L’heure était au bilan de mi-parcours pour les représentants des collectifs qui restent attentifs à la lutte contre l’insécurité et l’immigration clandestine à Mayotte. Fin du visa territorialisé, opération Wuambushu, sit-in devant les bureaux de la préfecture de Mamoudzou, les Jeux des Iles de l’océan Indien, les revendications sont toujours aussi présentes chez ses défenseurs de Mayotte française. Une rencontre était organisée, ce vendredi 1er septembre, à Mamoudzou.
Les représentants des collectifs mahorais s’étaient donné rendez-vous au restaurant le 5/5, ce vendredi après-midi. Une rencontre qui avait pour but de faire le point sur les différentes actions qu’ils ont pu mener au cours des deux derniers mois, examiner celles qui ont abouti et celles nécessitant un effort supplémentaire. Selon Saïd Mouhoudhoir, l’un des porte-paroles du collectif, le blocage du bureau des étrangers à la préfecture de Mayotte s’est traduit par une reconnaissance des problèmes de ce territoire par les différents responsables politiques nationaux. « Nous ne le dirons jamais assez, notre île fait face à des difficultés d’une ampleur exceptionnelle qu’on ne rencontre nulle part ailleurs. Nous avons ce problème d’immigration clandestine qui gangrène tout le département et entraîne de l’insécurité et ne rassure personne. » Évoquant l’opération Wuambushu lancé par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, fin mai 2023, les représentants des collectifs estiment que les péripéties qui ont émaillées son lancement n’altèrent en rien à la détermination des autorités françaises à aller au terme de cette affaire, qu’elles contraignent juste à modifier le modus operandi. « Cette opération est toujours en place et fonctionne, quoi qu’on en pense, et ce même si la démonstration de force attendue par la population de la part des forces de l’ordre n’a pas été au rendez-vous. Nous sommes un pays de droit, et la nécessité de respecter la loi est omniprésente et nous rappelle sans cesse à l’ordre », a poursuivi Saïd Mouhoudhoir. Il s’est plu à penser que la suspension théorique de l’opération n’est que temporaire, le temps de se conformer aux décisions de justice et les démolitions de bidonvilles reprendront de plus belle. Le sentiment que cette situation inspire aux membres des collectifs présents à cette réunion est que Mayotte est bien une partie intégrante du territoire national français. « Deux pas en avant, un pas en arrière, les Français aiment bien cela. Finalement, force est de constater qu’on a fait du surplace mais que cela produit des résultats. »
Un appel à rester ferme vis-à-vis des Comores
À la veille de l’arrivée annoncé du nouveau ministre délégué aux Outre-mer (Philippe Vigier, voir par ailleurs) sur le territoire, le collectif a lui adressé un courrier sous forme d’une plateforme revendicative reprenant nombre des problèmes récurrents sur l’île. Il déplore de ne pouvoir rencontrer le ministre en personne pour cause d’agenda très chargé et espère toutefois un rendez-vous fructueux avec son conseiller politique. A propos de la suite à réservée à leurs actions, Saïd Mouhoudhoir a de nouveau évoqué la question du sit-in devant la préfecture de Mamoudzou, une opération qui serait selon ses dires, le résultat d’un long travail de concertation avec le Délégué du gouvernement, dans un respect mutuel dès les premiers jours, bien qu’il n’y ait pas eu lieu de faire de grandes déclarations, un exercice uniquement réservé aux sorties de crises. « Nous sommes entrés dans une crise avec les autorités comoriennes. Nous appelons notre président Emmanuel Macron à rester très ferme car cette catastrophe migratoire que subit Mayotte n’est pas le fruit du hasard, sans doute a-t-il sa part de responsabilité là-dedans eu égard à son amitié pour Azali Assoumani (N.D.L.R. le président des Comores), qui lui demande une pause dans les reconduites aux frontières. Je rappelle que celui-ci continue à revendiquer notre île comme étant une partie de son territoire. Pour moi, le chef de l’État joue avec le feu dans cette attitude et ne doit pas s’étonner de se brûler les doigts un jour à venir. » Actualité du moment oblige, les déclarations ont également porté sur la participation des athlètes mahorais aux Jeux des Iles de l’océan Indien, qui se sont achevés ce dimanche. Une participation qui n’est absolument pas au goût de Saïd Mouhoudhoir, lequel s’interroge sur ce qui a pu motiver le conseil départemental de Mayotte à apporter un financement, aussi minime soit-il, à cette aventure « peu reluisante » pour les sportifs de l’île.
Comme beaucoup de gens qui commentent le traitement réservé cette année aux sportifs de la délégation mahoraise à Antananarivo, il estime que le minimum pour les organisateurs de cet événement aurait été de permettre à nos jeunes de porter le fanion du 101ème département français. « On s’est fait insulter et traîner dans la boue à travers cette affaire. »