Un agent de sûreté de l’aéroport a été condamné hier au tribunal correctionnel pour aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national. Il est accusé d’avoir abusé de sa fonction et de la naïveté de clandestins pour que ces derniers puissent passer sans encombre le contrôle des bagages à l’aéroport de Pamandzi.
On connaissait les passeurs maritimes qui sévissent sur les kwassas en termes de trafic d’êtres humains, on découvre à présent les passeurs aéroportuaires. C’est le cas de A.B qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel pour avoir aidé des Comoriens à traverser le poste inspection filtrage (Pif) sans être inquiété. Les faits se sont produits entre 2015 et 2017. L’agent de sûreté a été contacté par un certain « Fahad le roi de Marseille » afin qu’il lui donne un coup de main pour faire passer des personnes en situation irrégulière. A.B a accepté la demande moyennant 1 500 à 2 000 € par personne. Un business juteux au détriment de « la naïveté de pauvres gens qui ont économisé toute une vie », selon les termes du procureur, pour s’offrir le voyage Mayotte – métropole. Or le 5 mai 2016, une ressortissante comorienne et son enfant sont interpellés à l’aérogare par la police aux frontières. Après un an d’enquête, les recherches permettront aux forces de l’ordre de remonter jusqu’à A.B dont l’identité a été révélée par l’étude de l’historique des conversations téléphoniques de la clandestine. L’agent a été interpellé le 29 août dernier et a avoué lors de sa garde à vue qu’il était bien en contact avec cette personne. « Elle avait besoin de se faire soigner. J’ai voulu aider et on m’a proposé de me rémunérer. J’ai donc peut-être pensé que c’était de l’argent facile. Ainsi, j’ai dit à la personne de réserver son billet d’avion tel jour », a-t-il déclaré. Une date de départ qui correspondait au jour où travaillait A.B.
Relaxe pour le chef de corruption passive
Quel était donc l’intérêt pour « Fahad le roi de Marseille » et les clandestins de recourir aux services de l’agent de sûreté ? Peut-être qu’il s’agissait d’un moyen de rassurer les candidats à l’entrée illégale sur le territoire national en ayant un contact sur place le jour J.
« Le prévenu demandait à ses collègues de laisser passer les passagers en question et il prévenait ces derniers de venir avec plusieurs papiers comme les extraits de naissance des enfants au cas où », rappelle le procureur. Mais cette présence ne fut d’aucune utilité pour la ressortissante comorienne est interpellée le 5 mai 2016. En effet, lors de cette interpellation, A.B s’est absenté 15 minutes, image de vidéosurveillance à l’appui avant de revenir et de questionner les agents de la Paf sur ce qu’a pu dire le voyageur. Un comportement plus que suspect qui n’a pas manqué de mettre la puce à l’oreille des enquêteurs. Dans la foulée, l’agent de sûreté a remboursé la famille de la clandestine, un SMS attestant de ce transfert d’argent. L’avocat du prévenu demandera à ce que son client soit relaxé des chefs d’accusation pour lesquels il était poursuivi. « A.B est un agent de sûreté, il contrôle juste les cartes d’embarquement pas les pièces d’identité et son travail n’est pas de signaler que des personnes en situation irrégulière vont embarquer dans un avion », explique la défense. Les excuses et remords du prévenu n’y feront rien. Si le tribunal l’a relaxé pour le chef de corruption passive, le juge Ballu et ses assesseurs l’ont condamné néanmoins à 1 an de prison avec sursis, 5 000 € d’amende avec inscription sur le casier judiciaire pour les faits d’aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national et détention de produits stupéfiants (11 grammes de cannabis retrouvés à son domicile).
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