« Avant trois ans, l’exposition aux écrans peut entrainer des troubles du développement »

Le vendredi 6 octobre, l’unité mobile de pédopsychiatrie (UMPP) a organisé une conférence au grand hémicycle du conseil départemental, à Mamoudzou. Intitulée « De la bonne utilisation des écrans chez lenfant et ladolescent », cette table ronde avait pour but de sensibiliser le public sur les dangers des écrans pour les jeunes.

Télévisions, ordinateurs, smartphones, tablettes… Les écrans ont envahi notre quotidien. Si ces outils sont bien utiles pour souvrir au monde ou être plus efficace, ils nen demeurent pas moins nocifs pour les plus jeunes. Les risques dune exposition aux écrans pour la santé mentale des enfants étaient au cœur de la conférence organisée, ce vendredi 6 octobre, par lunité mobile de pédopsychiatrie (UMPP) du centre hospitalier de Mayotte (CHM).

« En France, il y a en moyenne sept écrans par famille, et les enfants âgés entre un mois et trois ans passent en moyenne cinq heures par semaine devant », constate la docteure Virginie Briard-Girard, cheffe de service de pédopsychiatrie et responsable de lUMPP. Si certains parents peuvent penser que la tablette ou le smartphone peut être un moyen dapprentissage pour lenfant, la pédopsychiatre alerte net. « Avant trois ans, lexposition aux écrans peut entrainer des troubles du développement, notamment du langage », explique la médecin, ajoutant que dans certains cas rares, on a pu observer des troubles sapparentant à des troubles autistiques chez les moins de 3 ans.

« L’enfant est happé par l’image »

Plus généralement, on constate également des retards psychomoteurs et des troubles de lattention chez les enfants passant du temps trop tôt sur les écrans. « Lenfant est happé par limage et reste passif devant, il risque ensuite davoir des difficultés à se concentrer », ajoute la pédopsychiatre. Durant cette période de la vie, lenfant doit être stimulé par le mouvement, les interactions avec ses parents et dautres enfants. « Les parents doivent jouer avec leurs enfants, car ils apprennent par imitation, il faut faire les choses avec lui », explique Nazlli Joma, psychologue au centre médico-psychologique enfant du CHM. Face à une vidéo sur une tablette, le cerveau du bambin nassimile pas linformation. Il est donc recommandé dappliquer une politique « zéro écran » à la maison.

À partir de 4 ans, les écrans peuvent être introduits dans la vie de lenfant, mais en veillant bien à limiter et fractionner le temps passé dessus. « Il faut également que les parents accompagnent ces moments avec les écrans, pour ajuster le contenu et faire le lien entre le virtuel et la réalité », détaille la docteure Virginie Briard-Girard. Même à l’adolescence, il est recommandé d’encadrer l’utilisation du smartphone, de la tablette et de l’ordinateur, notamment à cause des réseaux sociaux et du cyberharcèlement.

« Dans les écoles, on nous incite à utiliser les outils numériques »

Dans le public, un professeur d’Histoire a fait remarquer la complexité d’éloigner les enfants et les adolescents des écrans. « Dans les écoles, on nous incite à utiliser les outils numériques, et on parle de plus en plus de cours par visioconférence », note-t-il. La cheffe de service de pédopsychiatrie répond qu’il est d’autant plus important que les professeurs complètent leurs cours avec d’autres supports, comme ils en ont la possibilité.

Si la problématique des écrans est universelle, à Mayotte, on note quelques difficultés supplémentaires. « Les écrans sont arrivés en masse d’un coup avec la départementalisation », souligne la médecin. Une technologie alors plus difficile à appréhender et apprivoiser. L’insécurité sur l’île présente un autre facteur de risque : on garde davantage les enfants à la maison. « Après deux mois à Mayotte, je constate que le temps que mes enfants passent devant les écrans a augmenté », témoigne une maman présente dans l’assemblée, qui, auparavant, lorsqu’elle vivait en métropole, ne laissait ses enfants regarder la télévision que quelques heures le week-end.

Une conférence à revoir

Lunité mobile de pédopsychiatrie (UMPP) du centre hospitalier de Mayotte (CHM) mène différentes actions de prévention et de sensibilisation. La conférence de ce vendredi 6 octobre, « De la bonne utilisation des écrans chez l’enfant et l’adolescent », sera redonnée le 7 novembre à la MJC de Mtsamboro, le 14 novembre au cinéma de Chirongui et le 21 novembre à Pamandzi. Le mercredi 11 octobre, de 8h à 12h, une matinée se déroulera sur le thème de la santé mentale à tout âge. Cet événement aura lieu à la MJC de M’gombani, à Mamoudzou, et non dans le grand hémicycle du Conseil départemental de Mayotte comme c’était prévu initialement.

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