La chasse est lancée contre les fausses attestations d’hébergement

A la fin de l’opération Wuambushu, l’État avait jugé bon que la lutte contre l’immigration illégale à Mayotte devrait continuer sous une autre forme. Ce jeudi 31 août, la préfecture de Mayotte annonce que les contrôles seront renforcés pour vérifier les attestations d’hébergement.

 « J’ai envie de dire à la société mahoraise quand est-ce qu’elle prendra ses responsabilités notamment parce que certains de « ces bangas » (sic) sont loués par des marchands de sommeil. Il faut quand même les dénoncer, il y a des gens propriétaires, qui sont parfois des Mahorais qui louent à des femmes et des enfants seuls ces bidonvilles », avait constaté Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outremers, alors que les pelleteuses détruisaient les restes d’habitations en tôles dans le quartier Oupi, à Labattoir, en juin dernier. Le futur candidat à l’élection présidentielle de 2027 indiquait alors vouloir s’attaquer davantage à l’économie informelle et aux « marchands de sommeil ». Ce Wuambushu 2 se veut plus générateur d’enquêtes qu’une débauche de moyens matériels, comme l’ont été ces derniers mois. Par ailleurs, une quarantaine de camions, qui servaient au transport des gendarmes en renfort, ont été vus partants à Longoni, cette semaine.

« La réalité de la domiciliation est une condition de forme préalable à la délivrance d’un titre de séjour. Pour s’en assurer, les services instructeurs de la direction de l’immigration, de l’intégration et de la citoyenneté (DIIC) procéderont dorénavant, sur instruction préfectorale expresse, à des vérifications renforcées, tout particulièrement à l’égard des attestations d’hébergement », prévient ainsi la préfecture de Mayotte, dans un communiqué daté de ce jeudi. Ces documents peuvent ensuite être utilisés pour des demandes de titre de séjour. « A ce jour, près de 90 % des dépositaires de première demande de titre de séjour n’ont pas de logement propre, et sont hébergés par des tiers. Certains documents, rédigés sous la forme d’une attestation sur l’honneur, s’appuient sur de fausses déclarations, moyennant finance », font remarquer les services de l’État, avant de rappeler que ces écrits peuvent constituer un délit.

Une expérimentation à Tsingoni

Le procédé que souhaite mettre en place la préfecture repose sur des contrôles effectués « après le dépôt d’un dossier d’admission au séjour auprès de la préfecture ». Cette dernière veut y associer les maires, puisqu’il est proposé que les contrôles de la préfecture soient « diligentés en coopération avec eux, ainsi que les polices municipales ». A Mayotte, ce type d’enquêtes n’est pas nouveau. Il y a quelques mois, la commune de Tsingoni a connu des barrages d’habitants voulant apporter leur soutien à l’opération Wuambushu, mais également mettre en exergue la présence de bidonvilles dans leur village. La municipalité de Tsingoni avait rencontré les manifestants et confirmé que des listes de possibles marchands de sommeil existaient. Ce serait même « une expérimentation » qui existe depuis l’année dernière. Depuis des mois, les collectifs mahorais demandent également de telles mesures. Autre commune où des affaires de ce genre sont sorties, cette année, Sada a vu ce mercredi Frédéric Sautron, le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, « rencontrer les élus et la police municipale afin de planifier la mise en œuvre concrète de ces contrôles ». Un courrier préfectoral enjoint les autres maires à faire de même.

Dans son communiqué, la préfecture de Mayotte rappelle que « le délit d’établissement, d’usage d’attestation, de certificat inexact ou falsifié, pour obtenir un titre de séjour ou le bénéficie d’une protection contre l’éloignement, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende ».

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