Production locale

{xtypo_dropcap} »M{/xtypo_dropcap}anger local, c’est bon pour nous, c’est bon pour Mayotte. » C’est ce slogan que vous verrez dès lundi sur les affiches vantant la consommation des produits locaux, que ce soit la production maraîchère, les volailles, les œufs ou la pêche. Dans le cadre du Plan Mayotte 2015 pour le développement de l’agriculture, issu des Etats généraux, la Daf, en partenariat avec l’ARS et la chambre d’agriculture (Capam), lance une campagne de valorisation des produits locaux avec la création d’un label qui doit permettre la pérennisation de l’action.
« L’idée est de montrer au consommateur qu’il y a dans l’île une production maraîchère, fruitière, d’œufs, de volailles, qu’elle est de qualité contrairement à ce que certains semblent croire et qu’elle permettra à terme des créations d’emplois, si le consommateur aide à son développement », détaillait mardi matin François Mengin-Lecreulx, le secrétaire général de la préfecture chargé des affaires économiques.
Cette campagne fait suite à un travail lancé depuis 2009 par la Daf auprès des producteurs, en faveur de la commercialisation de leurs produits. Afin de toucher un public le plus large possible, la campagne sera composée d’affiches, d’un spot télévisé et de messages radio, en français et shimaore, ainsi que d’affiches et d’animations dans les points de vente. Une action spécifique aura lieu à destination des scolaires, avec la création d’un kit pédagogique mis à disposition des enseignants.
La campagne prend un peu d’avance sur la réalisation effective complète du programme puisque, si les fruits, légumes et œufs produits localement se trouvent déjà en magasin, il n’en est pas de même pour les volailles, qui devraient bientôt être commercialisées grâce à l’ouverture d’un abattoir aux normes d’ici la fin de l’année, qui rejoindra celui de l’atelier agroalimentaire de Coconi déjà ouvert depuis peu.

Manger sain pour lutter contre l’obésité

« Il n’est pas prévu pour l’instant de faire de même avec la viande bovine pour laquelle la filière sera plus complexe à mettre en place, notamment en raison des normes sanitaires exigées pour un abattoir, mais cela devra se faire un jour », a précisé François Mengin-Lecreulx.
A noter que l’agence de santé (ARS, ex-Dass) est partenaire de l’opération à hauteur de 20% du financement, le reste étant pris en charge par le Contrat de projet. « Mayotte est vulnérable aux maladies tropicales et aussi, de plus en plus, à celles de la société de consommation. Nous avons ici une présence importante du diabète et de l’obésité, c’est pourquoi favoriser la consommation de fruits et légumes est important », précisait la directrice Danielle Mouffard, alors que l’obésité commence à baisser en métropole, 10 ans après le lancement du plan national en faveur d’une alimentation plus saine et plus équilibrée (manger moins gras, moins salé, moins sucré; manger 5 fruits et légumes par jour…).
L’annonce de cette campagne a été l’occasion pour Dani Salim, président de la Capam qui est partenaire de l’opération, de rappeler que l’agriculture mahoraise est en danger, notamment en raison des vendeurs à la sauvette en bord de route, qui proposent des produits maraichers dont la provenance est inconnue à des prix plus bas que ceux des agriculteurs. « Je refuse d’entendre que la production locale coûte cher, des tomates de bonne qualité à 2 ou 3 € le kilo ce n’est pas trop cher », a renchéri Thierry Maramber, qui demande une accélération du calendrier du programme d’aide à la valorisation des produits locaux.
Le 1er producteur de tomates sous serres de l’île s’est plaint du fait que les grandes surfaces importent des produits de maraîchage de Madagascar ou d’Anjouan, moins chers que ceux de Mayotte. « Dans ce cas nous sommes condamnés à mourir, nous ne pouvons avoir de prix plus bas au vu de nos coûts de production, ou alors il faut embaucher des clandestins… »

Lutter contre l’importation illégale

A la réponse du directeur de la Sodifram, qui précise que la production maraîchère mahoraise ne fournit que 6 mois de l’année, et que le reste du temps il est obligé d’importer pour remplir ses rayons, s’est ajoutée celle du Sgaer qui a rappelé que la baisse des droits de douane sur plusieurs produits obtenue il y a quelques mois n’est pas irrévocable. Si la production mahoraise peut suffire à satisfaire la demande en fruits et légumes, les droits de douane sur ces mêmes produits seront rétablis.
Le débat s’est clos sur la forte demande des agriculteurs de stopper les importations illégales et les ventes à la sauvette, contre lesquelles la direction de la répression des fraudes devrait opérer d’ici la fin de l’année. « En métropole, un fromage de pays coûte plus cher qu’un fromage industriel, c’est normal et ça ne freine pas le consommateur, au contraire », a toutefois estimé M. Mengin-Lecreulx. Cette première phase de campagne doit durer un mois, elle sera reprise à partir du mois de décembre et à nouveau au mois de février, pour s’inscrire dans la durée.

 

 

Hélène Ferkatadji

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