La gastro-entérite, habituelle en cette période à Mayotte, connaît une ampleur inédite, cette année. Dans son dernier bilan, Santé publique France a admis que le manque d’eau pour l’hygiène « a probablement pour conséquence une intensité et une durée de l’épidémie supérieure à ce que l’on a observé les années précédentes ». Elle note une baisse aux urgences, certes, mais rappelle que l’hôpital travaille avec « un service en sous-effectifs », l’obligeant à réduire le nombre d’admis.
A la crise de l’eau, s’ajoute celle de la gastro-entérite, depuis un mois. Jusqu’à présent, si elle mettait en garde contre les difficultés d’hygiène, Santé publique France ne faisait pas le lien entre la circulation de la maladie et la pénurie d’eau sur le territoire. « Si la survenue d’une épidémie de gastro-entérite (GEA) à cette période de l’année n’est pas inhabituelle, la situation actuelle de pénurie d’eau rencontrée sur le département, couplée à une baisse de l’adoption des mesures d’hygiène de base liée au manque d’eau a probablement pour conséquence, une intensité et une durée de l’épidémie supérieure à ce que l’on a observé les années précédentes », reconnait désormais l’instance. Ainsi, à Mayotte, le nombre de prélèvements positifs « repart à la hausse en semaine 39 (S39) avec un taux de positivité se situant à 74 % ». Ce taux avait pourtant baissé, ces deux dernières semaines.
Un pic des ventes d’anti-diarrhéiques
Outre les prélèvements positifs, plusieurs indicateurs montrent que la gastro est encore là. La vente d’anti-diarrhéiques est à un pic encore jamais été atteint cette année. « Le taux d’activité pour diarrhées aigues déclaré par les médecins sentinelles était en augmentation depuis plusieurs semaines et se situait à un niveau supérieur à celui observé les années précédentes à la même période, avec un taux d’activité de 7,6 % en semaine 39 », confirme Santé publique France.
Il y a moins de passages aux urgences, alors que le centre hospitalier de Mayotte est toujours soumis à un plan blanc de niveau 2. Toutefois, « le taux reste à un niveau élevé, supérieur à ceux observés les trois années précédentes », note l’instance, qui rappelle qu’il y a eu « treize cas graves admis en réanimation au CH de Mayotte » depuis le début de l’épidémie de gastro-entérite.
Elle n’exclut pas d’ailleurs que la baisse du nombre de passages aux urgences (« tous motifs confondus ») soit « en lien avec un service en sous-effectifs ».
La préfecture défend l’eau produite par la Formisc
Candidate aux dernières élections sénatoriales, Anchya Bamana s’était offusquée de la distribution d’eau en sachet au collège M’gombani, à Mamoudzou, le lundi 2 octobre. Elle remettait en doute sa traçabilité et demandait que cette eau ne soit plus distribuée à son enfant. Cette dernière est issue de la rivière Coconi et potabilisée par la Formation militaire de la Sécurité civile (Formisc). Dans un communiqué daté de ce dimanche, la préfecture de Mayotte s’appuie sur « les résultats des analyses de la qualité de l’eau brute issue de la rivière, l’avis favorable émis par l’hydrogéologue agréé en matière d’hygiène publique saisi par l’ARS, la filière de traitement mise en œuvre ainsi que les résultats d’analyse de la qualité de l’eau traitée qui ont permis à l’agence régionale de santé de Mayotte d’émettre un avis sanitaire favorable quant au caractère potable de l’eau produite ». Elle défend une unité qui est utilisée depuis une dizaine d’années et fait remarquer que les sachets plastiques sont « adaptés aux contenances alimentaires », qu’ils peuvent « être distribués et consommés dans une limite de 72 heures après la date de production, qui figure sur les sachets produits ». Elle rappelle à l’ancienne maire de Sada, par ailleurs employée de l’ARS, que la sécurité civile réalise à Mayotte « une mission générale de protection de la population et pas une production destinée à la vente ». Dans ce cadre, « aucune mention supplémentaire n’est obligatoire ».