Crise de l’eau : « On ne va pas se mentir, on va vers du dur »

Dans l’hôtellerie et la restauration, la pénurie d’eau frappe déjà les établissements mahorais. Outre l’incertitude entourant la raréfaction de la ressource, celles concernant la clientèle en moins ou les investissements à réaliser deviennent de plus en plus préoccupantes. LUmih Mayotte (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) a donc invité adhérents et non adhérents à une assemblée générale extraordinaire, ce lundi après-midi, au lycée des Lumières, à Kawéni.

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Charles-Henri Mandallaz et Marcel Rinaldy, respectivement président et trésorier de l’Umih Mayotte, ont réuni des adhérents et des non adhérents pour répondre à leurs questions sur la crise de l’eau qui frappe actuellement toute l’île.

« Je n’ai jamais été aussi inquiet. Même avec la crise du Covid-19, on savait ce qui nous attendait », admet Charles-Henri Mandallaz. Le président de lUmih Mayotte vient juste de terminer une rapide assemblée sur la question de l’eau, au lycée des Lumières, à Kawéni. Avec Marcel Rinaldy, le trésorier du syndicat, ils souhaitaient faire un point, ce lundi, sur les revendications des secteurs de l’hôtellerie et la restauration. Les non adhérents étaient également invités à écouter ce que propose le syndicat, qui n’est pour l’instant guère rassurant. « On ne va pas se mentir, on va vers du dur », reconnaît le président et gérant d’un hôtel et deux restaurants sur l’île, devant la vingtaine de personnes réunies dans une salle de classe. « Thierry Marx (N.D.L.R. le célèbre cuisinier et président de l’Umih au niveau national) a alerté la Première ministre Elisabeth Borne, le ministre du Travail Olivier Dussopt et celui des Outre-mer Philippe Vigier », poursuit-il.

De la part des participants, les questions fusent à la fois sur les dernières informations à propos de la gravité de la pénurie, mais aussi des mesures plus pratiques comme le caractère rendu obligatoire depuis la semaine dernière de mettre à disposition « du gel hydroalcoolique dans les toilettes pour garantir l’hygiène publique ». « L’arrêté est déjà appliqué, donc si ce n’est encore le cas chez vous, vous êtes dans l’illégalité », indique Marcel Rinaldy à un public étonné. Tous s’inquiètent également d’être la cible de contrôles sanitaires rigoureux alors que tout le secteur a l’impression de naviguer à vue puisque aucune feuille de route ne leur a été présentée (le syndicat doit rencontrer la préfecture de Mayotte, ce mardi).

Des équipements coûteux

Avec les coupures d’eau de 48 heures, la préfecture de Mayotte a promis des aides exceptionnelles aux secteurs particulièrement touchées par le manque d’eau. Seulement voilà, le chômage partiel n’est pas pris en charge totalement par l’État, les gérants devront aussi en payer une part. « Des collègues commencent à y penser avec la situation actuelle », reconnaît Charles-Henri Mandallaz, qui trouve ce dispositif « intolérable ». « La défaillance n’est pas de notre côté. »

Un autre point qui fait enrager les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, c’est le coût des équipements. Les cuves de 500 litres coûtent entre 500 et 1.000 euros, les pompes pour alimenter les établissements ne sont pas non plus données. La facture peut vite grimper. « J’ai dû sortir 20.000 euros de ma poche. J’aurais préféré l’investir dans autre chose, mais bon, c’est devenu une obligation », donne comme exemple le président de l’Umih. Et il n’est pas le seul dans ce cas-là, ceux qui n’ont pas encore de cuves y regardent à deux fois, mais l’idée de se retrouver en manque d’eau en plein service les contraint à cette nécessité. Là aussi, l’Umih espère que ces achats seront compensés par l’État, tout comme le prix des bouteilles d’eau qu’ils doivent faire payer aux clients faute de carafe d’eau potable. « Les clients sont sur la même planète. Ils comprennent », assure celui qui est à la tête du syndicat.

Pour se faire entendre, l’Umih n’exclut pas la voie judiciaire. Le vote de ce lundi à l’unanimité a entériné le rapprochement avec un avocat pour un possible recours contre l’État pour des indemnisations. La Société mahoraise des eaux (SMAE) ne serait pas épargnée. Comme les particuliers, les professionnels ne comprennent pas pourquoi ils payent pour un service qui n’est pas rendu et pourraient eux aussi décider de ne plus honorer leurs factures, menacent-ils.

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