Du 28 au 30 novembre, les Assises de la Croissance Verte se tiennent à Mamoudzou. C’est l’occasion pour différents acteurs économiques et institutionnels de Mayotte et de la région d’échanger afin de réfléchir à des solutions pour aller dans le sens du développement durable, tout en préservant la croissance économique.
« La pollution et les atteintes à l’environnement ont un coût pour la nature, mais aussi pour l’économie », pointe du doigt Rachadi Saindou, président de la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou, lors de son discours d’ouverture des Assises de la Croissance Verte, qui avaient lieu, ce mardi, dans l’hémicycle Bamana du conseil départemental, à Mamoudzou. « Nous devons concilier le développement économique et démographique avec la préservation de la spécificité des ressources environnementales. »
Cet événement a pour but de rassembler différents acteurs autour de la table afin de réfléchir à des moyens de satisfaire économie et environnement à la fois. « Il s’agit ici de partager nos pratiques et trouver des synergies pour travailler à la valorisation des déchets », donne comme exemple le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila.
En 2050, un milliard d’humains sur des côtes menacées
Car la situation est urgente. Comme l’a rappelé Édouard Mayoral, conseiller diplomatique du préfet de Mayotte, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a annoncé une hausse du niveau de la mer de 65 cm à 1 m d’ici 2100. « Cela ne se fera pas avec la douceur d’une baignoire qui se remplie, mais par à-coups. D’ici 2050, un milliard d’humains vivront sur des côtes menacées par la montée des eaux. Les Maldives, par exemple, auront perdu 80% de leur territoire », insiste-t-il.
Après plusieurs discours, les différents acteurs économiques et institutionnels ont échangé lors de tables rondes. Si le panel d’intervenants était diversifié, on note que les principales associations environnementales mahoraises n’ont pas été conviées. La coopération entre les différentes îles et pays de l’océan Indien a été abordée ainsi que son cadre juridique. « Ici, à Mayotte, nous payons 12 euros un kilo de tomates qui viennent d’Espagne. Ce serait bien qu’on puisse échanger avec des pays voisins comme la Tanzanie », soumettait Edouard Mayoral. Les principes de l’éducation au développement durable ont également été présentés, ainsi que les différents leviers de financement, avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) par exemple, qui, en 2022, a aidé dix projets à l’investissement.
Une visite sur le traitement des carcasses de voitures
Durant l’après-midi, les différents acteurs ont pu assister à des visites techniques sur les déchets marins, sur la première unité de valorisation locale des déchets plastiques, sur la création de solutions durables pour l’ingénierie des projets environnementaux et sur la gestion des déchets métalliques. Pour ce dernier, les participants se sont rendus chez Enzo Technic Recyclage, à Kawéni, Mamoudzou. Là, ils ont pu voir où finissent les carcasses de voitures avant que le métal ne soit broyé et aggloméré sous forme de cubes. « Auparavant, elles doivent être dépolluées, c’est-à-dire que la batterie et les fluides doivent être enlevés », explique Andrian Toilibou, directeur général, qui assure la visite. L’entreprise a récemment élargi son domaine d’activité, avec la collecte d’ordures ménagères, et vient de se doter de nouvelles broyeuses.
Ces tables rondes, ces visites et les ateliers prévus ce mercredi doivent conduire à la rédaction d’une charte d’engagement pour répondre aux objectifs présentés en début d’Assises, et qui doit être signée à la fin de l’événement.
Les Assises continuent mercredi et jeudi
Ce mercredi, deuxième jour des Assises de la Croissance verte, sera consacré à plusieurs ateliers. Un premier sur la gestion et la valorisation des déchets, un deuxième sur les pratiques innovantes concernant la valorisation et le traitement des déchets dans l’économie sociale et solidaire, un troisième sur les différentes synergies possibles entre collectivités et entreprises et enfin, un quatrième qui consiste en la mise à jour de la charte d’engagement. Ils auront lieu au conseil départemental, à Mamoudzou. La dernière journée sera consacrée à une visite du pôle d’excellence rurale de Coconi, à Ouangani, durant laquelle sera signée la charte, et à la découverte du patrimoine marin.