La prison de Majicavo finit l’année sur des chiffres records

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Contrairement aux autres secteurs de la prison, le quartier des mineurs n’est pas touché pas la surpopulation.

Les dernières données du ministère de la Justice, rendues publiques fin décembre, confirment une surpopulation record en France et un taux d’occupation tout aussi important pour la prison de Majicavo-Koropa. Le centre de détention était occupé à 315,8% au 1er décembre 2023.

Avec 75.677 personnes derrière les barreaux au 1er décembre 2023, les prisons françaises n’ont jamais été aussi remplies. La prison de Majicavo ne déroge pas à la règle. Elle fait même figure d’exemple avec la densité carcérale la plus importante du territoire national. Son centre de détention accueille 360 condamnés pour 114 places (315,8%). C’est le taux le plus élevé, loin devant la maison d’arrêt de Nîmes (228%), le centre pénitentiaire de Perpignan (211,7%) ou encore la maison d’arrêt de Lons-le-Saunier (213,3%) dans le Jura. Il s’agit d’un nouveau record pour le centre de détention. Ces derniers mois, le nombre d’occupants tournait davantage autour des 300, avec un pic au 1er juin à 339.

La partie maison d’arrêt de l’établissement mahorais (où des détenus attendent d’être jugés) est tout aussi suroccupée avec 284 prisonniers pour 164 places (173,2%). Au 1er décembre, le quartier des mineurs d’une trentaine de places n’est rempli qu’aux deux tiers, quant à celui des femmes, il n’est occupé qu’à moitié (trois sur six places).

Des prévenus éparpillés

Le centre de détention accueille normalement des prisonniers pour des peines longues. Sauf que la surpopulation est telle que des détenus accueillis sont mis là même s’ils purgent des petites peines ou sont en attente de leurs procès. Pour le délégué syndical, la surpopulation pousse les prisonniers à être de plus en plus récalcitrants. Et l’insécurité actuelle n’améliore en rien la vie à l’intérieur de la prison. « Sur les cinq derniers jours, on a fait rentrer vingt détenus », nous rappelait Mouhamadi Houmadi, le secrétaire FO Justice, le 22 décembre.

Alors qu’ils ont été stoppés en raison du mécontentement des agents de La Réunion, les transferts vers d’autres établissements pénitentiaires ont repris. « On est solidaires avec eux, et eux, avec nous. Nous aussi, on trouve que c’est déplacé le problème », poursuit le représentant FO Justice. Chaque semaine, en alternance, un départ se fait de nouveau vers La Réunion et la métropole. Mais la situation restera tendue tant que l’extension de l’actuelle prison (en étude) et la construction de la deuxième (deux sites seraient privilégiés) ne sont pas réalisées.

Deux détenus décédés dans la nuit du 21 au 22 décembre

Les surveillants pénitentiaires de la prison de Majicavo-Koropa ont découvert les corps inertes de deux prisonniers, vers 7h, le matin du vendredi 22 décembre. Alors que les deux ne partageaient pas la même cellule, la drogue est la cause des décès. La chimique ou le bangué circulent ainsi à l’intérieur du seul établissement pénitentiaire de l’île grâce à des complices en dehors. « Il y a des filets antiprojections, mais ils arrivent régulièrement à monter dessus », reconnaît le syndicaliste. Il arrive parfois que les prisonniers soient envoyés à l’hôpital en raison de la consommation de drogues. Mais les décès « sont assez rares ».

Selon nos informations, l’un des détenus retrouvés morts est un des meurtriers de Christophe Brousset, un restaurateur de 38 ans poignardé à Kawéni en avril 2016 alors qu’il venait chercher son fils au judo. Agé de 22 ans, il avait été condamné à vingt ans de prison au mois de mars.