Le premier bateau affrété par l’État, avec le soutien de la Fondation CMA-CGM est arrivé au port de Longoni, ce mercredi matin. Grâce à cette livraison, ce sont 600.000 litres d’eau embouteillée, destinée à l’alimentation en eau potable de la population vulnérable de l’île qui pourront être distribués. Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, et Gilles Cantal, préfet de l’eau, se sont rendus sur place, en compagnie des forces armées, en appui sur le dispositif.
Annoncé la semaine dernière, un premier bateau affrété par l’État et la Fondation CMA-CGM, qui prend en part une partie du fret, est arrivé ce mercredi matin au port de Longoni. Dans la matinée, ont été déchargés trente-deux conteneurs du navire Kiara, contenant 600.000 litres d’eau. Ces 400.000 bouteilles d’eau seront destinées à permettre l’alimentation en eau potable de la population vulnérable à Mayotte (femmes enceintes, nourrissons de moins de deux ans, personnes immunodépressives, personnes handicapées fortement dépendantes et personnes de plus de 65 ans). Sur place, Thierry Suquet explique que « ce sont 50.000 personnes concernées » et non plus 30.000 comme cela avait été annoncé. Après une estimation, un travail est mené pour constituer des listes nominatives afin d’affiner au maximum le nombre.
« Donner de l’eau aux gens qui en ont besoin »
Une fois réceptionnées au port, les bouteilles d’eau – de trois marques, dont Australine – seront distribuées avec le soutien des collectivités locales. Cette étape devrait débuter d’ici la fin de semaine. « On dialogue avec les communes et l’UDCCAS de façon à sélectionner avec eux des lieux sécurisés où vont se faire les distributions », ajoute le préfet, qui précise que ce sont les communes qui pilotent la distribution au public. Selon la taille des dix-sept communes de l’île, les distributions s’étendront d’un à trois jours. Dans un premier temps, une commune sera desservie par jour, puis plusieurs. « L’idée, c’est de pouvoir donner de l’eau aux gens qui en ont besoin, une fois par semaine pour la totalité de la semaine », soutient le délégué du gouvernement. La dotation en eau est de deux litres par personne pour les adultes et un litre pour les nourrissons.
Ces livraisons de conteneurs d’eau vont se poursuivre, avec un deuxième bateau prévu pour le début du mois d’octobre, qui contiendra 800.000 bouteilles d’eau, soit 1,2 million de litres. « C’est le double de ce qu’on a à l’heure actuelle et les autres commandes sont également parties », note Thierry Suquet. Une commande d’eau supplémentaire à La Réunion qui a permis de constituer un stock stratégique. Le préfet complète en expliquant que tant que la capacité de production d’eau potable n’est pas revenue à la normale et que la distribution d’eau au robinet pas régulière, « on va continuer ces opérations ». Ainsi, des programmations qui vont permettre de tenir le rythme dans les semaines à venir sont prévues.
Une mobilisation des forces armées
Outre le fait de s’appuyer sur les collectivités locales et les transporteurs, l’opération requiert l’implication des forces armées. Ainsi, le Détachement de Légion étrangère de Mayotte (DLEM) et le Régiment du service militaire adapté (RSMA) de Mayotte sont mobilisés pour un appui logistique. « Les moyens seront adaptés aux besoins », explique le colonel Jean-Alexis Poupon, commandant le DLEM et commandant militaire de Mayotte. Les équipes procéderont à des opérations de manutention, tant sur le port, que sur les lieux de distribution. « On a besoin d’une souplesse que l’utilisation des armées nous permet », ajoute le préfet. De son côté, le colonel Guilaume Larabi, chef de corps du RSMA, observe que le régiment a « la capacité de venir en appui car, on à la fois des bras et la jeunesse, mais aussi, on peut mettre en place des rotations d’effectifs ». Tout en poursuivant leur formation, l’intégralité des effectifs du régiment sera donc mise à contribution.
Et le prix des bouteilles d’eau dans les commerces ?
Concernant le prix des bouteilles d’eau minérale, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet a réexpliqué que les prix sont gelés par décret – prix en date du 3 juillet 2023 – et que cela permet d’être en position de fournir de l’eau à l’ensemble de la population. Le délégué du gouvernement a également rappelé, concernant cette livraison de conteneurs, que « l’eau gratuite, elle est pour ceux qui sont malades et en danger immédiat. Autrement, on se fournit dans son magasin comme d’habitude ».
Interrogé sur la question du prix des bouteilles d’eau, ce mardi, le préfet de l’eau, Gilles Cantal, a expliqué que deux actions sont possibles. La première porte sur le contrôle des prix, afin de garantir « qu’ils ne soient pas dépassés par les commerçants au détriment des consommateurs ». Le deuxième moyen, dont dispose la préfecture, serait de prendre un second arrêté complémentaire d’application du décret, afin « d’intervenir sur ces marques qui n’auraient pas été recensées dans le cadre du premier ». Ce ne sera donc pas dans l’immédiat que le prix des packs d’eau sera revu à la baisse.
Un accident mortel au port ce mercredi
Lors des opérations de déchargement du navire ce mercredi, un accident mortel se serait produit. Contactés, la gendarmerie et le parquet confirment qu’un accident a bien eu lieu, mais précise qu’une enquête est en cours, afin de déterminer les circonstances de cet événement. L’inspection du travail a également été saisie.