"Les discussions ont été cordiales et franches, et c'est un message d'espoir pour l'avenir de nos populations, avec la perspective concrète d'un accord entre les deux Etats avant la fin de l'année". Philippe Leyssenne, ambassadeur de France délégué à la coopération régionale dans la zone de l'océan indien, a semblé très optimiste quant à l'évolution des négociations bilatérales entre la France et les Comores sur les deux dossiers que sont la coopération régionale et la circulation des biens et des personnes.
Le nouveau préfet Denis Robin a constaté que les travaux du GTHN permettront de "régler des problèmes humains difficiles" concernant l'immigration clandestine et que "le développement des flux économiques entre les îles peut être une solution aux problèmes d'approvisionnement avec des produits agricoles à moindre coût pour les Mahorais et des débouchés commerciaux pour les producteurs comoriens". Une démarche que Mohammed Soihili, chef de la délégation comorienne, a qualifiée de "gagnant-gagnant", soulignant que "dans le cadre globalisé actuel, l'avenir est aux grands ensembles économiques".
M. Soihili a affirmé que "ces négociations tracent une perspective vers l'avenir et non plus vers le passé avec des diatribes lancées aux uns et aux autres". Ahamed Attoumani Douchina, le président du conseil général, était ravi que les élus mahorais participent aux débats et a déclaré que "d'une manière implicite, on s'est reconnu en entités différentes. Nous avons pu aborder le problème de la circulation des personnes d'une manière franche et loyale, sans arrière-pensée. Je me réjouis qu'ils n'ont pas remis en cause le choix des Mahorais et leur avenir institutionnel". Pour M. Douchina, les différents échanges dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la culture ou de l'économie, qui existent déjà de manière informelle, seront grâce au GTHN plus "lisibles et transparents pour nos populations".
Pourtant, quand l'ambassadeur comorien a évoqué "la libre circulation des personnes" une fois l'objectif atteint de réduire l'écart de développement entre les Comores et Mayotte, cette "racine du mal" selon les mots de l'ambassadeur français, M. Douchina s'est porté en faux en déclarant que "faciliter la venue de nos voisins doit être l'occasion de freiner les entrées illégales et d'accompagner de manière digne les clandestins qui sont ici en ce moment".
Interrogé sur la reconnaissance de l'appartenance de Mayotte à la France, l'ambassadeur comorien a livré une réponse très ambiguë : "Nous avons décidé de ne pas parler des questions qui fâchent. Nous devons dépasser cette question de positionnement. Nos deux présidents ont dit qu'au lieu de se battre, il faut contribuer au rapprochement des quatre îles". M. Soihili a fait référence au rapprochement franco-allemand pour soutenir sa position, affirmant qu'il avait "confiance en la créativité de l'homme pour regarder vers l'avenir".

Julien Perrot

Bientôt quatre actions concrètes…

Le quatrième round de négociations en novembre sera l'occasion de la réalisation effective des premières actions, notamment : la réouverture de l'antenne consulaire d'Anjouan, la concrétisation d'une action de formation professionnelle à l'initiative du vice-rectorat de Mayotte, des premiers échanges, notamment de produits agricoles, entre les îles et la signature d'un protocole sur les évacuations sanitaires des Comores vers Mayotte.