« Après les formations, il ne me manque que le foncier »

Depuis le 25 octobre et jusqu’au 15 novembre, l’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) lance un appel à projets ciblant les agriculteurs qui souhaiteraient reprendre des parcelles agricoles. Pour maximiser les chances d’adéquation entre les projets et le terrain, la structure a organisé, ce lundi, des visites des terrains en question à Tsoundzou 1.

Ils étaient une quinzaine à visiter une parcelle agricole à Tsoundzou 1, le village au sud de Mamoudzou, ce lundi après-midi. Ce terrain d’un hectare, à proximité de la route de Kwalé, ainsi que deux parcelles de 1.500 m2 à Vahibé, sont au cœur d’un appel à projet de l’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam). Ce dernier, dans le cadre de ses missions de Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural), a la charge de gérer le foncier agricole. « Quand on achète du foncier agricole, l’idée est d’y permettre l’installation d’agriculteurs pour maintenir l’activité », assure David Vancauteren, directeur de la stratégie agricole à l’Epfam.

La structure a dû réaliser une enquête socio-foncière avant d’acquérir ces terrains, comme le précise Elhadji Inssa, agent de développement territorial : « Cela nous permet de savoir si la parcelle n’a pas été vendue deux fois. Ensuite, on fait en sorte de libérer le foncier, puis on peut lancer l’appel à projets ».

Choisir le projet le plus adapté

L’Établissement public n’a en effet pas vocation à demeurer propriétaire du foncier agricole qu’il acquière. Ce dernier est rétrocédé aux agriculteurs qui sont sélectionnés à travers une procédure permettant de choisir les projets les plus adaptés à la parcelle. Les agriculteurs ont donc depuis le 25 octobre et jusqu’au 15 novembre pour candidater en vue de pouvoir exploiter un des trois terrains. « On analyse les dossiers que vous allez nous envoyer, et on visite les terrains de ceux qui sont en activité, ce qui nous permet d’avoir une vision plus objective », explique David Vancauteren aux candidats avant d’entamer la visite de la parcelle de Tsoundzou 1, une visite qui doit justement servir aux agriculteurs intéressés de voir si leur projet peut s’adapter au terrain avant de candidater.

Les aspirants observent méticuleusement les caractéristiques du terrain tout au long de la visite. Certains remarquent la source d’eau, d’autres l’éloignement de la route principale et l’un d’eux se demande comment se passent les relations avec les agriculteurs voisins. « La difficulté, effectivement, pour ceux qui s’installent sur du foncier dans un village qu’ils ne connaissent pas, ce sont les relations avec le voisinage. Ce qui est d’autant plus déterminant pour le partage de la ressource en eau par exemple », répond le directeur de la stratégie agricole. La proximité est ainsi un critère dans la sélection du projet. « Si un agriculteur connaît l’environnement et les autres agriculteurs, le projet a plus de chances de réussir, mais ce n’est qu’un critère parmi d’autres », rassure-t-il.

Respect de l’environnement exigé

Le projet doit notamment être compatible avec le respect de l’environnement. « Dans les baux concernant le foncier Epfam, il y a des clauses environnementales qui obligent les agriculteurs à avoir des pratiques conformes au cahier des charges de l’agriculture biologique, avec interdiction de faire du brûlis, d’utiliser des pesticides, des engrais chimiques, etc. », insiste le directeur de la stratégie agricole, ajoutant que l’Epfam peut accompagner les exploitants pour obtenir la certification en agriculture biologique, mais aussi pour monter les dossiers de demande de subvention pour les investissements liés au lancement de l’activité.

Avant de reprendre la voiture pour aller visiter les terrains de Vahibé, la plupart des agriculteurs semblent convaincus. « Je suis très intéressé, j’ai fait des formations pour pouvoir m’installer, il ne me manque que le foncier. Cette parcelle me permettrait de faire mon projet qui est de produire des fruits et légumes locaux, bio, dans le respect de l’environnement », estime un jeune agriculteur présent à la visite, qui fait actuellement du jardin mahorais sur une parcelle familiale, à Kahani, dans la commune de Ouangani.

Un terrain en effet attrayant, dans un contexte où le foncier agricole se fait rare à Mayotte, et de manière générale, dans l’ensemble des départements et régions d’Outre-mer.

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