cela prouve que les messages de prévention sont passés. Les consignes d'élagage d'EDM et France Télécom ont été suivies, les parents n'ont pas laissé leurs enfants près des cours d'eau, personne n'est sorti pendant la vigilance cyclonique et une seule personne a failli se noyer à Miréréni, mais des habitants l'ont sauvée", conclut Arnaud Gillet.
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Que d'eau, que d'eau

Les pluies qui ont précédé la grosse tempête de vendredi à samedi ont été plus qu'abondantes. Météo France a enregistré à divers endroits de l'île plus de 200 mm d'eau en 24 heures, ce qui correspond selon Noël Carton, chef de service de Météo France à un mois de précipitation en janvier.
"Janvier est le mois le plus pluvieux de l'année à Mayotte. Certains records ont été battus, notamment à Bandrélé et Dembéni où il n'avait pas autant plu depuis 1986 et 1994", explique M. Carton. Les équipes de Météo France ont été mobilisées pendant les quatre jours de tempête, faisant des points réguliers, matins et après-midis, mais aussi à tout moment, à la demande de la cellule de crise. Noël Carton se réjouit que les Mahorais n'aient pas pris de risques inconsidérés durant cette période et que le bilan humain ne compte aucune victime.

Faïd Souhalï

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