Crise de l’eau : « Aucune goutte d’eau n’a coulé depuis quinze jours »

Si les tours d’eau compliquent le quotidien des Mahorais, des quartiers entiers se retrouvent parfois sans aucune alimentation. C’est le cas d’une dizaine de familles résidant dans les hauteurs de Labattoir, rue Saindou Houmadi Ousseni, et qui, depuis quinze jours, n’ont pas vu une seule goutte d’eau sortir de leur robinet. Une situation qui préoccupe Fabien, père de famille, qui pense que le pire reste à venir.

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La rue Saindou Houmadi Ousseni n’est pas la seule zone touchée, d’autres endroits sur Petite-Terre subissent des coupures totales depuis quinze jours.

 « Entre juin et mi-août, on avait déjà des coupures aléatoires ; l’eau revenait vers 9h le matin mais était à nouveau coupée vers 13h et lorsqu’il y avait une forte sollicitation sur le réseau – au moment de l’appel à la prière par exemple – l’eau était totalement coupée. Donc dès le mois de juin, on n’avait que trois ou quatre heures d’eau par jour, grand maximum. Et la situation s’est aggravée mi-août à tel point qu’aucune goutte d’eau n’a coulé de nos robinets depuis quinze jours. C’est-à-dire qu’on n’a même pas de quoi remplir une chasse d’eau. (…)

Alors depuis deux semaines, on se rend tous les soirs avec nos bidons et nos bouteilles vides chez des amis ou de la famille habitant plus bas. On a acheté une grosse poubelle de 70 litres qu’on a mise dans le jardin et qu’on remplit comme on peut afin de prendre nos douches. Quant aux lessives, on dépend aussi de nos proches chez qui on va faire tourner des machines tous les 2-3 jours. Mais tout ceci est extrêmement anxiogène parce qu’on doit s’organiser et on ne se repose jamais vraiment. (…)

Pas de réponses, que des factures

La SMAE* (N.D.L.R. Société mahoraise des eaux) ne répond ni à nos appels, ni à nos mails… rien. En revanche, on a reçu plusieurs lettres pour deux factures impayées, d’une somme totale de plus de 2.200 euros. Ce qu’il s’est passé, c’est qu’une fuite sur le compteur a été signalée avant l’été mais la société a mis plusieurs semaines à venir faire les travaux nécessaires. Donc pendant ce temps-là, l’eau coulait. Ils ont reconnu leurs torts pour l’une des deux factures, mais il me reste encore 1.080 d’euros à rembourser, d’après eux.

J’ai une fille de trois ans qui a dû mal à supporter les douches froides et qui ne comprend pas vraiment la situation. Mes beaux-parents qui nous laissent remplir nos bidons chez eux vont partir en novembre. La réalité, c’est qu’on n’a pas d’autres choix non plus que de partir de Mayotte… ce n’est plus tenable ! »

*Comme pour Fabien, la Société mahoraise des eaux (SMAE) n’a pas répondu à nos questions

Des perturbations de distribution d’eau qui se cumulent

Depuis ce lundi 28 août, face à « un déséquilibre entre des consommations très élevées et la production d’eau », selon la Société mahoraise des eaux, des coupures d’eau sont appliquées en Grande-Terre, voire en Petite-Terre. Lundi, les habitants résidant de Passamainty à Longoni, ont pu constater une baisse de pression, mais aussi un manque d’eau, compte tenu des restrictions de prélèvement de ressources. Le lendemain, mardi, toujours dû à « un déséquilibre entre les consommations très élevées et la production », comme le stipule un nouveau communiqué, cette même zone a aussi été concernée. Ce mercredi, la société informait que « les niveaux d’eau des réservoirs de Maji-Haut, Convalescence, Pamandzi, La Vigie, Passamaïnty et Trévani-Kangani sont très bas », ne permettant pas la distribution normale jusqu’à 16h. Face à ce constat, les coupures d’eau ont été anticipées à 13h30, touchant tous les clients de la même zone, allant de Passamaïnty, jusqu’à Kangani, en ajoutant ceux de Petite-Terre.

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