Des actions perturbatrices des mouvements de barges entre Petite-Terre et Grande-Terre sont à craindre pour les prochaines jours et semaines. Le collectif des agents du STM (Service des transports maritimes) fait planner la menace dans un courrier adressé au président du département de Mayotte, Ben Issa Ousseni, et à sa directrice générale des services, Christine Ayache.
Les usagers des barges du STM (Service des transports maritimes) ne sont pas à l’abri d’une énième saute d’humeur de la part du personnel navigant. Ce service du Département de Mayotte cumule depuis de longues années une kyrielle de problèmes divers et variés, plus ou moins insolubles pour certains en raison d’un manque manifeste de volonté politique à le faire. En milieu de semaine dernière, un collectif d’agents a adressé aux médias locaux la copie d’un courrier daté du 27 novembre adressé au président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, et à sa directrice générale des services (DGS), Christine Ayache. Ce courrier dont des copies auraient été envoyées au procureur de la République, au préfet de Mayotte, à la direction régionale des Affaires maritimes, aux parlementaires mahorais et même aux médias nationaux, fait état de harcèlement au sein de ce service sans plus de détails. Des faits que le collectif aurait signalé à l’autorité dans un précédent courrier daté du 8 novembre. Un délai de réponse de quinze jours aurait été donné au Département, lequel n’a pas jugé bon de réagir. « Nous sommes au regret de vous annoncer que compte tenu de votre indifférence et mépris à notre égard, nous sommes dans l’obligation de nous exprimer par d’autres actions et agir en conséquence conformément à nos précédents écrits », notent les membres du collectif des agents du STM. Au passage, il n’a pas manqué de rappeler les mouvements de débrayage dont il fut à l’initiative plus tôt cette année, sans qu’ils n’aient produit les résultats escomptés, en particulier l’amélioration du dialogue et des conditions de travail. « Nous vous informons dès lors, que nous allons adresser aux autorités compétentes, à toute la population mahoraise via les médias locaux et/ou nationaux pour les informer de notre intention de faire une cessation collective de travail à durée illimitée dans les prochains jours afin de faire entendre toutes nos revendications », annoncent sans détour les auteurs du courrier et rappellent au président du conseil départemental et à sa DGS que leur mouvement ne manquera pas d’engendrer des conséquences sur la continuité territoriale et perturber l’économie locale.
De nouvelles barges sans formation spécifique
Dans les rangs des conseillers départementaux, presque tout le monde se défend d’avoir eu vent d’un tel courrier, mais nombreux sont les élus qui admettent l’existence d’un malaise profond au sein du personnel du STM. Cependant, l’on se garde bien de donner un avis particulier car « ce dossier relève de la compétence exclusive du vice-président Ali Omar qui ne consent aucun conseil ni remarque quelconque pouvant provenir d’un collègue. Le souci est que cette affaire du STM est une poudrière qui pend au nez de tous les conseillers départementaux », se hasarde en confidence un membre de la majorité de Ben Issa Ousseni. Cette source bien informée explique que les difficultés que traverse le STM sont légion et la colère du personnel des barges est légitime.
Elle remet sur le tapis les difficultés techniques et matériels ayant conduit au retrait du permis de naviguer des barges par les Affaires maritimes. Au premier rang des problèmes qu’elle soulève, il y a la formation continue des agents. « Comment expliquer que dans un domaine aussi encadré que la navigation maritime, où les textes et règlements évoluent en permanence, il n’y est concrètement aucun plan de formation établi ? Le département réalise des efforts financiers considérables pour rajeunir la flotte de barges mais le personnel préposé à les piloter manque cruellement de qualification. » Outre les bizarreries internes à la gestion du personnel et à leur carrière, l’on apprend que le chantier naval mauricien qui fabrique ces barges n’entretiendrait pas des meilleurs relations avec son client. « Il faut savoir que ces barges sont livrées à Mayotte sans les pilotes du STM n’aient bénéficié d’une formation particulière au préalable. Résultat des courses, nous avons des embarcations neuves qui sont gravement endommagées au niveau de leur coque, parce que nos pilotes ne savent pas les manœuvrer », dénonce l’élu départemental. L’entourage du président du Département affirme ne pas avoir eu connaissance du courrier du collectif des agents du STM et d’une partie des problèmes soulevés. Il s’étonne de la stratégie de communication choisie par le collectif en direction des médias plutôt que de favoriser un dialogue direct avec l’exécutif du département.
En revanche, il est admis un seul problème au sein du personnel, la nécessité d’affecter un responsable en particulier, pour incompatibilité entre sa mission au sein du STM et ses fonctions électives exercées ailleurs en dehors du département. Cette double casquette ne serait pas sans incidence dans la bonne marche du service.