Le personnel de la direction des transports maritimes (DTM, ex-STM) sera en grève illimitée à compter du mardi 26 décembre. Un préavis allant en ce sens a été adressé, ce mardi, au Département de Mayotte. Les doléances du personnel des barges sont légion. Un service minimum sera néanmoins assuré durant ce bras de fer qui s’annonce corsé.
L’épée de Damoclès que les syndicats du personnel de la DTM (direction des transports maritimes, ex-STM) avaient placé au-dessus de la tête du président du Conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, a fini par tomber. Dans un communiqué de deux pages datées de ce mardi, la Confédération Générale des Travailleurs de Mayotte (CGT-Ma) annonce « une cessation collective de travail sous forme de préavis de grève illimitée à compter du 26 décembre 2023 à la prise de service habituelle couvrant l’ensemble des agents de la direction des transports maritimes du conseil départemental de Mayotte ». Le secrétaire général de ce syndicat justifie cette décision par une référence à de nombreux préavis et protocoles de fin de conflit restés sans effets malgré une détérioration (continue) des conditions de travail des agents de la DTM. Le feu couvait en effet sous la cendre depuis plusieurs mois et les nombreux signaux d’alerte envoyé au président « BIO » et sa directrice générale des services, Christiane Ayache, ne semblent guère avoir reçu un quelconque écho dans les sphères décisionnelles de l’exécutif du territoire.
Un sous-effectif chronique
Quoi qu’il en soit, la plateforme revendicative des agents de la DTM demeure la même, démontrant ainsi que le Département est effectivement resté sourd aux sollicitations du personnel depuis plusieurs mois. Au nombre de onze, ces revendications portent sur la non-conformité des infrastructures depuis les dortoirs jusqu’aux navires et aux bâtiments administratifs, en passant par les ateliers. Tous seraient vétustes non conformes aux normes ISO requises, les syndicats se basant sur un rapport du cabinet Socotec pour étayer leurs affirmations. Des travaux supposés démarrer en octobre de cette année pour remédier à cette situation se font toujours attendre. Dans leurs revendications, les agents de la DTM évoquent également « un problème de sous-effectif chronique, assorti à des situations d’inaptitude ou d’agents partiellement aptes à l’exercice de leur mission ». Une référence directe à des mécaniciens de niveau 200 employés sans dérogation sur des navires exigeant un niveau 500. Il est également fait état d’actes d’agression et d’incivilité répétés contre le personnel des barges, en mer comme sur terre, non suivis d’une réaction de l’employeur « malgré l’obligation de sécurité » qui lui incombe. Les rapports du journal de bord seraient classés systématiquement classés sans suite par le Département de Mayotte.
Un favoritisme serait en vigueur
Autre revendication à faire surface dans ce préavis de grève lancé par la CGT-Ma, les problèmes relationnels en interne consécutifs à un manque absolu de communication et de considération ayant débouché sur une rupture de dialogue. Il est évoqué « une déconnexion de la réalité » de la part des managers de la DTM. Les sept autres revendications figurant dans ce carnet de doléances relèvent du classique s’agissant du personnel départemental à Mayotte, non prise en compte des sujets horaires du personnel navigant, manque d’heures de travail de nuit (HTN) marqué par un refus de médiation et trois dépôts de plainte, le maintien de la DRH à son poste, l’insuffisance d’heures de récupération. Une situation qui ne serait pas sans conséquences graves sur le physique et le mental de certains agents débouchant parfois à une remise en cause de l’autorité du commandant de bord. La question récurrente des privilèges accordés au conseil départemental de Mayotte revient de nouveau à la surface, de même que « les demandes d’explication sans raison et non-respect des procédures disciplinaires, discrimination flagrante à l’égard du personnel navigant et système de favoritisme entretenu par la direction ».
La balle est donc désormais entre les mains de Ben Issa Ousséni qui devra gérer cette nouvelle crise qui s’annonce au sein du personnel maritime de sa collectivité.
80 % des revendications satisfaites à la MDPH976
Le calme et la sérénité reviennent à la Maison des personnes handicapées (MDPH) de Mayotte. Suite à la signature d’un protocole d’accord de sortie de crise, ce mercredi, entre le président Ben Issa Ousséni et l’intersyndicale du conseil départemental, le travail reprend enfin ce jeudi matin. Le personnel de la MDPH était en grève depuis deux mois. Un dialogue de sourds s’était installé entre une majorité des agents et le président délégué de cette institution gérée sous format d’un Groupement d’intérêt public (GIP), après que ce dernier ait décidé de remercier la directrice en fonction pour rupture de confiance. L’affaire avait fait, on s’en souvient, les grands titres de la presse locale et régionale. Le syndicat avait pris le relais du personnel pour se faire entendre par le conseil départemental de Mayotte avant de refiler le bébé à l’intersyndicale qui a porté une plateforme revendicative basée sur les conditions de travail des agents de la MDPH, la sécurité des actes règlementaires et la grille salariale. Siti Gué, élue du syndicat CFDT et présidente de l’intersyndicale du Département de Mayotte n’a pas caché sa satisfaction après la signature de ce protocole d’accord de fin de grève. « Nous sommes satisfaits de voir que des gens qui étaient dehors depuis deux mois et n’arrivaient pas à se faire entendre, aient obtenu l’écoute du président du conseil départemental et reprennent à présent le chemin du travail », n’a pas manqué de signaler la syndicaliste. Et de préciser que 80 % des revendications des agents en grève ont été satisfaits par le CD. Elles concernaient des points règlementaires reconnus comme tels par le Ben Issa Ousseni qui s’est engagé à s’intéresser de très près au fonctionnement de la MDPH et à se rapprocher du personnel dans le cadre du dialogue social. Pour le personnel non syndiqué, d’autres voies de recours sont à leurs dispositions tel que le tribunal administratif. Selon Siti Gué, cette crise à la MDPH a démontré la nécessité pour le personnel de se faire syndiquer car « un avocat ne saurait défendre un client qui n’en manifeste pas le besoin ».